Politiques éducatives des territoires : une nouvelle mission ministérielle démarre

Une nouvelle mission ministérielle : nouvelle pierre apportée à l’édifice en construction du renouveau des politiques territoriales  d’éducation ? Ou nouvelle pièce d’un puzzle bien éparpillé qui a commencé avec l’annonce de la fusion des académies ? C’est un sujet complexe et loin d’être uniforme. La qualité du service public d’Éducation sur l’ensemble du territoire et les conditions d’exercice de l’ensemble des personnels sont prioritaires. Et cela se pense bien en terme de politique éducative globale, il va être nécessaire de rassembler toutes ces pièces de puzzle  pour construire sereinement l’école de demain.
La  mission
Confiée à Ariane Azema (IGAENR) et Pierre Mathiot (Prof des Universités, auteur du rapport sur les lycées), la mission a pour objectif d’apporter une vision globale de ce que doit être la politique territoriale de l’éducation nationale.  Une politique territoriale d’éducation doit viser l’élévation générale du niveau des élèves et  la justice sociale pour tous quel que soit son lieu de vie et de scolarisation. Pierre Mathiot et Ariane Azéma présenteront leurs éléments de réflexion au ministre début novembre 2018 et lui rendront leur rapport en juin 2019, pour une mise en œuvre de la réforme à la rentrée 2020.
Evaluation de l’éducation prioritaire
Le cadrage ministériel évoque « les évaluations les plus récentes des dispositifs existants » en politique d’éducation prioritaire, car ces derniers ne donneraient que des « résultats mitigés ». De quoi parle-t-on ? Du dispositif Plus De Maîtres Que de Classes en voie de disparition au profit des seuls CP et CE1 dédoublés ? Dispositif amené à disparaitre sans lui avoir laissé le temps de la mise en œuvre progressive et de sa prise en main par les équipes…. Ou alors des primes données à certains personnels de l’éducation prioritaire, sans en avoir mesuré l’impact ? Ou encore des conséquences des classes dédoublées sur les effectifs des autres ?
Une idée chasse l’autre, parfois la nouvelle coexiste un temps avec l’ancienne… et puis sort du chapeau une mission et ses préconisations pour aplanir le tout. La refonte de l’implantation géographique de l’éducation prioritaire est en jeu. Pour l’Unsa Education, l’évolution de cette carte n’est pas une fin en soi. L’amélioration de la réussite des élèves passe aussi par l’accompagnement des équipes éducatives et des familles. Un accompagnement éducatif en développement professionnel,  un accompagnement social basé sur la co-éducation et un accompagnement par une réelle politique de santé scolaire ambitieuse qui prend soin des personnels et des élèves.
Prendre en compte la ruralité….
Cette nouvelle mission succède à un rapport tout juste publié de la mission ruralité (Mission ruralité, Organisation et pilotage du système éducatif, Rapport IGEN/IGAENR). Son premier constat : absence d’un consensus sur le besoin d’une stratégie éducative dédiée à la réussite des élèves issus du milieu rural. « La ruralité est l’objet d’une politique scolaire par défaut », elle est peu harmonisée et en devient peu visible nationalement.
Second constat : des territoires et des enjeux spécifiques insuffisamment pris en charge dans l’organisation actuelle de l’éducation nationale. Il en ressort des éléments discriminants qui justifieraient effectivement une politique scolaire rurale ciblée, certains territoires ruraux accumulent des difficultés économiques, sociales et démographiques qui ont des incidences scolaires.
La grande pauvreté n’est pas qu’urbaine ! Quels moyens ? Quel accompagnement des équipes éducatives, des familles ? Le dispositif pré-cité PDMQDC pouvait de déployer en zone rurale, il a fait l’objet des premières économies de postes …. Et les réseaux d’aide (RASED), comment ces personnels peuvent-ils remplir leurs missions quand à Noël, l’enveloppe budgétaire des déplacements pour l’année scolaire est épuisée ? L’éloignement, l’isolement ont des conséquences multiples sur l’éducation des jeunes ruraux, comme par exemple les possibilités restreintes d’orientation (impossible à penser l’éloignement familial pour suivre une voie d’étude et donc autocensure dans le choix d’orientation). Mais on pourrait aussi évoquer les freins à l’accès à l’éducation artistique et culturelle, ou la difficulté à suivre  des séances d’orthophonie….

…Et ne pas oublier d’inclure les territoires ultramarins
Eloignés de l’hexagone, mais en proie aussi à des difficultés spécifiques, qu’il faudra bien finir par  prendre en compte, l’Unsa Education veillera à ce que cette mission ministérielle n’oublie pas nos territoires ultramarins. L’attractivité de ces territoires ne fonctionnent plus, beaucoup trop  de contractuels (400 en Guyane et Réunion à cette rentrée soit 1/3 des postes avec des personnels non formés) ; des difficultés matérielles récurrentes avec des locaux insalubres, inadaptés ; des structures éducatives isolées victimes parfois de violences….
Pour l’UNSA Éducation, l’évolution de l’organisation territoriale ne peut aboutir à une transformation uniforme. L’équité entre territoires de la République est une de nos préoccupations permanentes, et elle englobe les territoires ultramarins. Les évolutions d’une politique éducative territoriale doivent avant tout répondre aux objectifs d’amélioration du service public d’éducation, de gestion des ressources humaines et d’aménagement du territoire. Elles ne peuvent être guidées par le seul objectif économique.

