« Union des compétences » : une stratégie éducative européenne s’ébauche
Un article du Comité Syndical Européen de l’Education (à lire ici) revient sur le contenu de l’union des compétences présentée le 5 mars par Ursula Van der Leyen, présidente de la commission européenne. Le Comité Syndical Européen de l’éducation a rappelé que la nécessité d’investir dans la sécurité européenne ne devait pas se faire au détriment des investissements publics essentiels. Le prisme de l’économie ne peut pas être le seul axe d’une stratégie européenne de l’éducation, telle qu’elle est présentée, où il s’agit avant tout de former plus de travailleurs et travailleuses qualifiés pour l’économie européenne et d’améliorer la transparence et la portabilité des compétences. Le directeur du CSEE, Jelmer Evers, est revenu sur le rôle d’une éducation au service de la démocratie en citant John Dewey ‘La démocratie doit renaître à chaque génération, et l’éducation est sa sage-femme’. C’est pourquoi le CSEE a porté dans les discussions l’importance d’intégrer l’éducation à la citoyenneté active, la pensée critique, dans les priorités éducatives et a critiqué le recentrage des programmes sur des compétences « basiques » tel que le gouvernement français l’a fait avec le choc des savoirs, par exemple. Les systèmes éducatifs qui ont fait ce choix de recentrage ont subi une baisse des performances éducatives à l’échelle internationale, d’après Jelmer Evers.
La stratégie européenne de « l’union des compétences » intègre bien la reconnaissance de la pénurie d’enseignants, en particulier dans les sciences et les techniques (Par exemple le programme « 1 millions de filles pour les sciences et les techniques »), mais reste muette sur des questions primordiales pour l’attractivité des métiers de l’éducation : l’autonomie professionnelle, la précarité des contrats, la charge de travail trop forte, les faibles perspectives de carrière, un droit effectif à la formation, voilà des enjeux qui doivent être pris à bras-le-corps.
La stratégie européenne établit un calendrier pour chacune des prochaines années où ces éléments, Intelligence artificielle, portabilité des compétences, diplômes européens, accès à l’enseignement supérieur, programme de mentorat pour les nouveaux enseignants, programme de volontariat pour l’aide scolaire, alliances éducatives et universitaires européennes, reconnaissance automatique des qualifications, sont mis sur la table. Un objectif principal pour 2030 : moins de 15 % des élèves avec des sous-performances aux évaluations standardisées et plus de 15 % pour les surperformances. On voit là que c’est le maître étalon de la stratégie éducative européenne alors que ces tests standardisés peuvent avoir des effets pervers pour les systèmes éducatifs.
Pour le CSEE, les intérêts économiques ont penché trop fort dans la balance de la construction de cette stratégie qui fait appel aux financements privés pour l’éducation. Le CSEE revendique un dialogue social effectif à toutes les échelles. Le CSEE porte des propositions fortes pour faire évoluer cette stratégie et notamment un droit à la formation pour tout les personnels éducatifs avec un financement adéquat. Et des engagements forts pour construire une profession enseignante attractive en améliorant sécurité de l’emploi, salaires, conditions de travail, autonomie et développement professionnel.
