PISA : La France n’avance pas

L’éducation en France ? Pas vraiment mauvaise, mais pas aussi bonne qu’on le prétend. Telle est l’appréciation ressentie à la lecture des résultats de la dernière enquête Pisa, le programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves, qui viennent d’être dévoilés. Jamais notre pays n’est mal classé sur les 79 en lice, à l’exception du climat scolaire (nous en reparlerons), mais jamais nous ne montrons, d’enquête en enquête, de nette amélioration de notre système scolaire, notamment en matière d’égalité des chances. Un classement tout juste supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE qui peut légitimement interroger à l’heure du train soutenu de grandes réformes nationales. En voici les principales lignes.

Ce sont 6.300 élèves âgés de 15 ans issus de 252 établisements qui ont été évalués l’an dernier selon une méthode éprouvée depuis 2000 par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et dont les réponses valent à notre pays d’être classé en tête d’une seconde division qui commencerait au-delà de la 15e place.

Certes, il ne s’agit pas d’une compétition mondiale entre adversaires mais d’un état des lieux de l’efficience des différents sytèmes éducatifs de par le monde, observatoire dont les cartes sont rebattues tous les trois ans. Pour autant, il semble qu’il y ait chez nous une certaine culture hexagonale de l’invariance. Compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences, sur ces trois champs disciplinaires, les élèves sélectionnés ont, encore une fois, montré des résultats légèrement au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, avec 16% d’entre eux qui s’avèrent être très performants dans au moins un des domaines, contre 13% en difficulté dans au moins un des trois domaines.

LECTURE, MATHS, SCIENCES

Pour la compréhension de l’écrit, les pays de l’OCDE les plus performants sont le Canada, l’Estonie, la Finlande et l’Irlande avec un score moyen d’environ 520 points alors que la France est 15e avec 493 points. Dans ce domaine, il semble que nos élèves sont plus à l’aise avec la demande de localiser une information dans un texte que face à une demande de compréhension de texte, voire d’analyse et de réflexion.

Même classement pour la France en mathématiques, proche de l’Allemagne, de l’Autriche, de l’Australie, de la Norvège, du Portugal, du Royaume-Uni. Ainsi, 79% de nos élèves ont atteint au moins le niveau 2, c’est-à-dire qu’ils peuvent « interpréter et reconnaître, sans instructions directes, comment une situation (simple) peut être représentée mathématiquement » (en comparant la distance totale entre deux itinéraires alternatifs par exemple). Un élève sur neuf est très performant : « ces élèves peuvent modéliser mathématiquement des situations complexes et peuvent choisir, comparer et évaluer des stratégies appropriées de résolution de problèmes pour y faire face ».Toutefois, et cela fait réfléchir, en Asie, ce sont six pays qui voient le taux de très bons élèves atteindre jusqu’à 44% de la population scolaire interrogée.

En culture scientifique, la France se classe, comme en 2015, entre la 16e et la 23e place parmi les pays de l’OCDE. Si 6,6% de nos élèves se sont révélés très performants, quatre élèves sur cinq ont atteint le niveau 2 ou plus à partir duquel l’élève est censé « reconnaître l’explication correcte de phénomènes scientifiques familiers et utiliser ces connaissances pour identifier, dans des cas simples, si une conclusion est valable sur la base des données fournies ».

ORIGINE SOCIALE

A la question de l’origine sociale des élèves, par contre, la France affiche des écarts très importants. Au regard de l’enquête, il ressort que dans l’hexagone, cet écart entre des élèves dits favorisés et les résultats des élèves dits défavorisés est de 18 points supérieurs à la moyenne (cet écart était de 23 points en 2009). L’enquête pointe aussi le phénomène de concentration des élèves les plus faibles dans les mêmes établissements (du fait de la coexistence des LGT et des lycées professionnels) qui vaut à un élève français défavorisé de n’avoir « qu’une chance sur six de fréquenter le même lycée qu’un élève très performant ».

