Réussite éducative : un investissement rentable

« Les gains sociaux et économiques de la lutte contre les mauvais résultats scolaires sont de loin supérieurs aux coûts de l’amélioration », indique Andreas Schleicher, Directeur de l’éducation et des compétences à l’OCDE à l’occasion de la sortie, ce 20 février du rapport intitulé « Low Performing Students: Why they fall behind and how to help them succeed » (« Les élèves en difficulté : Pourquoi décrochent-ils et comment les aider à réussir ? »). Il ajoute : « Les politiques et les pratiques éducatives peuvent contribuer à relever ce défi. La lutte contre la faible performance doit devenir une priorité et obtenir les ressources nécessaires pour faire en sorte que chaque enfant puisse réussir sa scolarité »

Une fois de plus, en s’appuyant sur les résultats des évaluations PISA, l’OCDE pose le constat alarmant et lucide qu’ « environ 4.5 millions de jeunes âgés de 15 ans des pays de l’OCDE, soit plus d’un quart d’entre eux, n’atteignent pas le niveau le plus élémentaire de compétences en compréhension de l’écrit, en mathématiques et/ou en sciences. Dans d’autres pays, cette part est souvent beaucoup plus importante. »

Cette réalité questionne d’autant plus qu’elle n’est pas nouvelle et est maintenant largement connue et diffusée. Pour autant, « l’analyse des résultats de l’enquête PISA de l’OCDE entre 2003 et 2012 révèle que peu de pays ont enregistré des progrès chez les élèves peu performants, et qu’ils sont également peu nombreux à avoir vu augmenter leur part d’élèves en difficulté. »

Si, « des pays aussi divers sur les plans économique et culturel que l’Allemagne, le Brésil, la Fédération de Russie, l’Italie, le Mexique, la Pologne, le Portugal, la Tunisie et la Turquie ont toutefois réduit leur part d’élèves peu performants en mathématiques entre 2003 et 2012 » -ce qui tendrait à montrer qu’il est partout possible de réduire la part d’élèves en difficulté à condition de disposer « de stratégies appropriées et de la volonté nécessaire pour les mettre en œuvre »-, c’est à une sorte de stagnation que nous assistons globalement.

Or les enseignements de ces évaluations nous renseignent sur les effets du cercle vicieux de l’échec. Un élève « peu performant » a également tendance à être moins persévérant, moins motivé et plus souvent absent. Du coup, il aggrave sa situation d’élève en échec. Encore plus si les enseignants baissent, par rapport à lui, leur niveau d’attente et donc l’enferment encore davantage dans sa posture de « mauvais élèves ». A l’inverse, un élèves plus encouragé par ses enseignants fera preuve d’un état d’esprit plus positif et aura moins de résultats médiocres.

De même la mixité scolaire, lorsqu’elle existe et mélange élèves favorisés et défavorisés dans les mêmes établissements, le nombre d’élèves en difficultés diminue sans influer sur le niveau des « meilleurs »

Enfin, constate le rapport de l’OCDE, « dans les pays où les ressources éducatives sont réparties plus équitablement entre les établissements, on observe une moindre part de mauvais élèves en mathématiques, et une part accrue de très bons élèves, même si l’on compare des systèmes scolaires ayant des ressources éducatives de qualité similaire ».

Ces résultats apportent deux éclairages essentiels.

D’abord, ils permettent de concevoir des pistes de remédiation. Le rapport en propose quelques-unes :

Identifier les élèves peu performants et concevoir une stratégie d’intervention adaptée à leurs besoins ;
•Réduire les inégalités d’accès à l’éducation de la petite enfance ;
•Proposer un soutien scolaire le plus tôt possible ;
•Encourager la participation des parents et des collectivités locales ;
•Fournir une aide ciblée aux établissements ou aux familles défavorisé(e)s ; et
•Proposer des programmes spécialisés aux élèves issus de l’immigration, parlant une langue minoritaire ou scolarisés en zone rurale.

Chaque système scolaire étant différent, il convient certainement de les adapter. Mais l’on voit qu’en France, ils se retrouvent, pour partie, dans les ambitions et parfois dans les mesures prises dans le cadre de la Refondation et dont il conviendra de mesurer les résultats, même si ceux-ci ne pourront réellement commencer à avoir des effets massifs que dans une dizaine d’année.

Ensuite, cette analyse met en évidence le coût de l’échec scolaire. Coût social certes, puisque « trop de jeunes continuent de quitter l’école sans avoir acquis les compétences de base qui sont aujourd’hui nécessaires pour évoluer dans la société et sur le marché du travail, assombrissant ainsi leurs perspectives d’avenir ». Mais coût économique également, pour les pays qui entretiennent ce grand nombre de jeune en échec, puisque leur faible niveau de qualification et d’insertion compromettent « la croissance économique à long terme ».

Ainsi donc, investir dans l’Education est une nécessité pour l’avenir d’une jeunesse et la possibilité de construire du vivre ensemble sans fabriquer une société à deux vitesses.
Mais c’est également un choix économique indispensable pour bénéficier d’une population qualifiée, dynamique, capable de produire, d’innover et donc de tirer le développement des pays vers le haut.
On aura souvent dit cela, internationalement, pour les pays en voie de développement.
Il est plus que temps de s’en convaincre également pour les pays dits développés et tout particulièrement pour le nôtre.


