Portugal, comment va ton école depuis mai 2014 ?

En mai 2014, le Portugal sortait du programme triennal d’assistance financière imposé par la Troïka. Pour cette rentrée 2014, nous interrogeons nos collègues de la « FNE » affiliés –comme nous, UNSA Éducation– à l’Internationale de l’Éducation sur les conséquences de cette sortie du plan d’aide pour l’école portugaise. Leurs réponses semblent indiquer que l’éducation de qualité reste un rêve encore très lointain.

Depuis 2013, les conditions de vie et de travail, se sont encore détériorées. La rentrée scolaire 2014 débute avec moins d’enseignants encore mais avec des journées de travail en établissement plus longues. Moins nombreux sont les enseignants qui bénéficient d’une affectation définitive, les salaires sont bloqués et la formation continue –passage obligé de la progression de carrière- n’a plus de ressources. Pour tous, il en résulte une perte du pouvoir d’achat et pour un nombre de plus en plus important d’enseignants, une difficulté à s’établir dans une vie familiale.

Une énorme pénurie d’enseignants mais de ténus changements annoncés
Cette année, le ministère de l’éducation est en passe de titulariser 2000 enseignants mais, la pénurie reste énorme. Après 5 ans sans ouverture de postes et une perte nette de 30.000 professeurs, ils ne sont plus que 100.000 à la rentrée de septembre.

Une réorganisation avec des bouts de ficelles !

Des centaines d’écoles primaires ont été regroupées en « méga-groupements » qui peuvent compter jusqu’à 5.000 élèves. Des milliers de cadres (professeurs chargés anciennement de la formation initiale des enseignants) ont dû compenser la pénurie en allant enseigner dans les écoles.

6000 d’entre eux ont étés affectés, pour l’année scolaire seulement, dans des zones pédagogiques d’enseignement dont la taille a triplé. Concrètement, ils peuvent parcourir de 150 à 400 km par jour pour rejoindre leur lieu d’exercice, sans indemnité compensatoire de déplacement.

Du côté du curriculum, la réorganisation a également bouleversé quelques groupes disciplinaires qui ont perdu des heures. Ce sont, comme souvent, les enseignements artistiques qui en ont fait les frais !

Salaires, formation professionnelle, carrière, retraite et pouvoir d’achat, tout a rétréci !
Un enseignant débutant touchera 950€ net par mois pour un temps de travail hebdomadaire de 37 à 40 heures sur place(*). Son collègue expérimenté 16 ans d’expérienceobtiendra 1100€ nets et, en fin de carrière, le salaire ne dépassera pas les 1200€.

Pour cet enseignant débutant, s’il réside à Porto ou Lisbonne, le loyer de son petit studio engloutira près de 80 % de son salaire.

Quant à leurs aînés déjà retraités, rien ne va plus ! Leur pouvoir d’achat a singulièrement chuté (– 34 % environ). Deux raisons à cela : les cotisations sociales ont augmenté et la base de calcul de la pension a encore diminué de 10 %.

Carrière, ton processus d’accès à la promotion est bancal !
L’avancement des carrières est rythmé par le suivi et la réussite aux examens de la formation continue. Comme les fonds européens dédiés à la formation continue ont été stoppés, un système sans ressources a été trouvé. Mais ce processus génère un profond malaise autant chez les formateurs que chez les enseignants qui espèrent une promotion.

Dans ce principe, l’aspect affectif est pesant et perturbateur. En effet, les formateurs désignés doivent officier là où ils enseignent habituellement. Ainsi le formateur et l’enseignant candidat à la promotion se connaissent, entretiennent des relations de collègues et peuvent même avoir des classes en commun. La difficulté provient du fait que le collègue qui est contraint d’endosser ce rôle de « formateur-évaluateur » décide, lorsqu’il rend son verdict, de la promotion ou non de son collègue.

Si la formation entre pairs est intéressante, il est nécessaire qu’elle soit réalisée en croisant les regards de différents pédagogues aux statuts différents afin qu’elle soit la plus objective possible. Qui plus est, ce travail imposé à certains enseignants se fait sans reconnaissance statutaire ni contrepartie financière.

Même si nos collègues portugais ont payé et continuent de payer un lourd tribut à cette «saida limpa» (sortie propre) de l’assistance financière, ils n’ont pas perdu l’envie d’enseigner.

Comme leurs aînés qui ont bataillé dur pour amener le Portugal à sortir de l’analphabétisme et à conquérir la démocratie, les enseignants de la FNE continuent cette « BATAILLE pour l’ÉDUCATION » car ils savent qu’elle est un rempart contre la pauvreté et le garant d’une société démocratique.

