Analyses et décryptages

Recherche et Innovation : l’écosystème qui rend fou !

La complexité et l’instabilité de la période dans laquelle nous vivons, mais aussi les défis des décennies à venir, ne seront surmontés qu’à la condition nécessaire que nos sociétés investissent massivement dans la connaissance et l’innovation. Les enjeux pour la recherche scientifique, notamment la recherche française, sont donc considérables.

Par essence, on ne peut prédire les résultats de la recherche ni d’où et quand viendront les principaux gains d’innovations sociales et technologiques. A l’échelle d’une société, il faut donc concevoir une structuration de la recherche qui permette à la fois une forte activité scientifique dans ses aspects les plus fondamentaux, tout en disposant de mécanismes efficaces de transformation de la connaissance pure en avancées concrètes pour toutes et tous.

Comme il ne peut y avoir de progrès social et technologique sans une recherche fondamentale qui soit complètement libre et a priori désintéressée, tout dirigisme des activités de recherche à des fins déterminées de progrès est fortuit et conduit, au mieux, à un résultat sous-optimal. Or, les dernières décennies ont vu en France une volonté politique de piloter davantage la recherche. Par méconnaissance du fonctionnement réel de la recherche ou par manque de confiance, notamment dans la recherche publique, on a ainsi assisté à une complexification croissante de la structuration de l’écosystème français de la recherche et de l’innovation. 

Pour illustrer cette dérive, l’UNSA Éducation a tenté de schématiser le résultat de cet empilement de structures sous la forme d’une cartographie (incomplète et encore évolutive).

L’évolution de notre écosystème de recherche et d’innovation s’est ainsi faite par une accumulation de structures et de couches, parfois redondantes, parfois éphémères, sans jamais prendre le temps d’évaluer leur efficacité ou celle des politiques qui les ont soutenues. Parmi les nombreux dommages causés par cette complexification, on peut citer ceux manifestes de l’exaspération et de la perte de sens des personnels de la recherche qui, couplées au manque de moyens pérennes, s’épuisent à produire de la connaissance dans cet environnement dysfonctionnel. D’un autre côté, l’ensemble de ces dispositifs n’aura permis aucune évolution positive de l’investissement en recherche et développement de la sphère privée [1-2], gros point faible de la France par rapport aux autres pays.

Il est donc temps de rationaliser profondément notre organisation de la recherche et de l’innovation, afin de la rendre plus efficace, lisible et fonctionnelle et surtout de permettre à tous ses acteurs de réaliser leurs missions dans les meilleures conditions.  La mission confiée à Philippe Gillet par la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche peut être l’occasion de nous saisir de ces enjeux. L’UNSA Éducation, première force syndicale de l’ESR, entend bien y jouer son rôle, en étant force de proposition mais aussi en restant très vigilante pour que les organismes de recherche soient bien sécurisés et les statuts des personnels préservés.

Cartographie haute résolution ici

Références : 

[1] https://www.insee.fr/fr/statistiques/3281637?sommaire=3281778#tableau-figure2

[2] Main Science and Technology Indicators, Volume 2022 Issue 1 | READ online 

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