 


Mission ruralité, Organisation et pilotage du système éducatif, Rapport IGEN/IGAENR Rapport à lire par ici.

les objectifs de la mission par là: education.gouv.fr/

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Une nouvelle mission ministérielle : nouvelle pierre apportée à l’édifice en construction du renouveau des politiques territoriales  d’éducation ? Ou nouvelle pièce d’un puzzle bien éparpillé qui a commencé avec l’annonce de la fusion des académies ? C’est un sujet complexe et loin d’être uniforme. La qualité du service public d’Éducation sur l’ensemble du territoire et les conditions d’exercice de l’ensemble des personnels sont prioritaires. Et cela se pense bien en terme de politique éducative globale, il va être nécessaire de rassembler toutes ces pièces de puzzle  pour construire sereinement l’école de demain.
La  mission
Confiée à Ariane Azema (IGAENR) et Pierre Mathiot (Prof des Universités, auteur du rapport sur les lycées), la mission a pour objectif d’apporter une vision globale de ce que doit être la politique territoriale de l’éducation nationale.  Une politique territoriale d’éducation doit viser l’élévation générale du niveau des élèves et  la justice sociale pour tous quel que soit son lieu de vie et de scolarisation. Pierre Mathiot et Ariane Azéma présenteront leurs éléments de réflexion au ministre début novembre 2018 et lui rendront leur rapport en juin 2019, pour une mise en œuvre de la réforme à la rentrée 2020.
Evaluation de l’éducation prioritaire
Le cadrage ministériel évoque « les évaluations les plus récentes des dispositifs existants » en politique d’éducation prioritaire, car ces derniers ne donneraient que des « résultats mitigés ». De quoi parle-t-on ? Du dispositif Plus De Maîtres Que de Classes en voie de disparition au profit des seuls CP et CE1 dédoublés ? Dispositif amené à disparaitre sans lui avoir laissé le temps de la mise en œuvre progressive et de sa prise en main par les équipes…. Ou alors des primes données à certains personnels de l’éducation prioritaire, sans en avoir mesuré l’impact ? Ou encore des conséquences des classes dédoublées sur les effectifs des autres ?
Une idée chasse l’autre, parfois la nouvelle coexiste un temps avec l’ancienne… et puis sort du chapeau une mission et ses préconisations pour aplanir le tout. La refonte de l’implantation géographique de l’éducation prioritaire est en jeu. Pour l’Unsa Education, l’évolution de cette carte n’est pas une fin en soi. L’amélioration de la réussite des élèves passe aussi par l’accompagnement des équipes éducatives et des familles. Un accompagnement éducatif en développement professionnel,  un accompagnement social basé sur la co-éducation et un accompagnement par une réelle politique de santé scolaire ambitieuse qui prend soin des personnels et des élèves.
Prendre en compte la ruralité….
Cette nouvelle mission succède à un rapport tout juste publié de la mission ruralité (Mission ruralité, Organisation et pilotage du système éducatif, Rapport IGEN/IGAENR). Son premier constat : absence d’un consensus sur le besoin d’une stratégie éducative dédiée à la réussite des élèves issus du milieu rural. « La ruralité est l’objet d’une politique scolaire par défaut », elle est peu harmonisée et en devient peu visible nationalement.
Second constat : des territoires et des enjeux spécifiques insuffisamment pris en charge dans l’organisation actuelle de l’éducation nationale. Il en ressort des éléments discriminants qui justifieraient effectivement une politique scolaire rurale ciblée, certains territoires ruraux accumulent des difficultés économiques, sociales et démographiques qui ont des incidences scolaires.
La grande pauvreté n’est pas qu’urbaine ! Quels moyens ? Quel accompagnement des équipes éducatives, des familles ? Le dispositif pré-cité PDMQDC pouvait de déployer en zone rurale, il a fait l’objet des premières économies de postes …. Et les réseaux d’aide (RASED), comment ces personnels peuvent-ils remplir leurs missions quand à Noël, l’enveloppe budgétaire des déplacements pour l’année scolaire est épuisée ? L’éloignement, l’isolement ont des conséquences multiples sur l’éducation des jeunes ruraux, comme par exemple les possibilités restreintes d’orientation (impossible à penser l’éloignement familial pour suivre une voie d’étude et donc autocensure dans le choix d’orientation). Mais on pourrait aussi évoquer les freins à l’accès à l’éducation artistique et culturelle, ou la difficulté à suivre  des séances d’orthophonie….

…Et ne pas oublier d’inclure les territoires ultramarins
Eloignés de l’hexagone, mais en proie aussi à des difficultés spécifiques, qu’il faudra bien finir par  prendre en compte, l’Unsa Education veillera à ce que cette mission ministérielle n’oublie pas nos territoires ultramarins. L’attractivité de ces territoires ne fonctionnent plus, beaucoup trop  de contractuels (400 en Guyane et Réunion à cette rentrée soit 1/3 des postes avec des personnels non formés) ; des difficultés matérielles récurrentes avec des locaux insalubres, inadaptés ; des structures éducatives isolées victimes parfois de violences….
Pour l’UNSA Éducation, l’évolution de l’organisation territoriale ne peut aboutir à une transformation uniforme. L’équité entre territoires de la République est une de nos préoccupations permanentes, et elle englobe les territoires ultramarins. Les évolutions d’une politique éducative territoriale doivent avant tout répondre aux objectifs d’amélioration du service public d’éducation, de gestion des ressources humaines et d’aménagement du territoire. Elles ne peuvent être guidées par le seul objectif économique.

 


Mission ruralité, Organisation et pilotage du système éducatif, Rapport IGEN/IGAENR Rapport à lire par ici.

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