_______________

(*) Un enseignant doit 35 à 40 heures de présence en établissement qui se répartissent ainsi :
• 22 à 25 heures de cours en face à face (selon le niveau d’enseignement)
• 3 heures en « aide d’établissement »
• 12 h qui se répartissent entre les réunions de coordination pédagogiques, en réunions avec la direction de l’école etc

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En mai 2014, le Portugal sortait du programme triennal d’assistance financière imposé par la Troïka. Pour cette rentrée 2014, nous interrogeons nos collègues de la « FNE » affiliés –comme nous, UNSA Éducation– à l’Internationale de l’Éducation sur les conséquences de cette sortie du plan d’aide pour l’école portugaise. Leurs réponses semblent indiquer que l’éducation de qualité reste un rêve encore très lointain.

Depuis 2013, les conditions de vie et de travail, se sont encore détériorées. La rentrée scolaire 2014 débute avec moins d’enseignants encore mais avec des journées de travail en établissement plus longues. Moins nombreux sont les enseignants qui bénéficient d’une affectation définitive, les salaires sont bloqués et la formation continue –passage obligé de la progression de carrière- n’a plus de ressources. Pour tous, il en résulte une perte du pouvoir d’achat et pour un nombre de plus en plus important d’enseignants, une difficulté à s’établir dans une vie familiale.

Une énorme pénurie d’enseignants mais de ténus changements annoncés
Cette année, le ministère de l’éducation est en passe de titulariser 2000 enseignants mais, la pénurie reste énorme. Après 5 ans sans ouverture de postes et une perte nette de 30.000 professeurs, ils ne sont plus que 100.000 à la rentrée de septembre.

Une réorganisation avec des bouts de ficelles !

Des centaines d’écoles primaires ont été regroupées en « méga-groupements » qui peuvent compter jusqu’à 5.000 élèves. Des milliers de cadres (professeurs chargés anciennement de la formation initiale des enseignants) ont dû compenser la pénurie en allant enseigner dans les écoles.

6000 d’entre eux ont étés affectés, pour l’année scolaire seulement, dans des zones pédagogiques d’enseignement dont la taille a triplé. Concrètement, ils peuvent parcourir de 150 à 400 km par jour pour rejoindre leur lieu d’exercice, sans indemnité compensatoire de déplacement.

Du côté du curriculum, la réorganisation a également bouleversé quelques groupes disciplinaires qui ont perdu des heures. Ce sont, comme souvent, les enseignements artistiques qui en ont fait les frais !

Salaires, formation professionnelle, carrière, retraite et pouvoir d’achat, tout a rétréci !
Un enseignant débutant touchera 950€ net par mois pour un temps de travail hebdomadaire de 37 à 40 heures sur place(*). Son collègue expérimenté 16 ans d’expérienceobtiendra 1100€ nets et, en fin de carrière, le salaire ne dépassera pas les 1200€.

Pour cet enseignant débutant, s’il réside à Porto ou Lisbonne, le loyer de son petit studio engloutira près de 80 % de son salaire.

Quant à leurs aînés déjà retraités, rien ne va plus ! Leur pouvoir d’achat a singulièrement chuté (– 34 % environ). Deux raisons à cela : les cotisations sociales ont augmenté et la base de calcul de la pension a encore diminué de 10 %.

Carrière, ton processus d’accès à la promotion est bancal !
L’avancement des carrières est rythmé par le suivi et la réussite aux examens de la formation continue. Comme les fonds européens dédiés à la formation continue ont été stoppés, un système sans ressources a été trouvé. Mais ce processus génère un profond malaise autant chez les formateurs que chez les enseignants qui espèrent une promotion.

Dans ce principe, l’aspect affectif est pesant et perturbateur. En effet, les formateurs désignés doivent officier là où ils enseignent habituellement. Ainsi le formateur et l’enseignant candidat à la promotion se connaissent, entretiennent des relations de collègues et peuvent même avoir des classes en commun. La difficulté provient du fait que le collègue qui est contraint d’endosser ce rôle de « formateur-évaluateur » décide, lorsqu’il rend son verdict, de la promotion ou non de son collègue.

Si la formation entre pairs est intéressante, il est nécessaire qu’elle soit réalisée en croisant les regards de différents pédagogues aux statuts différents afin qu’elle soit la plus objective possible. Qui plus est, ce travail imposé à certains enseignants se fait sans reconnaissance statutaire ni contrepartie financière.

Même si nos collègues portugais ont payé et continuent de payer un lourd tribut à cette «saida limpa» (sortie propre) de l’assistance financière, ils n’ont pas perdu l’envie d’enseigner.

Comme leurs aînés qui ont bataillé dur pour amener le Portugal à sortir de l’analphabétisme et à conquérir la démocratie, les enseignants de la FNE continuent cette « BATAILLE pour l’ÉDUCATION » car ils savent qu’elle est un rempart contre la pauvreté et le garant d’une société démocratique.

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(*) Un enseignant doit 35 à 40 heures de présence en établissement qui se répartissent ainsi :
• 22 à 25 heures de cours en face à face (selon le niveau d’enseignement)
• 3 heures en « aide d’établissement »
• 12 h qui se répartissent entre les réunions de coordination pédagogiques, en réunions avec la direction de l’école etc