Quand la mixité profite aux garçons


Il y a quelques années, constatant la différence de réussite scolaire entre garçons et filles, certains pays, comme l’Allemagne, s’étaient interrogés sur la possibilité de (ré)instaurer des établissements non-mixtes. La présence de filles, pouvant être cause de perturbation pour les garçons (le sexe faible n’est décidemment pas celui si souvent désigné comme tel !).

Depuis quelques études ont été menées sur le sujet. Dont une récente et très complète conduite par les chercheurs hollandais Margriet van Hek , Gerbert Kraaykamp et Ben Pelzer. Basées sur un échantillon de près de 300 000 élèves de 33 pays, elle apporte un éclairage intéressant et montre -au contraire- que la mixité est un facteur de réussite scolaire pour les garçons. Ils sont directement et positivement influencés par la présence des filles. Et cela bien au-delà de la seule amélioration du climat scolaire due à un plus important pourcentage de filles.

Deux enseignements s’imposent immédiatement à la lecture de ces résultats.

Le premier milite pour l’instauration d’une plus grande mixité au sein de chaque classe, chaque fois que celle-ci est possible.

Le second conduit à s’opposer aux filières « genrées » et à travailler à la mixité de toutes, y compris celles de la voie professionnelle.

C’est tout le travail de revalorisation des filières, l’amélioration des démarches d’orientation, le changement des mentalités de la société qui nécessitent d’être mis ici en chantier.

En effet, attirer autant de filles que de garçons dans certaine filière relève d’une gageure. Pour la gagner, la déconstruction des préjugés de genres est indispensable. Cesser de penser ou de faire croire que les filles seraient moins scientifiques ou moins matheuse que les garçons. Arrêter de considérer que les garçons ne seraient pas littéraires…

Ce qui est à retravailler pour les « matières » scolaires, l’est tout autant pour la représentation des métiers et donc pour le choix des parcours dans l’enseignement supérieur.

Je ne prendrai qu’un exemple -parce que je l’observe régulièrement. Le recrutement dans les formations universitaires dans le domaine de la culture est majoritairement féminin. Ainsi les femmes représentent 60% de l’effectif des établissements d’enseignement supérieur culture. Pourtant elles ne sont que 43% à exercer un métier de la culture. Des progrès sont certes en cours, mais au 1er janvier 2017, comme le montrent les résultats du 5e rapport de l’Observatoire égalité femmes-hommes dans la culture et la communication, seulement 12 % de femmes étaient à la tête des 100 plus grandes entreprises culturelles et 30 % d’entre elles occupaient des postes de direction dans les établissements publics culturels… Ce qui faisait dire à Tristan Picard, adjoint au chef du département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS), face à ce résultat « implacable », que « dans le secteur privé comme dans le secteur public, la culture est un monde où le pouvoir est aux hommes ».

Et pourtant, nul doute que là, comme ailleurs, la mixité serait favorable à toutes et tous.

Cette question se pose également dans l’animation. Si l’on sait qu’à certains âges, garçons et filles préfèrent former des groupes séparés. Il est indispensable de construire une offre de loisir qui leur permette de se retrouver, de se confronter, d’apprendre à vivre ensemble, dans des rapports d’égalité. C’est en effet souvent la non-mixité ou le déséquilibre du pourcentage filles/garçons qui alimente la méconnaissance, la domination, le sexisme.

Proposer « foot ou danse » c’est fatalement conduire à un choix genré et fausser l’image des garçons choisissant danse ou des filles préférant le football. Nul doute que ces deux activités peuvent être mixtes (même si l’on peut se demander pourquoi le monde du sport ne progresse pas vraiment dans la recherche de nouvelles règles ou de nouvelles pratiques qui permettraient davantage de mixité dans les équipes). Ce ne sont pas en elles-mêmes, qu’elles posent questions, mais bien dans leur confrontation, voire dans leur mise en opposition.

Là encore, et bien qu’il n’existe pas d’études aussi abouties que pour l’école, la mixité fait progresser le rapport à l’autre, elle évite les caricatures et permet davantage de respect.

Une manière de combattre le sexisme ordinaire dont les premières victimes sont les femmes et les filles.

Une manière aussi pour les garçons de se construire une représentation plus juste des filles, de vivre avec elles des relations plus saines…

Et donc d’affirmer que la mixité leur est profitable.