 

Denis ADAM, le 10 février 2016
 

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« Les gains sociaux et économiques de la lutte contre les mauvais résultats scolaires sont de loin supérieurs aux coûts de l’amélioration », indique Andreas Schleicher, Directeur de l’éducation et des compétences à l’OCDE à l’occasion de la sortie, ce 20 février du rapport intitulé « Low Performing Students: Why they fall behind and how to help them succeed » (« Les élèves en difficulté : Pourquoi décrochent-ils et comment les aider à réussir ? »). Il ajoute : « Les politiques et les pratiques éducatives peuvent contribuer à relever ce défi. La lutte contre la faible performance doit devenir une priorité et obtenir les ressources nécessaires pour faire en sorte que chaque enfant puisse réussir sa scolarité »

Une fois de plus, en s’appuyant sur les résultats des évaluations PISA, l’OCDE pose le constat alarmant et lucide qu’ « environ 4.5 millions de jeunes âgés de 15 ans des pays de l’OCDE, soit plus d’un quart d’entre eux, n’atteignent pas le niveau le plus élémentaire de compétences en compréhension de l’écrit, en mathématiques et/ou en sciences. Dans d’autres pays, cette part est souvent beaucoup plus importante. »

Cette réalité questionne d’autant plus qu’elle n’est pas nouvelle et est maintenant largement connue et diffusée. Pour autant, « l’analyse des résultats de l’enquête PISA de l’OCDE entre 2003 et 2012 révèle que peu de pays ont enregistré des progrès chez les élèves peu performants, et qu’ils sont également peu nombreux à avoir vu augmenter leur part d’élèves en difficulté. »

Si, « des pays aussi divers sur les plans économique et culturel que l’Allemagne, le Brésil, la Fédération de Russie, l’Italie, le Mexique, la Pologne, le Portugal, la Tunisie et la Turquie ont toutefois réduit leur part d’élèves peu performants en mathématiques entre 2003 et 2012 » -ce qui tendrait à montrer qu’il est partout possible de réduire la part d’élèves en difficulté à condition de disposer « de stratégies appropriées et de la volonté nécessaire pour les mettre en œuvre »-, c’est à une sorte de stagnation que nous assistons globalement.

Or les enseignements de ces évaluations nous renseignent sur les effets du cercle vicieux de l’échec. Un élève « peu performant » a également tendance à être moins persévérant, moins motivé et plus souvent absent. Du coup, il aggrave sa situation d’élève en échec. Encore plus si les enseignants baissent, par rapport à lui, leur niveau d’attente et donc l’enferment encore davantage dans sa posture de « mauvais élèves ». A l’inverse, un élèves plus encouragé par ses enseignants fera preuve d’un état d’esprit plus positif et aura moins de résultats médiocres.

De même la mixité scolaire, lorsqu’elle existe et mélange élèves favorisés et défavorisés dans les mêmes établissements, le nombre d’élèves en difficultés diminue sans influer sur le niveau des « meilleurs »

Enfin, constate le rapport de l’OCDE, « dans les pays où les ressources éducatives sont réparties plus équitablement entre les établissements, on observe une moindre part de mauvais élèves en mathématiques, et une part accrue de très bons élèves, même si l’on compare des systèmes scolaires ayant des ressources éducatives de qualité similaire ».

Ces résultats apportent deux éclairages essentiels.

D’abord, ils permettent de concevoir des pistes de remédiation. Le rapport en propose quelques-unes :

Identifier les élèves peu performants et concevoir une stratégie d’intervention adaptée à leurs besoins ;
•Réduire les inégalités d’accès à l’éducation de la petite enfance ;
•Proposer un soutien scolaire le plus tôt possible ;
•Encourager la participation des parents et des collectivités locales ;
•Fournir une aide ciblée aux établissements ou aux familles défavorisé(e)s ; et
•Proposer des programmes spécialisés aux élèves issus de l’immigration, parlant une langue minoritaire ou scolarisés en zone rurale.

Chaque système scolaire étant différent, il convient certainement de les adapter. Mais l’on voit qu’en France, ils se retrouvent, pour partie, dans les ambitions et parfois dans les mesures prises dans le cadre de la Refondation et dont il conviendra de mesurer les résultats, même si ceux-ci ne pourront réellement commencer à avoir des effets massifs que dans une dizaine d’année.

Ensuite, cette analyse met en évidence le coût de l’échec scolaire. Coût social certes, puisque « trop de jeunes continuent de quitter l’école sans avoir acquis les compétences de base qui sont aujourd’hui nécessaires pour évoluer dans la société et sur le marché du travail, assombrissant ainsi leurs perspectives d’avenir ». Mais coût économique également, pour les pays qui entretiennent ce grand nombre de jeune en échec, puisque leur faible niveau de qualification et d’insertion compromettent « la croissance économique à long terme ».

Ainsi donc, investir dans l’Education est une nécessité pour l’avenir d’une jeunesse et la possibilité de construire du vivre ensemble sans fabriquer une société à deux vitesses.
Mais c’est également un choix économique indispensable pour bénéficier d’une population qualifiée, dynamique, capable de produire, d’innover et donc de tirer le développement des pays vers le haut.
On aura souvent dit cela, internationalement, pour les pays en voie de développement.
Il est plus que temps de s’en convaincre également pour les pays dits développés et tout particulièrement pour le nôtre.


 

Denis ADAM, le 10 février 2016