Une culture commune entre les acteurs pour réussir le Bac-3/Bac+3

Tel était l’intitulé du colloque de l’AEF, qui s’est tenu à la Villette le 9 janvier dernier à l’occasion du « Salon admission Post-Bac ».
Deux tables rondes, ont alterné échanges de bonnes pratiques et réflexions sur les difficultés rencontrées.

Une première table ronde s’est intéressée plus particulièrement aux bonnes pratiques facilitant le continuum bac-3/+3.

Première expérience : Accueil de lycéens par la Faculté de Droit (Académie de Créteil)

Didier Guevel, Doyen de la faculté de Droit, Université de Paris 13, insiste sur le fait que le but n’est pas d’attirer davantage d’élèves, mais de faire en sorte que les élèves qui arrivent soient conscient de ce qui les attend en évitant ceux qui seraient mal orientés, ou orientés pour de mauvaises raisons.
Il propose donc, chaque année,  une première rencontre à tous les enseignants de 8 lycées de l’académie investis dans ce dispositif et dont l’enseignement est en rapport avec le droit. Puis, aux lycéens eux-mêmes, en fonction de leur orientation (dans ce cas, classes littéraires avec option Droit) de venir passer une demi-journée avec leur professeur. Déjeuner au Crous, 1 H de cours (pas forcément de première année), un exercice spécifique dans la bibliothèque et visite du gymnase.
Marie-Laure Hillion, Professeur d’éco-gestion à Clichy-sous-Bois, insiste sur l’intérêt d’un tel partenariat : il s’agit de susciter l’envie, de donner le goût du droit, d’en montrer la rigueur. Elle commence donc à montrer à ses élèves le site de Paris 13 et le dispositif mis en place. Certains s’interrogent encore sur leur orientation en janvier. Elle souhaiterait que des élèves de fac viennent aussi au lycée présenter leur parcours.
Didier Guevel précise qu’il faut que ce soient les anciens élèves de chaque lycée qui reviennent faire part de leur expérience.

Deuxième axe de réflexion : Un programme de formation de professeurs de lycées sur les filières universitaires dans l’Académie de Dijon

Stéphanie Grayot-Dirx, Vice-présidente en charge de la réussite en licence, à l’université de Bourgogne, précise que la mise en place d’une formation pour les professeurs principaux est inscrite dans le Plan de formation des enseignants et que les corps d’inspection se sont aussi emparés de cet outil pour le continuum Bac-3/+3.
Publics cibles : PP de 1ère et Term.
Le but de ces journées est d’améliorer la culture de base généraliste sur le Supérieur (la plupart des enseignants connaissent soit la Fac soit les prépas mais pas les deux ; une deuxième journée est consacrée à STS, IUT, CPGE) et d’apprendre à lutter contre le phénomène d’auto-censure des élèves qui ne se projettent pas dans l’enseignement supérieur (parfois aussi parce que leur famille ne veut pas les voir s’éloigner) et qu’il y a donc tout un travail à faire sur l’orientation.

Troisième exemple : Échanges de services dans l’académie de Bordeaux

Christophe Barnet, chargé de mission Bac -3/+3 et inspecteur en mathématiques, propose d’aborder le Bac-3/+3, non pas en termes d’orientation, mais sous l’angle de l’évolution des voies de formation elles-mêmes et de l’évolution de ces voies afin qu’elles s’emboitent mieux. Pour ce faire, il est nécessaire de pouvoir compter sur une communauté d’enseignants du secondaire et du supérieur en harmonie.
Pour la deuxième année, un dispositif d’échanges de services a donc été mis en place du lycée vers l’université et inversement. Le but étant d’identifier les difficultés et de proposer des pistes concrètes de remédiation. Ce dispositif est encore jeune et doit maintenant trouver le moyen de diffuser les fruits de son expérimentation  au-delà des six lycées impliqués.
Frédéric Godde, enseignant-chercheur et acteur de ce dispositif, souligne la difficulté réelle de demander à un enseignant chercheur de faire cours en lycée, même si l’expérience est enrichissante en lui permettant de réviser sa vision des élèves (en particulier par rapport à sa propre expérience d’élève), de prendre conscience des évolutions et de concrétiser que les attentes des uns et des autres sont différentes en matière d’enseignement. En physique Chimie, par exemple, beaucoup d’exemples pratiques et peu de cours dans le secondaire, alors que c’est plutôt l’inverse à l’université.

Une deuxième table ronde s’est intéressée aux freins et aux outils pour réussir le continuum Bac-3/+3.

