Pour une société moins sourde et moins aveugle…

En ce début d’année scolaire, les personnels des instituts des jeunes sourds et des jeunes aveugles, ont dû batailler fort pour éviter le transfert de la totalité du budget de leurs établissements aux agences régionales de santé (ARS).

...Répondre aux besoins spécifiques des jeunes en situation de handicap sensoriel

En ce début d’année scolaire, les personnels des instituts des jeunes sourds et des jeunes aveugles, ont dû batailler fort pour éviter le transfert de la totalité du budget de leurs établissements aux agences régionales de santé (ARS). La cause est gagnée (pour cette fois) et les instituts conserveront leur double financement État et Sécurité sociale, évitant une régionalisation qui, à moyen terme, et compte tenu du manque de concertation préalable menaçait de dissolution la tutelle éducative et pédagogique assurée par la direction générale de la cohésion sociale du Ministère de la Santé et des affaires sociales.

Cet épisode de combat syndical — dont le SNJSJA-UNSA a été un des acteurs essentiels — est l’occasion de mettre un coup de projecteur sur ces établissements riches d’une expertise de 200 ans.

En effet, les enfants et les jeunes qui relèvent d’un handicap sensoriel (malentendant, malvoyants…) ont besoin — pour un certain nombre d’entre eux — d’établissements spécialisés pour leur permettre de suivre tout ou partie de leur scolarité.

Face à la revendication légitime d’une société — et donc d’une École — inclusive, ces établissements offrent des parcours qui permettent à leurs élèves des passerelles avec les écoles et établissements de l’Education nationale tout en bénéficiant de moyens supérieurs et mieux adaptés, proposant des apprentissages spécifiques (comme bien sûr ceux de la langue des signes ou du braille) mais aussi la prise en compte d’enfants ou de jeunes en situation de polyhandicap.

Des professeurs spécialisés formés de manière longue et spécifique tant pour l’enseignement général que pour l’enseignement professionnel ainsi qu’un corps d’éducateurs de jeunes sourds et jeunes aveugles, permettent une approche plus complète et plus pointue des démarches éducatives et la mise en œuvre de pédagogies davantage adaptées aux difficultés rencontrées par ces élèves.

Étudiant le développement de la langue des signes, le rapport des inspecteurs généraux, Pierre NAVES (IGAS), Laurent BRISSET et Gilles PETREAULT (IGEN) met en évidence que « des rapprochements restent souhaitables, que ce soit dans les interventions entre l’éducation nationale et les établissements et services médico-sociaux pour l’organisation du parcours des élèves ou bien en matière de formation et de recherche. »

En effet, les instituts dans leurs démarches spécifiques possèdent une expertise qu’il convient de mettre au service de tous les élèves relevant d’un handicap sensoriel en permettant aux enseignants qui les encadrent, quels que soient les types d’établissements (classique ou spécialisé), d’en bénéficier au travers de formations, d’outils d’accompagnement, de résultats de recherches.

La loi de 2005 sur le handicap a, certes, permis de véritables évolutions. Des formations ont ouvert l’accès à un champ professionnel plus diversifié et plus en prise avec le monde actuel. De véritables réussites viennent régulièrement couronner le parcours éducatifs de nombreux jeunes. Pour autant, force est de constater que de nombreux progrès sont encore à faire.

Ainsi l’insertion sociale des sourds et des aveugles, des malentendants et des malvoyants est souvent difficile en particulier l’insertion professionnelle demeure pour beaucoup complexe. Les conditions de la formation de ces jeunes méritent davantage qu’une réforme budgétaire préparée sans concertation. Il faut avoir le courage d’entreprendre de vraies discussions et porter une réelle attention à cet enseignement spécialisé pour améliorer une offre de formation qui reste très largement insuffisante dans notre pays.

Au-delà du temps de la formation, c’est l’inclusion des personnes en situation de handicap sensoriel dans l’univers social qui est posée, leur place et leur reconnaissance dans notre société.

La sauvegarde du mode de financement des instituts des jeunes sourds et jeunes aveugles est une victoire dont nous ne pouvons que nous réjouir mais ce n’est qu’une étape. Il faut maintenant que s’ouvrent une réelle concertation avec l’ensemble des acteurs de l’enseignement spécialisé qui fasse le bilan des évolutions depuis l’entrée en vigueur de la loi de 2005 et trace des perspectives d’amélioration du dispositif pour une société enfin moins sourde et moins aveugle aux besoins et aux attentes des personnes en situation de handicap sensoriel.

