Sans « n »

Les vacances sont un moment privilégié pour pratiquer les jeux de lettres, de mots et autres réflexions lexicales. L’un d’entre eux m’a été inspiré par une réflexion sur les indispensables évolutions des approches éducatives, en me demandant comment passer du réflexe « con » aux démarches « co ». La réponse va de soi, il suffit de supprimer « n ». Est-ce à dire qu’un monde sans haine verrait remplacer la confrontation et la concurrence par la coopération et la collaboration ? Ou inversement que cette substitution ferait disparaître la haine ?

Les vacances sont un moment privilégié pour pratiquer les jeux de lettres, de mots et autres réflexions lexicales. L’un d’entre eux m’a été inspiré par une réflexion sur les indispensables évolutions des approches éducatives, en me demandant comment passer du réflexe « con » aux démarches « co ». La réponse va de soi, il suffit de supprimer « n ». Est-ce à dire qu’un monde sans haine verrait remplacer la confrontation et la concurrence par la coopération et la collaboration ? Ou inversement que cette substitution ferait disparaître la haine ?

C’est ce choix qui a présidé, il y a soixante-cinq ans à la création de l’Europe. Remplacer l’opposition par l’union, la concurrence par la co-production et pas seulement dans les idées, mais dans le concret des échanges économiques, selon un double principe : celui qu’ensemble on est plus forts et que c’est en construisant ensemble qu’on apprend à se connaître, à s’apprécier et donc à fraterniser : la coopération contre la confrontation et la haine.

Cette belle idée, mériterait certainement d’être méditée régulièrement par les responsables politiques car elle est certainement la clé en Europe comme ailleurs dans le monde de la construction d’une société plus juste, plus solidaire, plus humaniste… Une manière d’abandonner le réflexe « con » avec son lot de confrontation, de concurrence, de condescendance, de condamnation, de conformisme et –obligation orthographique- de comparaison et de compétition, pour passer aux démarches « co » comme coéducation, co-construction, coresponsabilité, coopération, collaboration, co-invention… Remplacer le « contre » par le « avec ».

Ne nous y trompons pas, tous les mots débutant par la syllabe « con » ne sont à condamner. On revendique de pouvoir continuer à construire de concert, consolider sa connaissance en se concertant, ou encore converser et se consulter pour –après conseil- conclure à contre-courant… Par contre il nous faut convenir qu’un excès de concentration de capitaux et de contrôle convergeant dans les mêmes mains conduit à concocter une société confuse et entretient la convoitise et le sentiment de conspiration.

De même tous les mots débutant par « co » ne sont pas aussi corrects et cotés. Ainsi si l’on aime le copain, ce camarade avec lequel on partage tout –y compris le pain-, on n’apprécie moins le coquin, surtout lorsqu’il s’agit d’un scélérat sans honneur ni probité…

Tout ne dépend pas du préfixe, d’autant qu’en la matière « co », « con », « com » ne sont que des variantes du préfixe latin « cum » qui signifie « avec » et exprime, selon le dictionnaire, le concours, l’union –justement ce qui était contenu dans la « communauté européenne » devenue « union ».

Reste que sans « n » notre monde serait un mode et, sans haine, ce mode de vie correspondrait à notre vision de l’humaniste et serait enfin compatible avec le bonheur de tous.

 

Denis ADAM, le 29 juillet 2015

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Les vacances sont un moment privilégié pour pratiquer les jeux de lettres, de mots et autres réflexions lexicales. L’un d’entre eux m’a été inspiré par une réflexion sur les indispensables évolutions des approches éducatives, en me demandant comment passer du réflexe « con » aux démarches « co ». La réponse va de soi, il suffit de supprimer « n ». Est-ce à dire qu’un monde sans haine verrait remplacer la confrontation et la concurrence par la coopération et la collaboration ? Ou inversement que cette substitution ferait disparaître la haine ?

C’est ce choix qui a présidé, il y a soixante-cinq ans à la création de l’Europe. Remplacer l’opposition par l’union, la concurrence par la co-production et pas seulement dans les idées, mais dans le concret des échanges économiques, selon un double principe : celui qu’ensemble on est plus forts et que c’est en construisant ensemble qu’on apprend à se connaître, à s’apprécier et donc à fraterniser : la coopération contre la confrontation et la haine.

Cette belle idée, mériterait certainement d’être méditée régulièrement par les responsables politiques car elle est certainement la clé en Europe comme ailleurs dans le monde de la construction d’une société plus juste, plus solidaire, plus humaniste… Une manière d’abandonner le réflexe « con » avec son lot de confrontation, de concurrence, de condescendance, de condamnation, de conformisme et –obligation orthographique- de comparaison et de compétition, pour passer aux démarches « co » comme coéducation, co-construction, coresponsabilité, coopération, collaboration, co-invention… Remplacer le « contre » par le « avec ».

Ne nous y trompons pas, tous les mots débutant par la syllabe « con » ne sont à condamner. On revendique de pouvoir continuer à construire de concert, consolider sa connaissance en se concertant, ou encore converser et se consulter pour –après conseil- conclure à contre-courant… Par contre il nous faut convenir qu’un excès de concentration de capitaux et de contrôle convergeant dans les mêmes mains conduit à concocter une société confuse et entretient la convoitise et le sentiment de conspiration.

De même tous les mots débutant par « co » ne sont pas aussi corrects et cotés. Ainsi si l’on aime le copain, ce camarade avec lequel on partage tout –y compris le pain-, on n’apprécie moins le coquin, surtout lorsqu’il s’agit d’un scélérat sans honneur ni probité…

Tout ne dépend pas du préfixe, d’autant qu’en la matière « co », « con », « com » ne sont que des variantes du préfixe latin « cum » qui signifie « avec » et exprime, selon le dictionnaire, le concours, l’union –justement ce qui était contenu dans la « communauté européenne » devenue « union ».

Reste que sans « n » notre monde serait un mode et, sans haine, ce mode de vie correspondrait à notre vision de l’humaniste et serait enfin compatible avec le bonheur de tous.

 

Denis ADAM, le 29 juillet 2015