C’est d’abord le rôle des Espé qui a été abordé. Patrick Pelayo, directeur de l’Espé de l’académie de Lille, insiste sur la formation initiale mais aussi continue de tous les enseignants y compris des enseignants chercheurs. Il faut dit-il organiser des modules dans les formations autour des contextes d’exercice du métier de la maternelle à l’université.
Il pointe la difficulté d’arriver à faire correspondre chez l’élève les souhaits d’une orientation et la réalité car la plupart des élèves ne connaissent pas la réalité du contenu des formations. Il faut donc préparer l’enseignant, et le suivre en formation continue pour qu’il tienne compte des réalités qui changent.
Mettre à disposition de l’élève des cours en ligne pourrait lui permettre de faire un choix éclairé.

Hélène Vaissière, proviseure du lycée Saint-Just de Lyon, souligne que l’on part souvent d’initiatives locales mais qu’il faut partir d’une volonté forte de l’institution (penser au problème de la rémunération des enseignants, des déplacements…)

Pascal Olivard, président de l’Université Européenne de Bretagne, estime qu’il faudrait constituer une seule véritable continuité éducative et seulement un « Bac-3/+3 ». Il rappelle qu’il faudrait rappeler aux différents enseignants qu’ils sont « tous collègues au service de la réussite des élèves ».
Il rappelle également que le sens de la réussite c’est qu’un jeune s’épanouisse dans ses études et trouve du travail. Il estime qu’on met encore trop de vœux sélectifs en vœu 1 car on reste encore trop attachés aux « étoiles ».
Enfin, il remet en cause le Bac qui est « un obstacle dans la continuité pédagogique » mais aussi « un couperet et un leurre ». Il faut le réformer, sans forcément le supprimer.
Il souligne enfin un paradoxe : pourquoi un élève ne peut-il changer de filière entre la première et la Terminale alors qu’il peut s’inscrire dans n’importe quelle filière de l’enseignement supérieur ?

Jean-Michel Jolion, Conseiller en charge des formations du supérieur et de l’orientation de la ministre Najat Vallaud Belkacem, admet qu’en matière de Bac-3/+3 il n’y a pas de solution unique pour tous les jeunes et tous les territoires. Le rôle du ministère est un rôle de chef d’orchestre.
Il y a certes de belles initiatives au niveau local, mais attention à l’essoufflement car elles reposent sur des individus.
Un des éléments nouveaux est la mise en place des communautés d’Établissements qui doivent s’emparer du Bac-3/+3. Il prend l’exemple des étudiants de STAPS qui n’ont pas la moindre idée de ce type d’études, et ce, depuis 15 ans !
Il faut donc, non pas nécessairement plus d’infos, mais une info différente.
Les Espé doivent être un élément fondamental pour reconstituer des liens entre la communauté éducative. Les enseignants devraient avoir pour mission de se tenir au courant des changements de programmes (enseignants du Sup par rapport aux programmes du secondaire en particulier).
Il souligne aussi le rôle particulier des recteurs dans les commissions académiques de formations post-bac, qui ont été « redynamisées ».
Il ajoute que le « Bac -3/+3 » ne doit pas concerner que les derniers mois de terminale et les premiers de l’enseignement supérieur et il souhaite également que l’on prenne en compte le secteur privé du supérieur.

L’Unsa Education assistait pour la deuxième année consécutive à cette journée, inscrite au sein du salon APB, dont c’était cette année, la cinquième édition. Comme l’an dernier, des expériences et des débats intéressants et enrichissants.
Alors, quelles avancées concrètes en deux ans ? Les freins sont encore nombreux et l’expérimentation soumise au bon vouloir des acteurs, eux-mêmes dépendants d’un contexte économique, géographique, humain…Alors que l’on parle de Bac-3/+3, les expériences, pour la plupart, se font sur le « Bac-1/+1 »….ce qui n’est pas suffisant.
Certes, c’est en en parlant, en débattant autour de ces questions, en présentant ce qui se fait dans certains endroits, que la question murit dans les esprits et qu’une action plus globale et organisée verra le jour.
Ce n’est qu’avec un cadre institutionnel qui tiendra compte des inégalités de territoires, qui entendra que ce type de programme nécessite un engagement fort et chronophage qui ne saurait relever du seul bénévolat mais doit être pris en compte dans la formation et l’emploi du temps des acteurs que les choses évolueront.
L’UNSA Education, avec ses syndicats, continuera à analyser les différents aspects du parcours modulaire Bac -3/+3  pour faire avancer et aboutir la réflexion.

