Pour la Cour des comptes, l’éducation à la citoyenneté doit « beaucoup » mieux faire
Beaucoup d’initiatives mais aussi beaucoup de dispersion, peu de visibilité et de valorisation des expériences de terrain et au bout du compte, une méconnaissance par les professeurs et les élèves de cette grande action publique qu’est l’éducation à la citoyenneté, « dans » et «en dehors » de l’école. Le rapport de la Cour des comptes publié en novembre 2021 n’est pas tendre avec l’institution au sens large, qu’il s’agisse du MENJS ou des autres acteurs du champ socio-éducatif en charge de cette question.
Freins multiples
Concernant le MENJS, la haute juridiction met en avant de nombreux freins liés à l’organisation scolaire : monodisciplinarité des professeurs, contrainte des programmes, faible poids de l’EMC (Enseignement moral et civique) dans les emplois du temps, absence d’horaire et de programme pour l’EMI (Éducation aux média et à l’information), dispositif d’évaluation très incomplet, manque de considération de la part des inspecteurs et d’une partie des personnels d’encadrement et de direction.
Pour ce qui est du Parcours citoyen, le constat n’est pas meilleur. Initié en 2015, ce parcours a pour objet de faire connaître les valeurs de la République et d’amener tous les élèves, de l’école élémentaire à la terminale, à devenir des citoyens libres et responsables en complétant l’EMC par des actions pluridisciplinaires et des pédagogies actives invitant à nouer des partenariats extérieurs comme à mettre en pratique la démocratie au sein même des établissements. Le rapport pointe du doigt un pilotage défaillant du dispositif et un manque de coordination entre les structures et les niveaux hiérarchiques d’organisation. Il est également question du travail effectué dans les établissements sur la mémoire, souvent décrié comme « des coups de projecteur épisodiques » qui interrogent par rapport aux apprentissages dans la durée.
Problème de pilotage
La Cour relève même « une méconnaissance quasi générale au niveau académique de la mise en œuvre du parcours citoyen car il n’existe aucun dispositif de recensement, ce qui entrave toute possibilité de promotion et de diffusion des nombreuses expériences réussies, comme celles que l’enquête de terrain a permis d’observer ».
Au chapitre des préconisations et solutions, la formation initiale et continue de tous les enseignants est un levier central selon la Cour, qui estime qu’il manque plus que tout d’ « un véritable pilote opérationnel des actions de formation et d’engagement de la politique en faveur de la citoyenneté ». Un tel pilote permettrait ainsi de fluidifier l’articulation entre les dispositifs, de coordonner et renforcer l’investissement des différents partenaires. Il conviendrait également de renforcer la place de la formation à la citoyenneté dans tous les enseignements disciplinaires et dans les vérifications des connaissances et certifications du second degré, en introduisant par exemple, dans les examens nationaux, « une évaluation de l’engagement des élèves au cours de leur scolarité ».
L’UNSA Éducation, qui a toujours soutenu les politiques publiques en faveur de l’éducation à la citoyenneté, ne peut que se féliciter que ce sujet mobilise au plus haut sommet de l’Etat et y résonne plus que jamais comme une priorité nationale. Il s’avère que la question de son pilotage national, académique, territorial, pose désormais celle d’une urgence à produire un effort collectif mieux organisé pour un meilleur déploiement dans les établissements comme dans les projets partenariaux.