 

Denis ADAM, le 19 octobre 2016

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...Répondre aux besoins spécifiques des jeunes en situation de handicap sensoriel

En ce début d’année scolaire, les personnels des instituts des jeunes sourds et des jeunes aveugles, ont dû batailler fort pour éviter le transfert de la totalité du budget de leurs établissements aux agences régionales de santé (ARS). La cause est gagnée (pour cette fois) et les instituts conserveront leur double financement État et Sécurité sociale, évitant une régionalisation qui, à moyen terme, et compte tenu du manque de concertation préalable menaçait de dissolution la tutelle éducative et pédagogique assurée par la direction générale de la cohésion sociale du Ministère de la Santé et des affaires sociales.

Cet épisode de combat syndical — dont le SNJSJA-UNSA a été un des acteurs essentiels — est l’occasion de mettre un coup de projecteur sur ces établissements riches d’une expertise de 200 ans.

En effet, les enfants et les jeunes qui relèvent d’un handicap sensoriel (malentendant, malvoyants…) ont besoin — pour un certain nombre d’entre eux — d’établissements spécialisés pour leur permettre de suivre tout ou partie de leur scolarité.

Face à la revendication légitime d’une société — et donc d’une École — inclusive, ces établissements offrent des parcours qui permettent à leurs élèves des passerelles avec les écoles et établissements de l’Education nationale tout en bénéficiant de moyens supérieurs et mieux adaptés, proposant des apprentissages spécifiques (comme bien sûr ceux de la langue des signes ou du braille) mais aussi la prise en compte d’enfants ou de jeunes en situation de polyhandicap.

Des professeurs spécialisés formés de manière longue et spécifique tant pour l’enseignement général que pour l’enseignement professionnel ainsi qu’un corps d’éducateurs de jeunes sourds et jeunes aveugles, permettent une approche plus complète et plus pointue des démarches éducatives et la mise en œuvre de pédagogies davantage adaptées aux difficultés rencontrées par ces élèves.

Étudiant le développement de la langue des signes, le rapport des inspecteurs généraux, Pierre NAVES (IGAS), Laurent BRISSET et Gilles PETREAULT (IGEN) met en évidence que « des rapprochements restent souhaitables, que ce soit dans les interventions entre l’éducation nationale et les établissements et services médico-sociaux pour l’organisation du parcours des élèves ou bien en matière de formation et de recherche. »

En effet, les instituts dans leurs démarches spécifiques possèdent une expertise qu’il convient de mettre au service de tous les élèves relevant d’un handicap sensoriel en permettant aux enseignants qui les encadrent, quels que soient les types d’établissements (classique ou spécialisé), d’en bénéficier au travers de formations, d’outils d’accompagnement, de résultats de recherches.

La loi de 2005 sur le handicap a, certes, permis de véritables évolutions. Des formations ont ouvert l’accès à un champ professionnel plus diversifié et plus en prise avec le monde actuel. De véritables réussites viennent régulièrement couronner le parcours éducatifs de nombreux jeunes. Pour autant, force est de constater que de nombreux progrès sont encore à faire.

Ainsi l’insertion sociale des sourds et des aveugles, des malentendants et des malvoyants est souvent difficile en particulier l’insertion professionnelle demeure pour beaucoup complexe. Les conditions de la formation de ces jeunes méritent davantage qu’une réforme budgétaire préparée sans concertation. Il faut avoir le courage d’entreprendre de vraies discussions et porter une réelle attention à cet enseignement spécialisé pour améliorer une offre de formation qui reste très largement insuffisante dans notre pays.

Au-delà du temps de la formation, c’est l’inclusion des personnes en situation de handicap sensoriel dans l’univers social qui est posée, leur place et leur reconnaissance dans notre société.

La sauvegarde du mode de financement des instituts des jeunes sourds et jeunes aveugles est une victoire dont nous ne pouvons que nous réjouir mais ce n’est qu’une étape. Il faut maintenant que s’ouvrent une réelle concertation avec l’ensemble des acteurs de l’enseignement spécialisé qui fasse le bilan des évolutions depuis l’entrée en vigueur de la loi de 2005 et trace des perspectives d’amélioration du dispositif pour une société enfin moins sourde et moins aveugle aux besoins et aux attentes des personnes en situation de handicap sensoriel.

 

Denis ADAM, le 19 octobre 2016