 

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Tel était l’intitulé du colloque de l’AEF, qui s’est tenu à la Villette le 9 janvier dernier à l’occasion du « Salon admission Post-Bac ».
Deux tables rondes, ont alterné échanges de bonnes pratiques et réflexions sur les difficultés rencontrées.

Une première table ronde s’est intéressée plus particulièrement aux bonnes pratiques facilitant le continuum bac-3/+3.

Première expérience : Accueil de lycéens par la Faculté de Droit (Académie de Créteil)

Didier Guevel, Doyen de la faculté de Droit, Université de Paris 13, insiste sur le fait que le but n’est pas d’attirer davantage d’élèves, mais de faire en sorte que les élèves qui arrivent soient conscient de ce qui les attend en évitant ceux qui seraient mal orientés, ou orientés pour de mauvaises raisons.
Il propose donc, chaque année,  une première rencontre à tous les enseignants de 8 lycées de l’académie investis dans ce dispositif et dont l’enseignement est en rapport avec le droit. Puis, aux lycéens eux-mêmes, en fonction de leur orientation (dans ce cas, classes littéraires avec option Droit) de venir passer une demi-journée avec leur professeur. Déjeuner au Crous, 1 H de cours (pas forcément de première année), un exercice spécifique dans la bibliothèque et visite du gymnase.
Marie-Laure Hillion, Professeur d’éco-gestion à Clichy-sous-Bois, insiste sur l’intérêt d’un tel partenariat : il s’agit de susciter l’envie, de donner le goût du droit, d’en montrer la rigueur. Elle commence donc à montrer à ses élèves le site de Paris 13 et le dispositif mis en place. Certains s’interrogent encore sur leur orientation en janvier. Elle souhaiterait que des élèves de fac viennent aussi au lycée présenter leur parcours.
Didier Guevel précise qu’il faut que ce soient les anciens élèves de chaque lycée qui reviennent faire part de leur expérience.

Deuxième axe de réflexion : Un programme de formation de professeurs de lycées sur les filières universitaires dans l’Académie de Dijon

Stéphanie Grayot-Dirx, Vice-présidente en charge de la réussite en licence, à l’université de Bourgogne, précise que la mise en place d’une formation pour les professeurs principaux est inscrite dans le Plan de formation des enseignants et que les corps d’inspection se sont aussi emparés de cet outil pour le continuum Bac-3/+3.
Publics cibles : PP de 1ère et Term.
Le but de ces journées est d’améliorer la culture de base généraliste sur le Supérieur (la plupart des enseignants connaissent soit la Fac soit les prépas mais pas les deux ; une deuxième journée est consacrée à STS, IUT, CPGE) et d’apprendre à lutter contre le phénomène d’auto-censure des élèves qui ne se projettent pas dans l’enseignement supérieur (parfois aussi parce que leur famille ne veut pas les voir s’éloigner) et qu’il y a donc tout un travail à faire sur l’orientation.

Troisième exemple : Échanges de services dans l’académie de Bordeaux

Christophe Barnet, chargé de mission Bac -3/+3 et inspecteur en mathématiques, propose d’aborder le Bac-3/+3, non pas en termes d’orientation, mais sous l’angle de l’évolution des voies de formation elles-mêmes et de l’évolution de ces voies afin qu’elles s’emboitent mieux. Pour ce faire, il est nécessaire de pouvoir compter sur une communauté d’enseignants du secondaire et du supérieur en harmonie.
Pour la deuxième année, un dispositif d’échanges de services a donc été mis en place du lycée vers l’université et inversement. Le but étant d’identifier les difficultés et de proposer des pistes concrètes de remédiation. Ce dispositif est encore jeune et doit maintenant trouver le moyen de diffuser les fruits de son expérimentation  au-delà des six lycées impliqués.
Frédéric Godde, enseignant-chercheur et acteur de ce dispositif, souligne la difficulté réelle de demander à un enseignant chercheur de faire cours en lycée, même si l’expérience est enrichissante en lui permettant de réviser sa vision des élèves (en particulier par rapport à sa propre expérience d’élève), de prendre conscience des évolutions et de concrétiser que les attentes des uns et des autres sont différentes en matière d’enseignement. En physique Chimie, par exemple, beaucoup d’exemples pratiques et peu de cours dans le secondaire, alors que c’est plutôt l’inverse à l’université.

Une deuxième table ronde s’est intéressée aux freins et aux outils pour réussir le continuum Bac-3/+3.