Autre élément concernant l’impact de l’environnement socio-economique : « De nombreux élèves issus de milieu défavorisé, ont des ambitions moins élevées que ce à quoi on pourrait s’attendre compte tenu de leurs résultats scolaires. En France, un élève défavorisé sur cinq ayant de bons résultats ne prévoit pas terminer ses études supérieures – alors que cette proportion est très faible parmi les élèves favorisés ».

Au chapitre de l’équité liée au genre, on notera que chez nous, « près de trois filles sur quatre ont déclaré que lorsqu’elles échouent, elles ont peur de ne pas avoir assez de talent, ou elles doutent de leurs plans pour l’avenir. Seulement un garçon sur deux est dans ce cas ». Cependant, «contrairement à ce qui est observé dans de nombreux pays, en France, les filles ont exprimé plus souvent que les garçons des sentiments positifs ».

BIEN-ÊTRE SCOLAIRE

Climat scolaire, attitudes et pratiques des enseignants, problèmes de comportements des élèves, bien-être des élèves, implications des parents dans les activités scolaires sont les autres chapitres qui s’intéressent à l’aspect qualitatif de l’école. A ces chapitres que nous détaillerons parallèlement, retenons que 20% des élèves français ont déclaré être victimes d’acte de harcèlement au moins quelques fois par mois (23% en moyenne dans les pays de l’OCDE), que nous sommes parmi les pays où les élèves déclarent percevoir le moins le soutien de la part de leurs enseignants, et que nous figurons également parmi les trois pays où « les élèves font état des plus grandes préoccupations liées aux problèmes de discipline en classe. Il n’y a qu’en Argentine et au Brésil où l’indice du climat de discipline est inférieur à la moyenne observée en France », souligne l’enquête Pisa.

Ce sont enfin seulement 11% des parents d’élèves qui ont participé à la gestion de l’école en France contre 17% aux moyennes de l’OCDE.

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L’éducation en France ? Pas vraiment mauvaise, mais pas aussi bonne qu’on le prétend. Telle est l’appréciation ressentie à la lecture des résultats de la dernière enquête Pisa, le programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves, qui viennent d’être dévoilés. Jamais notre pays n’est mal classé sur les 79 en lice, à l’exception du climat scolaire (nous en reparlerons), mais jamais nous ne montrons, d’enquête en enquête, de nette amélioration de notre système scolaire, notamment en matière d’égalité des chances. Un classement tout juste supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE qui peut légitimement interroger à l’heure du train soutenu de grandes réformes nationales. En voici les principales lignes.

Ce sont 6.300 élèves âgés de 15 ans issus de 252 établisements qui ont été évalués l’an dernier selon une méthode éprouvée depuis 2000 par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et dont les réponses valent à notre pays d’être classé en tête d’une seconde division qui commencerait au-delà de la 15e place.

Certes, il ne s’agit pas d’une compétition mondiale entre adversaires mais d’un état des lieux de l’efficience des différents sytèmes éducatifs de par le monde, observatoire dont les cartes sont rebattues tous les trois ans. Pour autant, il semble qu’il y ait chez nous une certaine culture hexagonale de l’invariance. Compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences, sur ces trois champs disciplinaires, les élèves sélectionnés ont, encore une fois, montré des résultats légèrement au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, avec 16% d’entre eux qui s’avèrent être très performants dans au moins un des domaines, contre 13% en difficulté dans au moins un des trois domaines.

LECTURE, MATHS, SCIENCES

Pour la compréhension de l’écrit, les pays de l’OCDE les plus performants sont le Canada, l’Estonie, la Finlande et l’Irlande avec un score moyen d’environ 520 points alors que la France est 15e avec 493 points. Dans ce domaine, il semble que nos élèves sont plus à l’aise avec la demande de localiser une information dans un texte que face à une demande de compréhension de texte, voire d’analyse et de réflexion.