 

Denis Adam, le 6 décembre 2017
 

 

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Il y a quelques années, constatant la différence de réussite scolaire entre garçons et filles, certains pays, comme l’Allemagne, s’étaient interrogés sur la possibilité de (ré)instaurer des établissements non-mixtes. La présence de filles, pouvant être cause de perturbation pour les garçons (le sexe faible n’est décidemment pas celui si souvent désigné comme tel !).

Depuis quelques études ont été menées sur le sujet. Dont une récente et très complète conduite par les chercheurs hollandais Margriet van Hek , Gerbert Kraaykamp et Ben Pelzer. Basées sur un échantillon de près de 300 000 élèves de 33 pays, elle apporte un éclairage intéressant et montre -au contraire- que la mixité est un facteur de réussite scolaire pour les garçons. Ils sont directement et positivement influencés par la présence des filles. Et cela bien au-delà de la seule amélioration du climat scolaire due à un plus important pourcentage de filles.

Deux enseignements s’imposent immédiatement à la lecture de ces résultats.

Le premier milite pour l’instauration d’une plus grande mixité au sein de chaque classe, chaque fois que celle-ci est possible.

Le second conduit à s’opposer aux filières « genrées » et à travailler à la mixité de toutes, y compris celles de la voie professionnelle.

C’est tout le travail de revalorisation des filières, l’amélioration des démarches d’orientation, le changement des mentalités de la société qui nécessitent d’être mis ici en chantier.

En effet, attirer autant de filles que de garçons dans certaine filière relève d’une gageure. Pour la gagner, la déconstruction des préjugés de genres est indispensable. Cesser de penser ou de faire croire que les filles seraient moins scientifiques ou moins matheuse que les garçons. Arrêter de considérer que les garçons ne seraient pas littéraires…

Ce qui est à retravailler pour les « matières » scolaires, l’est tout autant pour la représentation des métiers et donc pour le choix des parcours dans l’enseignement supérieur.

Je ne prendrai qu’un exemple -parce que je l’observe régulièrement. Le recrutement dans les formations universitaires dans le domaine de la culture est majoritairement féminin. Ainsi les femmes représentent 60% de l’effectif des établissements d’enseignement supérieur culture. Pourtant elles ne sont que 43% à exercer un métier de la culture. Des progrès sont certes en cours, mais au 1er janvier 2017, comme le montrent les résultats du 5e rapport de l’Observatoire égalité femmes-hommes dans la culture et la communication, seulement 12 % de femmes étaient à la tête des 100 plus grandes entreprises culturelles et 30 % d’entre elles occupaient des postes de direction dans les établissements publics culturels… Ce qui faisait dire à Tristan Picard, adjoint au chef du département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS), face à ce résultat « implacable », que « dans le secteur privé comme dans le secteur public, la culture est un monde où le pouvoir est aux hommes ».

Et pourtant, nul doute que là, comme ailleurs, la mixité serait favorable à toutes et tous.

Cette question se pose également dans l’animation. Si l’on sait qu’à certains âges, garçons et filles préfèrent former des groupes séparés. Il est indispensable de construire une offre de loisir qui leur permette de se retrouver, de se confronter, d’apprendre à vivre ensemble, dans des rapports d’égalité. C’est en effet souvent la non-mixité ou le déséquilibre du pourcentage filles/garçons qui alimente la méconnaissance, la domination, le sexisme.

Proposer « foot ou danse » c’est fatalement conduire à un choix genré et fausser l’image des garçons choisissant danse ou des filles préférant le football. Nul doute que ces deux activités peuvent être mixtes (même si l’on peut se demander pourquoi le monde du sport ne progresse pas vraiment dans la recherche de nouvelles règles ou de nouvelles pratiques qui permettraient davantage de mixité dans les équipes). Ce ne sont pas en elles-mêmes, qu’elles posent questions, mais bien dans leur confrontation, voire dans leur mise en opposition.

Là encore, et bien qu’il n’existe pas d’études aussi abouties que pour l’école, la mixité fait progresser le rapport à l’autre, elle évite les caricatures et permet davantage de respect.

Une manière de combattre le sexisme ordinaire dont les premières victimes sont les femmes et les filles.

Une manière aussi pour les garçons de se construire une représentation plus juste des filles, de vivre avec elles des relations plus saines…

Et donc d’affirmer que la mixité leur est profitable.

 

Denis Adam, le 6 décembre 2017