Déclaration liminaire – CTMEN du 6 mai 2021
Madame la Présidente,
Monsieur le Directeur général des ressources humaines,
Pour l’UNSA Éducation, il est urgent que le ministère change ses modalités de gestion de la crise. Depuis plusieurs mois, nous dénonçons l’improvisation, le manque d’anticipation, l’absence de capacité à mettre en adéquation les besoins et les moyens, que ce soit à court, moyen ou long terme.
Tout récent exemple, celui de l’aménagement des examens. Alors que nous questionnons depuis des mois le sujet dans un souci d’anticipation et d’organisation pour les personnels et de réussite et de sérénité pour les élèves, c’est en l’espace de trois jours que la question semble avoir été traitée. Entre des annonces presse de ce dimanche et le plateau TV d’hier, nous avons découvert le cadre imprécis, incomplet, insatisfaisant et précipité de cet aménagement des examens. De quoi accentuer les difficultés d’organisation des équipes et accroitre la pression de tous.
Vacciner, recruter, équiper, voilà ce qui est nécessaire dès maintenant. Après plus d’un an de crise sanitaire, l’UNSA Éducation et les personnels souhaitent que les vacances d’été permettent de tourner la page du rythme infernal de l’École sous Covid. Nous espérons tous que la rentrée 2021 soit « la rentrée d’après ». L’UNSA Éducation demande que ce soit une rentrée préparée, anticipée, concertée.
Certes, la situation sanitaire restera probablement fluctuante. Cependant, dans un même contexte sanitaire difficile, tous les employeurs n’ont pas mis leurs personnels face à des consignes sans cesse changeantes, contradictoires, communiquées pendant le week-end via internet ou les médias pour une mise en œuvre le lundi.
Ces dysfonctionnements sont malheureusement quotidiens, qu’il s’agisse par exemple des changements de pied intempestifs sur les conditions de l’enseignement de l’EPS, des mesures concernant les élèves bénéficiant de temps d’inclusion, qui font fi des besoins essentiels des élèves. La dernière mise à jour publiée un 1er mai, jour de la fête du travail, en est le triste et scandaleux point d’orgue.
La première priorité actuelle est la vaccination de l’ensemble des personnels volontaires, quel que soit leur âge. Le gouvernement a amplement communiqué sur « l’exception française » d’avoir su maintenir les écoles et établissements ouverts. Cette exception française, ce sont tous les personnels qui rendent cela possible au quotidien. Ils méritent d’être protégés. C’est votre responsabilité, votre devoir d’y veiller. Pas dans un mois, pas fin juin, mais maintenant.
Par ailleurs, l’UNSA Éducation dénonce fermement les modalités de mise en œuvre de autotests. L’UNSA Éducation est favorable sur le principe à tout dispositif qui permet de mieux lutter contre la propagation de l’épidémie, en particulier en milieu scolaire. Pourtant, les personnels des établissements ne peuvent et ne doivent se retrouver dans les conditions que veut imposer le ministère. La confiance doit être faite aux familles pour que les autotests puissent être réalisés à domicile. D’une part, les déplacements d’élèves et de personnels au sein de l’établissement seraient limités et donc plus respectueux des consignes sanitaires. D’autre part, l’organisation des autotests s’en trouverait plus fluide pour être efficace. Ce n’est pas la mise à disposition des autotests que nous dénonçons, mais l’impossibilité actuelle de la mise en œuvre de leur organisation au sein des établissements. Faute de recrutements de personnels spécifiques pour assurer ces tests, l’UNSA Éducation donnera pour consigne aux personnels d’organiser les séances d’information pour les élèves au lycée afin qu’ils réalisent ensuite les autotests à domicile, conformément d’ailleurs aux préconisations du Conseil scientifique dans une note récente. En effet, alors que les raisons de désorganisation des établissements sont déjà nombreuses, que la mise en tension des personnels est forte, il est demandé en sus de l’ordinaire, des enseignements à organiser et à dispenser, de désorganiser l’ensemble du système éducatif, au détriment des apprentissages, tandis qu’une solution simple existe. Donc, pour l’UNSA Éducation c’est non.
Ces campagnes d’autotests, mises en œuvre tardivement par rapport à d’autres pays européens nécessitent anticipation et programmation dans la durée par notre ministère : fréquence des autotests, mode de restitution des résultats, gestion par les cellules assurant le contact tracing, etc. Pour être efficace, rappelons qu’il faut une forte adhésion des élèves et des personnels aux autotests et une poursuite des campagnes de tests antigéniques, puisque le public visé n’est pas le même : personnes symptomatiques versus asymptomatiques. Une fois de plus, on constate qu’il n’y a pas eu de concertation avec les organisations syndicales des personnels de santé de l’éducation nationale pour concevoir et mettre en œuvre ces deux types de campagnes et le contact tracing qui en découle, pour discuter des moyens humains et matériels à allouer. Sans une organisation rigoureuse et dans la durée de ces dépistages par autotests en milieu scolaire, il est à craindre que l’impact soit médiocre, au détriment de la sécurité des élèves et des personnels.
Enfin, l’école n’étant qu’un des espaces de vie de notre société, il parait aussi logique de promouvoir les dépistages par autotests auprès d’autres publics en contact régulier avec les élèves et les personnels (parents d’élèves par exemple).
Recruter pour remplacer, alléger et accompagner sont des orientations nécessaires pour que l’École retrouve son rythme, celui des apprentissages, celui qui permet de se projeter dans un exercice satisfaisant et serein de nos métiers, dans l’intérêt de nos élèves. Tout comme il est nécessaire de lancer concrètement les travaux nécessaires à l’amélioration du bâti dans les établissements scolaires, à commencer par les mesures liées à la qualité de l’air dans les locaux. Il faut que les décisions soient prises dès maintenant pour être effectives dans moins de quatre mois.
L’UNSA Éducation n’a de cesse de le répéter, tout comme le million de professionnels de l’Éducation : il faut anticiper et préparer : en l’espèce, c’est être en capacité de préparer, dès à présent, la rentrée 2021. Il est donc question des moyens pour la fin de l’année, le prolongement des contractuels Covid et des AED, le prolongement des contrats des services civiques jusqu’à la fin de l’année. Mais il est également nécessaire de prévoir d’abonder les moyens indispensables à l’accueil des élèves malmenés par la crise depuis maintenant deux ans. Dans le second degré, cela exige de revenir, dès à présent, sur les 1800 suppressions de postes.
Enfin, nous ne pouvons clore cette déclaration sans témoigner de notre soutien et de notre émotion à nos collègues de la CGT, indignement et scandaleusement violentés en marge de la manifestation du 1er mai à Paris
Je vous remercie de votre attention.
Intervention d’Élisabeth ALLAIN-MORENO pour l’UNSA Éducation