Même classement pour la France en mathématiques, proche de l’Allemagne, de l’Autriche, de l’Australie, de la Norvège, du Portugal, du Royaume-Uni. Ainsi, 79% de nos élèves ont atteint au moins le niveau 2, c’est-à-dire qu’ils peuvent « interpréter et reconnaître, sans instructions directes, comment une situation (simple) peut être représentée mathématiquement » (en comparant la distance totale entre deux itinéraires alternatifs par exemple). Un élève sur neuf est très performant : « ces élèves peuvent modéliser mathématiquement des situations complexes et peuvent choisir, comparer et évaluer des stratégies appropriées de résolution de problèmes pour y faire face ».Toutefois, et cela fait réfléchir, en Asie, ce sont six pays qui voient le taux de très bons élèves atteindre jusqu’à 44% de la population scolaire interrogée.

En culture scientifique, la France se classe, comme en 2015, entre la 16e et la 23e place parmi les pays de l’OCDE. Si 6,6% de nos élèves se sont révélés très performants, quatre élèves sur cinq ont atteint le niveau 2 ou plus à partir duquel l’élève est censé « reconnaître l’explication correcte de phénomènes scientifiques familiers et utiliser ces connaissances pour identifier, dans des cas simples, si une conclusion est valable sur la base des données fournies ».

ORIGINE SOCIALE

A la question de l’origine sociale des élèves, par contre, la France affiche des écarts très importants. Au regard de l’enquête, il ressort que dans l’hexagone, cet écart entre des élèves dits favorisés et les résultats des élèves dits défavorisés est de 18 points supérieurs à la moyenne (cet écart était de 23 points en 2009). L’enquête pointe aussi le phénomène de concentration des élèves les plus faibles dans les mêmes établissements (du fait de la coexistence des LGT et des lycées professionnels) qui vaut à un élève français défavorisé de n’avoir « qu’une chance sur six de fréquenter le même lycée qu’un élève très performant ».

Autre élément concernant l’impact de l’environnement socio-economique : « De nombreux élèves issus de milieu défavorisé, ont des ambitions moins élevées que ce à quoi on pourrait s’attendre compte tenu de leurs résultats scolaires. En France, un élève défavorisé sur cinq ayant de bons résultats ne prévoit pas terminer ses études supérieures – alors que cette proportion est très faible parmi les élèves favorisés ».

Au chapitre de l’équité liée au genre, on notera que chez nous, « près de trois filles sur quatre ont déclaré que lorsqu’elles échouent, elles ont peur de ne pas avoir assez de talent, ou elles doutent de leurs plans pour l’avenir. Seulement un garçon sur deux est dans ce cas ». Cependant, «contrairement à ce qui est observé dans de nombreux pays, en France, les filles ont exprimé plus souvent que les garçons des sentiments positifs ».

BIEN-ÊTRE SCOLAIRE

Climat scolaire, attitudes et pratiques des enseignants, problèmes de comportements des élèves, bien-être des élèves, implications des parents dans les activités scolaires sont les autres chapitres qui s’intéressent à l’aspect qualitatif de l’école. A ces chapitres que nous détaillerons parallèlement, retenons que 20% des élèves français ont déclaré être victimes d’acte de harcèlement au moins quelques fois par mois (23% en moyenne dans les pays de l’OCDE), que nous sommes parmi les pays où les élèves déclarent percevoir le moins le soutien de la part de leurs enseignants, et que nous figurons également parmi les trois pays où « les élèves font état des plus grandes préoccupations liées aux problèmes de discipline en classe. Il n’y a qu’en Argentine et au Brésil où l’indice du climat de discipline est inférieur à la moyenne observée en France », souligne l’enquête Pisa.

Ce sont enfin seulement 11% des parents d’élèves qui ont participé à la gestion de l’école en France contre 17% aux moyennes de l’OCDE.