Pour le collège unique de la réussite de tous
La transformation de notre Ecole aujourd’hui s’impose. Elle est indispensable pour l’Ecole elle-même parce que nous ne pouvons nous satisfaire de l’échec qu’elle produit et des discriminations sociales qu’elle ne réussit pas à réduire, mais qu’au contraire elle renforce. Elle est indispensable aussi –et surtout¬- pour notre société, pour notre capacité à mieux vivre ensemble, pour l’avenir de notre démocratie. 130 à 150 000 jeunes qui sortent sans aucune qualification du système scolaire chaque année et cela depuis presque 20 ans, c’est autant de personnes qui vivent les exclussions, les difficultés d’insertion sociale, professionnelle, culturelle… autant de personnes qui peuvent être tentés par les sirènes du populisme, pire de l’extrémisme.
L’esprit de la loi de refondation de l’école de la république s’inscrit dans le sens de cette lutte pour la réussite de chacun. Au-delà de ce texte de cadrage, il est indispensable de se donner les moyens d’une réelle mise en œuvre, à tous les niveaux du système scolaire. La réforme du collège est une de ses étapes essentielle.
Le collège est un maillon spécifique et complexe de notre système scolaire, de par sa place et de par son public.
La place du collège
Situé entre l’école primaire et le lycée, le collège oscille dans son rapprochement avec l’une ou l’autre. Si son histoire –et particulièrement la volonté des inventeurs du collège unique- l’oriente à être un échelon fort de la scolarité obligatoire, son inscription dans « un mythique second degré », le détournement de ses options en pré-filières de sélection, l’enfermement dans des champs disciplinaires clos, l’ont progressivement fait devenir un « petit lycée », qui –trop souvent encore-rejette les causes des échecs sur l’école qui le précède, travaille à conduire les meilleurs vers la voie royale du lycée général et oriente de manière précoce les autres vers des filières de relégation. C’est un système dans lequel enseignants comme élèves ne se retrouvent pas.
Un mot sur les collégiens.
En effet, les élèves qu’accueille le collège –sortis à peine de l’enfance quand ils arrivent en 6ème, mais devenus de jeunes gens en 3ème- vivent en 4 ans une période de profonde transformation physique, psychologique, affective qui peut les perturber et dans laquelle ils leur ai nécessaire de se situer par rapport à leurs pairs (dans un besoin identification et d’appartenance à un groupe) et à leur « père » ou plus globalement aux adultes (dans un besoin d’affirmation et de prise d’indépendance). Ce double mouvement rejaillit en classe ou dans la vie scolaire tant dans la relation entre élèves que dans celle avec les enseignants et l’ensemble des personnels éducatifs.
Un laboratoire pédagogique
Le collège est pourtant un formidable lieu d’innovation. De nombreux enseignants, de nombreuses équipes pédagogiques se sont déjà emparés des faibles marges de manœuvre disponibles pour mettre en pratique des démarches qui favorisent la bienveillance, l’évaluation positive, la participation et la coopération, les projets, les complémentarités entre disciplines… Mais cela repose le plus souvent sur les bonnes volontés, se fait sans accompagnement, sans reconnaissance de l’institution et ne dure qu’un temps.
Ce dont le collège a aujourd’hui besoin
Or, s’il est indispensable aujourd’hui de réformer le collège, il est essentiel que cette transformation s’inscrive dans la pérennité et doit s’appuyer sur 4 piliers :
– Conforter le collège unique
En finir avec les pré-filières et les orientations précoces en proposant à chaque élève une même scolarité. Cette base est indispensable pour lutter contre une société à deux vitesses, renforcée par l’école et qui conduit à la destruction du lien social, au repli sur soi et à la monté des populismes et des extrémismes
– Faire du collège le second étage du socle commun
En le liant –comme le prévoit la loi- davantage dans la continuité de l’école primaire et en en faisant le lieu d’acquisition et de renforcement des compétences indispensable dans le cadre de la scolarité obligatoire. Dans ce cadre l’évaluation en fin de collège doit conduire à valider l’acquisition de toutes ces compétences.
– Éduquer au-delà des frontières disciplinaires -pour reprendre le titre du dossier de veille de l’IFÉ qui vient de paraître (n° 100 • Mars 2015). Si les disciplines sont les bases essentielles d’approche des savoirs, elles ne doivent pas conduire à des enfermements mais au contraire, dans un dialogue entre elles, permettre une ouverture au monde et la compréhension de sa complexité.
– Donner aux collégiens une place d’acteurs de leurs apprentissages. Essentiel pour qu’ils participent pleinement dans des parcours, bénéficient d’approches pratiques, soient impliqués dans des projets collectifs, des démarches de recherches et de découvertes
Nous le redisons avec force, l’UNSA éducation porte un syndicalisme réformiste et positif. Nous ne faisons pas partie de ceux qui –à grand renfort de désinformation et d’amalgames- hurlent au scandale lorsque la ministre parle du collège comme d’un « maillon faible » et au danger face à son évolution.
Alors certes- la réforme qui nous est proposée aujourd’hui n’est pas entièrement celle que nous aurions souhaitée. Mais, elle va dans le bon sens. Elle est une étape. Elle devra être renforcée et précisée. Des syndicats de la fédération portent des amendements. Nous souhaitons qu’ils soient pris en compte, mais nous n’avons peur ni d’un compromis ni d’avancer pas à pas pour faire de notre système éducatif celui de la réussite de tous et de chacun.