Requiem pour un économiste anticonformiste

« Avoir le courage  d’aimer la vie, et regarder la mort en face » ces mots de Jean Jaurès introduisent l’épilogue « Requiem pour le socialisme » de l’ouvrage de Bernard Maris, Marx, ô Marx, pourquoi m’as-tu abandonné ? (champs Flammarion, 2012).

Prémonitoire ? Plutôt conforme à une philosophie de vie que Bernard Maris incarné dans sa mission d’économiste citoyen -c’est ainsi qu’il qualifiait Keynes, dont il défendait les approches (Keynes ou l’économiste citoyen, Presse de Science Po, 1999) humaniste, anticonformiste et –souvent- irrévérencieux pour les puissants ou pour ces « gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles » -à qui il avait écrit une lettre ouverte (Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles, Albin Michel, 1999).

Pour tous ceux qui –sans bien savoir comment- pensent qu’il n’existe pas exclusivement la seule voie –et la seule voix- du capitalisme libéral, les deux tomes de l’antimanuel d’économie (Antimanuel d’économie, tome 1 les fourmis, tome 2 les cigales, Bréal, 2003 et 2006)ouvrent des pistes, mettent en évidence la nécessité de faire des choix politiques, de remettre l’économie à la place qui est la sienne et de questionner les dogmes actuels.

«  Ce matin, je suis venu à pied. Je n’ai pas pollué, pas fait de dépense, donc pas de croissance… ce n’est pas bien… », s’amusait-il à dire à son contradicteur Dominique Seux dans leur débat économique du vendredi matin dans la matinale de France Inter, pour bien montrer toute l’ambiguïté –voire l’ineptie- de pensée toutes faites.

Nous avons aussi en tête les fous rires que suscitent ses portraits irrévérencieux (dans l’émission « on n’arrête pas l’éco » sur france inter) des plus riches –ceux qui voudraient tant rester entre eux (Malheur aux vaincus. Ah si les riches pouvaient rester entre riches…, Albin Michel, 2000) et l’on imagine avec quelle ironie il nous parlerait aujourd’hui du sommet de Davos, de la décision de la BCE de racheter de la dette publique des Etats de l’Union et des grimaces de la chancelière allemande…

De sa collaboration avec Charlie Hebdo, il reste tous les articles de Tonton Bernard… et aussi un succulent petit ouvrage paru en 2008, les Petits principes de langue de bois économique qui demeure d’une vibrante, édifiante et intelligente actualité et qui devrait être une référence dans toutes les bibliothèques –dont celle des établissements scolaires et universitaires.

En avril prochain devrait paraître le dernier ouvrage de Bernard Maris -il en avait remis le manuscrit à Grasset en fin d’année 2014-, sous le titre Et si on aimait la France.

Parce que l’économiste était un humaniste, c’est sa vision de la société que nous aurons plaisir à y lire.

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« Avoir le courage  d’aimer la vie, et regarder la mort en face » ces mots de Jean Jaurès introduisent l’épilogue « Requiem pour le socialisme » de l’ouvrage de Bernard Maris, Marx, ô Marx, pourquoi m’as-tu abandonné ? (champs Flammarion, 2012).

Prémonitoire ? Plutôt conforme à une philosophie de vie que Bernard Maris incarné dans sa mission d’économiste citoyen -c’est ainsi qu’il qualifiait Keynes, dont il défendait les approches (Keynes ou l’économiste citoyen, Presse de Science Po, 1999) humaniste, anticonformiste et –souvent- irrévérencieux pour les puissants ou pour ces « gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles » -à qui il avait écrit une lettre ouverte (Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles, Albin Michel, 1999).

Pour tous ceux qui –sans bien savoir comment- pensent qu’il n’existe pas exclusivement la seule voie –et la seule voix- du capitalisme libéral, les deux tomes de l’antimanuel d’économie (Antimanuel d’économie, tome 1 les fourmis, tome 2 les cigales, Bréal, 2003 et 2006)ouvrent des pistes, mettent en évidence la nécessité de faire des choix politiques, de remettre l’économie à la place qui est la sienne et de questionner les dogmes actuels.

«  Ce matin, je suis venu à pied. Je n’ai pas pollué, pas fait de dépense, donc pas de croissance… ce n’est pas bien… », s’amusait-il à dire à son contradicteur Dominique Seux dans leur débat économique du vendredi matin dans la matinale de France Inter, pour bien montrer toute l’ambiguïté –voire l’ineptie- de pensée toutes faites.

Nous avons aussi en tête les fous rires que suscitent ses portraits irrévérencieux (dans l’émission « on n’arrête pas l’éco » sur france inter) des plus riches –ceux qui voudraient tant rester entre eux (Malheur aux vaincus. Ah si les riches pouvaient rester entre riches…, Albin Michel, 2000) et l’on imagine avec quelle ironie il nous parlerait aujourd’hui du sommet de Davos, de la décision de la BCE de racheter de la dette publique des Etats de l’Union et des grimaces de la chancelière allemande…

De sa collaboration avec Charlie Hebdo, il reste tous les articles de Tonton Bernard… et aussi un succulent petit ouvrage paru en 2008, les Petits principes de langue de bois économique qui demeure d’une vibrante, édifiante et intelligente actualité et qui devrait être une référence dans toutes les bibliothèques –dont celle des établissements scolaires et universitaires.

En avril prochain devrait paraître le dernier ouvrage de Bernard Maris -il en avait remis le manuscrit à Grasset en fin d’année 2014-, sous le titre Et si on aimait la France.

Parce que l’économiste était un humaniste, c’est sa vision de la société que nous aurons plaisir à y lire.