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Racisme, antisémitisme et xénophobie : la tolérance progresse mais les discriminations perdurent

Le 31e rapport annuel de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie a été remis cet été à Isabelle Lonvis-Rome chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. Ce rapport montre que la tolérance progresse les discriminations perdurent. La Commission propose 55 recommandations pour y remédier. Parmi elles, trois grands axes concernent l’éducation. L’UNSA éducation vous en propose une synthèse.

Les chiffres à retenir
Ce rapport contient de nombreux chiffres et données qui permettent de mesurer le racisme et l’antisémitisme.
L’acceptation des minorités a globalement progressé en France. En 2022, il s’établissait à 68 sur un maximum de 100 soit +2 points depuis 2019 et +14 points depuis 2013.
En 2019, 52% des personnes sondées pensent « qu’il y a trop d’immigrés en France », ils sont aujourd’hui 49%. Encore plus encourageant, 81,5% des personnes interrogées déclarent « qu’une lutte vigoureuse contre le racisme est nécessaire en France ». Elles n’étaient que 76% en 2019. Ce qui semble démontrer un recul des préjugés dans un contexte pourtant peu favorable, souligne le rapport.
Les discours haineux, aux relents racistes, toujours présents dans la société, ravivés par des mois de crise sanitaire, ont fait la part belle aux théories complotistes antisémites. La campagne présidentielle, d’après la CNCDH, n’a pas été en reste en encourageant le repli identitaire voire xénophobe par la voix, très relayée, de plusieurs candidat.es montrant une réelle obsession pour les thématiques migratoires.
Cette progression de la tolérance ne saurait cacher un autre constat jugé, lui, « alarmant » par la Commission. Comme le montre ce rapport les campagnes des testing réalisées par des chercheurs ou des associations, discriminations et préjugés ont la vie dure.

Le rapport prouve que, malgré une acceptation globale en hausse, il existe de nettes différences entre les minorités. Ainsi ce sont les personnes noires qui bénéficient du plus haut indice de tolérance : 80% tandis que celles qui reçoivent le plus bas niveau sont les Roms, 52%. Les Roms restent donc la population confrontée « au préjugés les plus tenaces et les plus assumés » alors qu’ils sont peu nombreux et souffrent en outre de difficultés dans leur accès aux droits.
Plus généralement, les statistiques qui touchent les actes racistes sont sous-estimées. La CNCDH rappelle ainsi que sur les 1,2 millions de personnes qui auraient été victimes d’actes de racisme en 2019 seuls 2% d’entre elles ont porté plainte.

Face à ce constat implacable, la Commission propose 55 recommandations.
Trois axes concernent l’éducation, de la maternelle au supérieur.

1er axe : Une formation tout au long de la vie professionnelle
Une enquête menée en 2015 en Ile-de- France révèle que seulement 5 à 15% des futur.es professionnel.les ont été sensibilisé.es aux questions de discriminations au cours de leur formation.
Aussi la CNCDH recommande: « la mise en place de modules obligatoires dans la formation continue des enseignants portant sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations et les préjugés. De façon complémentaire, elle encourage le ministère de l’Education nationale à donner des consignes aux académies pour que soient mis en place des temps de formations banalisés sur les thématiques liées au racisme » afin d’avoir des réponses pratiques, pédagogiques et juridiques mais aussi pouvoir s’approprier les outils disponibles.

2e axe : Développer l’esprit critique des élèves
La CNCDH préconise, pour favoriser la prise de recul et l’esprit critique chez les élèves, de promouvoir la pédagogie du débat. Ceci nécessite que les enseignant.es soient mieux formé.es pour la mettre en pratique. C’est pourquoi la Commission préconise « l’insertion d’un module obligatoire portant sur ce thème dans la formation initiale de l’ensemble des enseignants ».

3e axe : Mieux documenter les discriminations dans le supérieur
la CNCDH propose également « la mise en ligne par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche d’un site actualisé qui recense de façon claire, pour chaque établissement, l’ensemble des dispositifs existants en précisant les contacts et disponibilités des référents et cellules de veille et d’écoute (CVE), ainsi que les initiatives mises en place » puisque 61% des étudiant.es déclarent n’avoir jamais été informé.es d’actions de lutte contre les discriminations organisées par leur établissement.

Ce 31e rapport de la CNCDH éclaire le chemin parcouru mais pointe de nombreuses améliorations possibles qui nécessitent un engagement de notre ministère, de la communauté éducative.
L’UNSA Education porte des valeurs qui sont au cœur du projet de notre fédération, nous rappelons notre attachement au principe de laïcité et aux valeurs républicaines    « liberté, égalité, fraternité ». C’est pourquoi notre fédération soutient les nombreuses recommandations de ce rapport de la CNCDH.

https://www.cncdh.fr/publications/rapport-2021-sur-la-lutte-contre-le-racisme-lantisemitisme-et-la-xenophobie

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