Si nous avions écouté Condorcet !

Le marquis nous l’avait pourtant bien dit. Dans un monde en pleine évolution, l’instruction dans le premier temps de la vie est indispensable, mais ne peut suffire. Il faut apprendre à apprendre. Apprendre à s’auto-instruire. Afin de pouvoir le faire à chaque étape de sa vie. Condorcet ne disait pas Live Long Learning (lui attribuer l’éducation et la formation tout au long de la vie serait anachronique, of course !), mais c’est tout comme… Car tout cela se passait en 1792 et les révolutionnaires de l’époque ne l’avaient pas écouté.

Plus de 220 ans plus tard, les choses ne se sont pas vraiment arrangées. Si l’on en croit le dernier travail de l’OCDE sur les compétences des adultes (l’enquête PIAAC), les résultats pour la France ne sont pas terribles. Non seulement une majorité d’entre nous est en difficulté pour comprendre et utiliser des données écrites ou chiffrées, mais surtout et plus qu’ailleurs (certes pas partout ailleurs, d’autres ont de moins bons résultats encore mais la France se situe en-dessous de la moyenne et affiche peu de bons résultats), les écarts sont marquants. Et les indicateurs sont sociaux et culturels. On réussit mieux si l’on est d’un milieu social élevé et de langue maternelle française que si l’on appartient à une faible catégorie socio-professionnelle et « de langue d’origine étrangère ».

Échec de l’intégration par notre système scolaire ?
Pas uniquement, semble-t-il. Car le seul point encourageant de cette enquête réside dans le fait que les jeunes générations sont moins concernées que les anciennes. De deux choses l’une. Soit on apprenait moins bien avant, soit nos ainés ont beaucoup oublié… Le travail de l’OCDE ne peut trancher. Mais il y a fort à parier que c’est un peu des deux !

La massification scolaire ne s’est pas accompagnée des réformes (de structures, de pédagogie, de formation des personnels, de mise en œuvre de la coéducation…) pour permettre la démocratisation des savoirs et la réussite de tous (Tous les travaux, et particulièrement ceux de PISA, ne cessent de nous le rappeler). Mais une fois la sortie de l’École, c’est pire. La formation des adultes est limitée. Une formation professionnelle trop axée sur l’adaptation immédiate à l’emploi. Une formation continue trop peu accessible. Une méconnaissance des méthodes d’autoformation.
On pourra certes accuser les tests -uniquement passés sur écran- de solliciter d’autres types d’aptitudes et donc de modifier les comportements et les réponses des participants à l’enquête. Cela ne change guère le problème.
Car si notre système éducatif est interrogé, si la formation professionnelle est montrée du doigt, ces résultats révèlent avant tout que le monde du travail en France ne « suscite pas l’intelligence » pour reprendre les mots de la sociologue Marie Duru-Bellat.

Nous voici encore loin de la société éducative.

Ah, si nous écoutions Condorcet !

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Le marquis nous l’avait pourtant bien dit. Dans un monde en pleine évolution, l’instruction dans le premier temps de la vie est indispensable, mais ne peut suffire. Il faut apprendre à apprendre. Apprendre à s’auto-instruire. Afin de pouvoir le faire à chaque étape de sa vie. Condorcet ne disait pas Live Long Learning (lui attribuer l’éducation et la formation tout au long de la vie serait anachronique, of course !), mais c’est tout comme… Car tout cela se passait en 1792 et les révolutionnaires de l’époque ne l’avaient pas écouté.

Plus de 220 ans plus tard, les choses ne se sont pas vraiment arrangées. Si l’on en croit le dernier travail de l’OCDE sur les compétences des adultes (l’enquête PIAAC), les résultats pour la France ne sont pas terribles. Non seulement une majorité d’entre nous est en difficulté pour comprendre et utiliser des données écrites ou chiffrées, mais surtout et plus qu’ailleurs (certes pas partout ailleurs, d’autres ont de moins bons résultats encore mais la France se situe en-dessous de la moyenne et affiche peu de bons résultats), les écarts sont marquants. Et les indicateurs sont sociaux et culturels. On réussit mieux si l’on est d’un milieu social élevé et de langue maternelle française que si l’on appartient à une faible catégorie socio-professionnelle et « de langue d’origine étrangère ».

Échec de l’intégration par notre système scolaire ?
Pas uniquement, semble-t-il. Car le seul point encourageant de cette enquête réside dans le fait que les jeunes générations sont moins concernées que les anciennes. De deux choses l’une. Soit on apprenait moins bien avant, soit nos ainés ont beaucoup oublié… Le travail de l’OCDE ne peut trancher. Mais il y a fort à parier que c’est un peu des deux !

La massification scolaire ne s’est pas accompagnée des réformes (de structures, de pédagogie, de formation des personnels, de mise en œuvre de la coéducation…) pour permettre la démocratisation des savoirs et la réussite de tous (Tous les travaux, et particulièrement ceux de PISA, ne cessent de nous le rappeler). Mais une fois la sortie de l’École, c’est pire. La formation des adultes est limitée. Une formation professionnelle trop axée sur l’adaptation immédiate à l’emploi. Une formation continue trop peu accessible. Une méconnaissance des méthodes d’autoformation.
On pourra certes accuser les tests -uniquement passés sur écran- de solliciter d’autres types d’aptitudes et donc de modifier les comportements et les réponses des participants à l’enquête. Cela ne change guère le problème.
Car si notre système éducatif est interrogé, si la formation professionnelle est montrée du doigt, ces résultats révèlent avant tout que le monde du travail en France ne « suscite pas l’intelligence » pour reprendre les mots de la sociologue Marie Duru-Bellat.

Nous voici encore loin de la société éducative.

Ah, si nous écoutions Condorcet !