Rentrée 2018 : qu’est ce qui change ?
Conférence de presse de rentrée de M. Blanquer : une communication très bien rôdée pour emporter l’adhésion de l’opinion publique. Dans la multitude des changements annoncés, certains sont réels, d’autres plus factices. Entre vraies réformes et effets d’annonces, qu’est-ce qui change –réellement – entre cette rentrée 2018 ?
La liste des dossiers ouverts par le ministre M. Blanquer depuis un an ressemble à un inventaire à la Prévert. A tel point qu’il est plus facile de lister ce que le gouvernement n’essaie pas de réformer que l’inverse…
Toutefois, communication et réalité sont deux choses différentes. Faisons un point sur ce qui change réellement dès cette rentrée.
Les vraies et fausses nouveautés de la rentrée 2018 :
Dédoublement des classes de CP et CE1 en Education prioritaire : Cette mesure concernait à la rentrée 2017 les classes de CP des écoles situées en REP+. En septembre 2018, cela prend effet également pour les classes de CE1 en REP+ et les classes de CP en REP.
Programmes des cycles 2, 3 et 4 : Des progressions annuelles ont été établies par le CSP en français et en mathématiques, qui reviennent sur la logique de cycles. En français, le prédicat disparaît avec le retour du COD et du COI. Le programme d’éducation morale et civique de primaire est renforcé.
Evaluations nationales : En primaire, deux évaluations se dérouleront en CP (septembre / février), et une en début de CE1. Au collège, les évaluations en 6ème instaurées l’an dernier sont reconduites. Au lycée, elles concernent les élèves de seconde générale et technologique, avec un test de positionnement en français et en mathématiques dès septembre.
Téléphone portable : La loi du 03/08/2018 renverse l’approche de l’article L511-5 qui voulait que les lieux où le téléphone portable était interdit devaient être précisés dans le règlement intérieur. Dorénavant, l’usage du téléphone portable par les élèves est légalement interdit dans tous les écoles et collèges sans que le règlement intérieur ait besoin de le signifier. Par contre, celui-ci peut déterminer des circonstances et lieux dans lesquels il est autorisé pour usages pédagogiques. Cette nouvelle loi ne concerne pas les lycées, où le règlement intérieur reste souverain.
Rentrée en musique et la chorale : La rentrée en musique, sollicitée par M. Blanquer à la rentrée 2017, est reconduite, sans qu’elle fasse l’objet de consignes claires. Quant à la nouvelle option « Chant choral » en collège, la nouveauté réside uniquement dans la possibilité de saisir dans la base de donnée académique les élèves inscrits à la chorale. Puisque les chorales existaient déjà dans les collèges … et dans le service des enseignants d’éducation musicale.
Dispositif Devoirs faits : Le dispositif n’est pas nouveau, il date de la rentrée 2017. Dans sa conférence de presse du 29 août, le ministre Blanquer appelle dorénavant les établissements à pouvoir proposer 4h/semaine de « Devoirs faits » pour les élèves qui s’y inscrivent.
Offre enrichie dans l’enseignement des langues en collège : Voici une vraie fausse nouveauté annoncée par le ministre, lorsqu’il évoque l’inflexion du gouvernement à multiplier les classes bilangues, les sections européennes, ainsi que l’enseignement du latin et/ou du grec. Rappelons que, depuis la réforme du collège, ces horaires d’enseignements sont à financer sur la marge de DHG de 3h/division, et que leur répartition revient au Conseil d’administration des collèges, après consultation du Conseil pédagogique. Le gouvernement actuel n’a donné aucun moyen horaire supplémentaire pour ces enseignements en cette rentrée.
Le Plan mercredi : Annoncé dès la prise de fonction du ministre, le Plan mercredi se résume actuellement à une évolution terminologique entre les activités extra-scolaires et périscolaires… Subtilité qui cache une réalité budgétaire à la baisse, puisque le taux d’encadrement des élèves durant ce temps de loisirs s’en voit diminué dans de nombreuses communes.
Réforme du lycée général et technologique : La réforme du lycée général et technologique démarre en cette rentrée pour les élèves entrants en seconde. Ce seront les premiers élèves concernés par le nouveau baccalauréat : en première (en 2020) et en terminale (en 2021).
L’année prochaine, ceux d’entre eux qui souhaitent poursuivre en lycée général seront concernés par la disparition des voies générales S, ES et L au profit d’enseignements de spécialités. Dont on ne sait pas encore ceux qui seront proposés par chaque lycée. Quant aux nouveaux programmes, ils comportent encore beaucoup d’inconnues.
Quant à l’accompagnement au choix de l’orientation, il est renforcé à raison de 50h annuelles, non financées dans les DHG.
Rémunération des enseignants de REP+ : La prime annuelle versée aux enseignants de REP+ sera de 1000 € cette année, de 2000€ à la rentrée 2019 et 3000€ à la rentrée 2020.
Ce qui est annoncé dans le courant de l’année scolaire :
Réforme de la formation professionnelle : Les campus d’excellences annoncés par le ministre Blanquer n’existent pas encore. Seul le CAP petite enfance est pour l’instant rénové.
Formation des enseignants : Une loi est annoncée pour 2019, qui rénovera la formation initiale et continue des enseignants, avec notamment un pré-recrutement en amont du concours et une évolution du master MEEF et de la formation en ESPE.
Plan internat : il est annoncé pour 2018-2019, sans davantage de précision à ce jour.
Scolarisation à 3 ans : Elle devrait prendre effet pour la rentrée 2019.
Assises de la maternelle : Dossier ouvert par M. Blanquer, qui devrait rapprocher les lieux et personnels concernés par la prise en charges des enfants de moins de 3 ans et de plus de 3 ans.
Le nombre d’académies et la carte scolaire : De 26, leur nombre va diminuer à 13, qui correspondront aux 13 régions administratives. La carte scolaire est l’un des dossiers dont l’ouverture est annoncée. En sachant que carte scolaire et Education prioritaire sont liées…
Le Service National Universel : Sa mise en œuvre revient au ministère de l’EN, de la jeunesse et des sports. Le budget alloué n’est pas encore défini, ses contenus non plus. La seule certitude est que les établissements scolaires seront sollicités, notamment les lycées comportant des internats.
Evaluation des établissements : Celle-ci est annoncée par M. Blanquer dans sa conférence de presse. Notamment sur la capacité des établissements à lutter contre le harcèlement (et cyber-harcèlement) scolaire. Là encore, des précisions sur les objectifs et les modalités sont attendus.