C’est d’abord le rôle des Espé qui a été abordé. Patrick Pelayo, directeur de l’Espé de l’académie de Lille, insiste sur la formation initiale mais aussi continue de tous les enseignants y compris des enseignants chercheurs. Il faut dit-il organiser des modules dans les formations autour des contextes d’exercice du métier de la maternelle à l’université.
Il pointe la difficulté d’arriver à faire correspondre chez l’élève les souhaits d’une orientation et la réalité car la plupart des élèves ne connaissent pas la réalité du contenu des formations. Il faut donc préparer l’enseignant, et le suivre en formation continue pour qu’il tienne compte des réalités qui changent.
Mettre à disposition de l’élève des cours en ligne pourrait lui permettre de faire un choix éclairé.

Hélène Vaissière, proviseure du lycée Saint-Just de Lyon, souligne que l’on part souvent d’initiatives locales mais qu’il faut partir d’une volonté forte de l’institution (penser au problème de la rémunération des enseignants, des déplacements…)

Pascal Olivard, président de l’Université Européenne de Bretagne, estime qu’il faudrait constituer une seule véritable continuité éducative et seulement un « Bac-3/+3 ». Il rappelle qu’il faudrait rappeler aux différents enseignants qu’ils sont « tous collègues au service de la réussite des élèves ».
Il rappelle également que le sens de la réussite c’est qu’un jeune s’épanouisse dans ses études et trouve du travail. Il estime qu’on met encore trop de vœux sélectifs en vœu 1 car on reste encore trop attachés aux « étoiles ».
Enfin, il remet en cause le Bac qui est « un obstacle dans la continuité pédagogique » mais aussi « un couperet et un leurre ». Il faut le réformer, sans forcément le supprimer.
Il souligne enfin un paradoxe : pourquoi un élève ne peut-il changer de filière entre la première et la Terminale alors qu’il peut s’inscrire dans n’importe quelle filière de l’enseignement supérieur ?

Jean-Michel Jolion, Conseiller en charge des formations du supérieur et de l’orientation de la ministre Najat Vallaud Belkacem, admet qu’en matière de Bac-3/+3 il n’y a pas de solution unique pour tous les jeunes et tous les territoires. Le rôle du ministère est un rôle de chef d’orchestre.
Il y a certes de belles initiatives au niveau local, mais attention à l’essoufflement car elles reposent sur des individus.
Un des éléments nouveaux est la mise en place des communautés d’Établissements qui doivent s’emparer du Bac-3/+3. Il prend l’exemple des étudiants de STAPS qui n’ont pas la moindre idée de ce type d’études, et ce, depuis 15 ans !
Il faut donc, non pas nécessairement plus d’infos, mais une info différente.
Les Espé doivent être un élément fondamental pour reconstituer des liens entre la communauté éducative. Les enseignants devraient avoir pour mission de se tenir au courant des changements de programmes (enseignants du Sup par rapport aux programmes du secondaire en particulier).
Il souligne aussi le rôle particulier des recteurs dans les commissions académiques de formations post-bac, qui ont été « redynamisées ».
Il ajoute que le « Bac -3/+3 » ne doit pas concerner que les derniers mois de terminale et les premiers de l’enseignement supérieur et il souhaite également que l’on prenne en compte le secteur privé du supérieur.

L’Unsa Education assistait pour la deuxième année consécutive à cette journée, inscrite au sein du salon APB, dont c’était cette année, la cinquième édition. Comme l’an dernier, des expériences et des débats intéressants et enrichissants.
Alors, quelles avancées concrètes en deux ans ? Les freins sont encore nombreux et l’expérimentation soumise au bon vouloir des acteurs, eux-mêmes dépendants d’un contexte économique, géographique, humain…Alors que l’on parle de Bac-3/+3, les expériences, pour la plupart, se font sur le « Bac-1/+1 »….ce qui n’est pas suffisant.
Certes, c’est en en parlant, en débattant autour de ces questions, en présentant ce qui se fait dans certains endroits, que la question murit dans les esprits et qu’une action plus globale et organisée verra le jour.
Ce n’est qu’avec un cadre institutionnel qui tiendra compte des inégalités de territoires, qui entendra que ce type de programme nécessite un engagement fort et chronophage qui ne saurait relever du seul bénévolat mais doit être pris en compte dans la formation et l’emploi du temps des acteurs que les choses évolueront.
L’UNSA Education, avec ses syndicats, continuera à analyser les différents aspects du parcours modulaire Bac -3/+3  pour faire avancer et aboutir la réflexion.