(Se) construire (dans) la confiance
On ne le dira certainement jamais assez –et en tout cas jamais trop- la confiance nous est indispensable pour nous construire : celle que nous avons dans les autres, dans les institutions et, bien évidemment, en nous-même.
Si un excès de confiance peut jouer des tours, un manque de confiance est, lui, toujours nuisible.
L’Éducation étant par nature une démarche de construction, de l’individu comme de l’être social, il est essentiel qu’elle fasse de la confiance un élément central de sa démarche.
Or – quelles que soient les approches scientifiques, tous les chercheurs s’accordent sur ce point- la confiance ne se décrète pas, elle, aussi, se construit.
Confier un enfant, un jeune à une structure éducative ne va pas forcément de soi. Aussi cela n’a de cohérence et d’efficacité que si la société dans son ensemble et les familles, plus directement, ont confiance dans l’école, le centre de loisir, le foyer socioculturel, l’atelier artistique, le club sportif… Cela nécessite d’avoir des assurances quant à la mission, au fonctionnement, à la sécurité de la structure ainsi qu’à la formation, les compétences, les démarches des professionnels en charge des enfants et des jeunes. Mais cela implique surtout une relation équilibrée permettant une information claire et réciproque, de l’échange, du dialogue, du respect mutuel. Trop souvent encore, la grille qui clos les lieux éducatifs – alors qu’elle se veut une protection- forme une barrière qui distingue, sépare et met à distance les différents éducateurs, morcelant l’action éducative en autant de « tranches » isolées, sans lien ni articulation.
L’incapacité (ou la non volonté) des institutions éducatives à rendre lisibles leurs actions, leurs approches, leurs attentes, tend à entretenir du trouble, des doutes, voire de la méfiance.
Certes, la structure parfaite et le risque de zéro dérapage n’existent pas. Mais au-delà des évènements négatifs –et parfois tragiques- qui peuvent subvenir et contre lesquels prévention et action sont indispensables, les dénigrements, le manque d’évolution, les oppositions à toute réforme ne favorisent en rien l’instauration, le maintien et le développement de la confiance.
Or, avant même qu’il ne débute sa journée scolaire ou de loisirs éducatifs, l’enfant, le jeune, en a une perception sur laquelle pèse le ressenti familial par rapport à la structure. Ce « pré-jugé » influencera positivement ou négativement son adhésion (ou pas) aux activités proposées, aux démarches mises en œuvres et donc aux apprentissages.
Car là aussi (comme le montre le dossier consacré à la confiance dans le numéro 271 de juin 2015 de la revue Sciences Humaines) « les études convergent pour montrer que les conditions favorables à l’apprentissage sont non seulement cognitives, mais également relationnelles et émotionnelles ». Ces dimensions doivent donc également être travaillées dans toute action éducative.
Elles reposent sur –au moins- trois éléments. La relation construite entre l’éducateur et l’enfant (ou le jeune), celle instaurée au sein du groupe (classe, équipe, …) et la confiance en soi développée par chacun.
Toute démarche qui tend à s’appuyer sur du travail collectif, partagé, coopératif, qui valorise les interactions, les complémentarités, l’implication de tous, le tutorat, qui met en évidence les progrès, les évolutions, les réussites nourrit cette triple dimension de la confiance.
A l’inverse, la mise en avant des oppositions, de la compétition, des échecs, des menaces et des sanctions développe le sentiment d’incompétence et conduit à « la méfiance, la soumission, la fuite ou la rébellion ».
Une Éducation à la confiance et dans la confiance repose donc sur une Education bienveillante, positive, coopérative…
Nous ne cessons de le redire (certainement jamais assez –et en tout cas jamais trop). Beaucoup d’autres le disent également.
Les choses avancent, les mentalités changent, les bonnes volontés progressent.
Confiance ! Nous allons y arriver.
Denis ADAM, le 03 juin 2015