Quand le Ministre quitte la marge pour réécrire la page

Il est des paradoxes qui méritent d’être mis en évidence, tant ils sont improductifs.

Les annonces du Président de la République et du gouvernement visent à simplifier, à donner des marges de manœuvres, à desserrer des contraintes… à libérer l’innovation et l’esprit d’entreprendre.

Il semble que cette orientation ait quelque peu échapper au ministre de l’Education nationale.

Certes, fidèle aux promesses du candidat Macron, Jean-Michel Blanquer aura permis la dérogation aux rythmes scolaires et assoupli la réforme du collège.

Mais depuis ?

Pas une semaine sans nouvelles annonces.

Alors, certes, avec maintes précautions oratoires, le ministre assure ne –  rien vouloir bousculer ou juste à la marge. Il tente de rassurer car ce sont de nouvelles polémiques qu’il ouvre ainsi à chaque annonce.

Ce furent d’abord les évaluations imposées en CP et 6ème et dont nous attendons dorénavant les éléments précis.

Ce fut la condamnation d’une méthode globale de lecture n’ayant jamais existée et la préconisation insistante pour la méthode syllabique.

C’est dorénavant la fin du prédicat, le retour à la chronologie en littérature, les quatre opérations en CP et CE1, l’interdiction (déjà existante) des portables…

Voici donc le ministre conseiller pédagogique, inspecteur pédagogique, chef d’établissement, CPE, responsable des programmes…

Le voici, non plus proposant quelques aménagements « à la marge », mais bien tentant de réécrire, une nouvelle fois, le fonctionnement de l’Ecole, le contenu des cours, les méthodes pédagogiques.

Est-ce bien là que l’Ecole a besoin de son engagement, de son action, de son volontarisme ?

Libérer les énergies des personnels éducatifs c’est certainement leur permettre d’exercer leur métier et de mettre en œuvre leurs compétences professionnelles. L’idée de la confiance allait dans ce sens. Où est-elle quand interdictions et obligations se multiplient sans cesse ?

A chacun son rôle donc.

Au ministre de donner les grandes orientations pour faire que demain le système scolaire français sorte du rouge des évaluations internationales, qu’il cesse de reproduire (voire d’amplifier) les inégalités, qu’il permette la réussite de chaque élève.

Aux professionnels de l’Education de mettre en œuvre leur professionnalité pour donner sens et faire vivre les évolutions au quotidien.

Les personnels ont besoin de confiance, de reconnaissance, d’accompagnement, de formation continue… là sont les urgences.

L’Ecole, l’Education ont besoin de stabilité et de pérennité.

Ni les professionnels, ni les élèves, ni les familles ne peuvent comprendre un système en perpétuel changement. Reniant aujourd’hui ce qui vient juste d’être mis en place hier. Revendiquant pour demain, le retour de vieilles formules du passé, dépassées parce que le monde, comme l’Ecole, ont changés.

« L’Ecole de demain » doit s’appuyer sur les compétences professionnelles de ces personnels et cesser de les infantiliser avec des injonctions successives et permanentes. Elle doit faire le pari de l’intelligence et de l’éducabilité de toutes et tous et offrir à chacune et chacun les moyens de la réussite.

C’est là que le ministre doit agir.
C’est là qu’il est attendu.

Non comme le censeur biffant d’un trait de crayon rouge telle mesure pour lui en substituer une autre, mais comme l’architecte chargé de mobiliser toutes les énergies pour construire le cadre durable et si possible consensuelle d’une école de la réussite.

 

 

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Il est des paradoxes qui méritent d’être mis en évidence, tant ils sont improductifs.

Les annonces du Président de la République et du gouvernement visent à simplifier, à donner des marges de manœuvres, à desserrer des contraintes… à libérer l’innovation et l’esprit d’entreprendre.

Il semble que cette orientation ait quelque peu échapper au ministre de l’Education nationale.

Certes, fidèle aux promesses du candidat Macron, Jean-Michel Blanquer aura permis la dérogation aux rythmes scolaires et assoupli la réforme du collège.

Mais depuis ?

Pas une semaine sans nouvelles annonces.

Alors, certes, avec maintes précautions oratoires, le ministre assure ne –  rien vouloir bousculer ou juste à la marge. Il tente de rassurer car ce sont de nouvelles polémiques qu’il ouvre ainsi à chaque annonce.

Ce furent d’abord les évaluations imposées en CP et 6ème et dont nous attendons dorénavant les éléments précis.

Ce fut la condamnation d’une méthode globale de lecture n’ayant jamais existée et la préconisation insistante pour la méthode syllabique.

C’est dorénavant la fin du prédicat, le retour à la chronologie en littérature, les quatre opérations en CP et CE1, l’interdiction (déjà existante) des portables…

Voici donc le ministre conseiller pédagogique, inspecteur pédagogique, chef d’établissement, CPE, responsable des programmes…

Le voici, non plus proposant quelques aménagements « à la marge », mais bien tentant de réécrire, une nouvelle fois, le fonctionnement de l’Ecole, le contenu des cours, les méthodes pédagogiques.

Est-ce bien là que l’Ecole a besoin de son engagement, de son action, de son volontarisme ?

Libérer les énergies des personnels éducatifs c’est certainement leur permettre d’exercer leur métier et de mettre en œuvre leurs compétences professionnelles. L’idée de la confiance allait dans ce sens. Où est-elle quand interdictions et obligations se multiplient sans cesse ?

A chacun son rôle donc.

Au ministre de donner les grandes orientations pour faire que demain le système scolaire français sorte du rouge des évaluations internationales, qu’il cesse de reproduire (voire d’amplifier) les inégalités, qu’il permette la réussite de chaque élève.

Aux professionnels de l’Education de mettre en œuvre leur professionnalité pour donner sens et faire vivre les évolutions au quotidien.

Les personnels ont besoin de confiance, de reconnaissance, d’accompagnement, de formation continue… là sont les urgences.

L’Ecole, l’Education ont besoin de stabilité et de pérennité.

Ni les professionnels, ni les élèves, ni les familles ne peuvent comprendre un système en perpétuel changement. Reniant aujourd’hui ce qui vient juste d’être mis en place hier. Revendiquant pour demain, le retour de vieilles formules du passé, dépassées parce que le monde, comme l’Ecole, ont changés.

« L’Ecole de demain » doit s’appuyer sur les compétences professionnelles de ces personnels et cesser de les infantiliser avec des injonctions successives et permanentes. Elle doit faire le pari de l’intelligence et de l’éducabilité de toutes et tous et offrir à chacune et chacun les moyens de la réussite.

C’est là que le ministre doit agir.
C’est là qu’il est attendu.

Non comme le censeur biffant d’un trait de crayon rouge telle mesure pour lui en substituer une autre, mais comme l’architecte chargé de mobiliser toutes les énergies pour construire le cadre durable et si possible consensuelle d’une école de la réussite.