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Territoires ultramarins : Des inégalités récurrentes et inacceptables

Les territoires ultra-marins vivent en matière d’éducation des difficultés récurrentes, installées. L’éloignement du centre de décision politique parisien et les changements de gouvernement concourent à différer les mesures d’amélioration. L’UNSA Éducation, à l’occasion de la réunion de son conseil national, fait entendre les voix des professionnel.les ultra-marins en obtenant chaque année un rendez-vous spécifique au ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Voici les principaux points discutés lors de notre rencontre dédiée avec le nouveau cabinet du ministre G. Attal.

Attractivité et pénurie de personnels

  • Les problèmes d’attractivité dénoncés dans l’hexagone sont exacerbés dans la plupart des territoires ultra-marins, où la vie chère est une réalité de toujours. Ainsi la Guyane a le triste record du nombre de postes vacants (70% de postes ouverts non pourvus).
  • Devoir quitter son lieu de résidence en s’éloignant de milliers de kilomètres des siens pour plus d’une année, lorsqu’on est lauréat de concours est une réalité que les jeunes ultra-marins refusent de plus en plus. Il en est de même pour les corps de débouchés. Passer un concours pour devenir, inspectrice, inspecteur, ou personnel de direction, c’est prendre le risque de quitter sa famille deux à trois ans pour l’hexagone. Et ne pas être assuré de revenir dans les années suivantes. Ainsi, l’UNSA Éducation de Polynésie française défend une politique d’océanisation des cadres en revendiquant une procédure claire de retour des originaires après l’année de stage. A noter que le CIMM indispensable à obtenir pour revenir en territoire ultra-marin a fait l’objet d’un travail interministériel, ses critères sont clarifiés, et catégorisés. C’était une demande récurrente de l’UNSA Éducation, nous saluons cette nouvelle circulaire du 2 août 2023.
  • De plus, le service public d’éducation est trop souvent le seul à perdurer dans ces territoires. Aussi face aux déserts médicaux et sociaux, les familles demandent plus aux services de santé scolaire et d’aide sociale. L’UNSA Éducation alerte le ministère afin que des postes soient créés dans les métiers indispensables au bien-être des enfants et des jeunes (sans bien-être, pas d’apprentissage réussi) : infirmiers et infirmières scolaires, assistant.es de services sociaux, médecins scolaires, psy-EN, ….. Enfin, pour fonctionner au mieux, l’école ne doit pas être sous-administrée, et là aussi, la pénurie de personnels existe.

 

Calendrier scolaire, urgence climatique et bâti scolaire

  • Une réflexion doit être portée sur l’adaptation du calendrier scolaire dans les académies d’Outre-Mer. Ainsi, pour exemple, en Guyane, la rentrée coïncide avec le début de la saison sèche et de la période des fortes chaleurs, jusqu’à la fin octobre environ. Dans l’hexagone, avec des températures similaires voire en-deçà, un « plan canicule » est déployé.Qu’est-il prévu pour l’académie de Guyane ? Rien jusqu’à présent.
  • Beaucoup d’anciens établissements sont à désamianter en Polynésie française. Le temps, la corrosion due à l’air marin ou à la proximité de la mer sont des facteurs qui accélèrent le phénomène de dégradation. Il est urgent de mettre en place un planning de rénovation ou de maintenance des établissements. Au préalable, il faudrait établir un constat et un diagnostic de la situation. A La Réunion, le plan « vert » est l’opportunité de poursuivre les efforts incontestables engagés, en matière de construction et rénovation du bâti scolaire. Ces travaux contribueront indéniablement à l’amélioration des conditions de travail et le développement d’un climat scolaire propice aux apprentissages. L’urgence de la situation ne doit pas occulter le temps de concertation et de consultation de la communauté éducative. Quand un PSA académique accorde une importance à la qualité de vie au travail, cela ne pourra se faire, se vivre qu’au travers de locaux modernes.

 

Ecole inclusive

 Comme dans tous les territoires, les ultra-marins constatent des difficultés grandissantes pour réussir l’école inclusive. L’UNSA Éducation demande des moyens humains avec des personnels spécialisés dans la prise en charge des besoins éducatifs particuliers, mais aussi des moyens matériels pour faciliter l’accès aux établissements par des élèves porteurs de handicap. En outre, elle constate que les emplois d’AESH ne pourront pas à eux seuls répondre favorablement à l’inclusion de l’ensemble de nos élèves. Nous avons besoin d’un partenariat avec le ministère de la Santé.

Si chaque territoire d’Outre-mer possède ses spécificités, tous partagent des attentes fortes en matière de développement et de réussite éducative. L’UNSA Éducation revendique des moyens spécifiques pour répondre aux défis structurels (locaux insalubres, inadaptés ; structures éducatives isolées), et faire face aux contraintes climatiques exacerbées. A chaque changement de ministre et tout au long des mandats politiques, nous continuerons à dénoncer les inégalités territoriales, particulièrement vives dans les territoires ultra-marins.

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