« Passe ton bac d’abord ! »

C’est fait ! Et même c’est réussi pour environ 550 000 jeunes des 687 000 jeunes qui se présentaient au baccalauréat cette année. « Nous vivons dans un drôle de pays, affirmait Benoit Hamon, ministre de l’Éducation nationale (dans sa conclusion de la table ronde consacrée à la liaison entre l’École et l’insertion professionnelle lors de la Grande conférence sociale), le bac, lorsqu’on l’a, ne sert à rien, mais il faut l’avoir pour pouvoir continuer ses études et s’insérer dans la vie professionnelle ».

C’est fait ! Et même c’est réussi pour environ 550 000 jeunes des 687 000 jeunes qui se présentaient au baccalauréat cette année. « Nous vivons dans un drôle de pays, affirmait Benoit Hamon, ministre de l’Éducation nationale (dans sa conclusion de la table ronde consacrée à la liaison entre l’École et l’insertion professionnelle lors de la Grande conférence sociale), le bac, lorsqu’on l’a, ne sert à rien, mais il faut l’avoir pour pouvoir continuer ses études et s’insérer dans la vie professionnelle ». Paradoxe, en effet, que toute cette scolarité orientée vers l’obtention d’un diplôme qui n’a qu’une valeur très relative, mais qui est totalement discriminant pour ceux qui ne l’on pas.


La FAGE faisait –très justement- remarquer qu’ainsi l’année de terminale « sert davantage à préparer le bac qu’à préparer l’entrée dans l’enseignement supérieur ». Étrange quand on rappelle que justement le baccalauréat se veut le premier titre universitaire… D’autant plus questionnant que ce n’est pas la seule année de terminale qui est dédié à la réussite du bac, mais l’ensemble du lycée et pour certains déjà le collège, vécu comme un pré-lycée… De là à penser que l’école devrait être orienté vers cet objectif lointain et que le bout de la scolarité obligatoire devrait se conclure par son obtention, à 18 ans, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir allégrement à grands coups d’exposition des élèves aux savoirs.


Ainsi, sont doublement mythifier des parcours linéaires et sans faute, faisant de la France le pays développé avec l’âge de sortie des études le plus bas. Dans notre système normé, nous ne nous donnons pas le temps de l’Éducation. Nous ne donnons surtout pas aux enfants et aux jeunes la possibilité d’avoir du temps, de faire à leur rythme, de pouvoir se tromper, se réorienter, revenir, prolonger leurs études plus tard…


On le sait, cette conception et construction de l’enseignement, ne profitent qu’à ceux qui sont les plus proches de la culture scolaire et expliquent, en grande partie, les conclusions alarmistes des évaluations internationales : notre École, non seulement ne résout pas les inégalités sociales, mais les renforce.


Alors le bac dans tout cela ?


Il n’est certes pas à jeter avec l’eau du bain. Mais sa conception même doit être interrogée avec l’évolution du système éducatif. Changer le bac sans changer le reste ne servirait à rien, mais refonder l’Éducation sans rien modifier au bac actuel n’aurait aucun sens.


Introduire des éléments de contrôle continu, prendre en compte l’acquisition de compétences et non uniquement de connaissances, valoriser des démarches-projets et ne pas seulement évaluer des restitutions d’enseignement… sont autant de pistes d’évolution qu’il faut explorer.


Des épreuves… après le bac ?


Dans le contexte de plus de 80% de résultats positifs, il y a, pour ceux qui ne l’ont pas, une véritable violence à dire que le bac est donné à tous. Le site du ministère de l’Éducation nationale se veut rassurant en écrivant : « Vous n’avez pas eu le bac 2014 ? Pas de panique. L’Onisep vous propose un dossier complet pour avoir toutes les cartes en main avant de décider de votre futur ». Mais ce dossier s’ouvre sur des formules « Redoublement, poursuite d’études, formation professionnelle ou entrée dans la vie active… À chacun de trouver sa solution en cas d’échec au bac », qui renvoient souvent l’élève à son échec et l’obligation de faire seul ses choix… s’il en a vraiment !


Pour ceux qui ont réussi, des questions, des choix et –parfois- des parcours du combattant existent aussi, car si le bac est un sésame pour continuer ses études, il ne donne pas automatiquement une place, une inscription, une orientation.


Commencent alors, pour beaucoup, les difficultés de l’enseignement supérieur avec un taux d’échec très important, particulièrement dans les premières années de licence.


Prenant en compte ces « épreuves », notre revendication à construire le « bac -3/bac +3 » vise à mieux articuler enseignement scolaire et enseignement supérieur et à mieux accompagner le passage de l’élève à l’étudiant.

Benoit Hamon vient –lui aussi de passer son épreuve du bac, sa première en tant que ministre. Il commentera certainement les résultats dans les jours à venir. Il devra surtout en tirer des conséquences. Entre autres, celle de décider d’ouvrir le chantier du lycée et du post-bac dès la rentrée. En cohérence, il devra le faire dans la logique de la Refondation. S’il ne le faisait pas, ce serait condamner encore des générations de jeunes à s’entendre dire « passe ton bac d’abord », sans savoir à quoi cela pourra leur servir.

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

C’est fait ! Et même c’est réussi pour environ 550 000 jeunes des 687 000 jeunes qui se présentaient au baccalauréat cette année. « Nous vivons dans un drôle de pays, affirmait Benoit Hamon, ministre de l’Éducation nationale (dans sa conclusion de la table ronde consacrée à la liaison entre l’École et l’insertion professionnelle lors de la Grande conférence sociale), le bac, lorsqu’on l’a, ne sert à rien, mais il faut l’avoir pour pouvoir continuer ses études et s’insérer dans la vie professionnelle ». Paradoxe, en effet, que toute cette scolarité orientée vers l’obtention d’un diplôme qui n’a qu’une valeur très relative, mais qui est totalement discriminant pour ceux qui ne l’on pas.


La FAGE faisait –très justement- remarquer qu’ainsi l’année de terminale « sert davantage à préparer le bac qu’à préparer l’entrée dans l’enseignement supérieur ». Étrange quand on rappelle que justement le baccalauréat se veut le premier titre universitaire… D’autant plus questionnant que ce n’est pas la seule année de terminale qui est dédié à la réussite du bac, mais l’ensemble du lycée et pour certains déjà le collège, vécu comme un pré-lycée… De là à penser que l’école devrait être orienté vers cet objectif lointain et que le bout de la scolarité obligatoire devrait se conclure par son obtention, à 18 ans, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir allégrement à grands coups d’exposition des élèves aux savoirs.


Ainsi, sont doublement mythifier des parcours linéaires et sans faute, faisant de la France le pays développé avec l’âge de sortie des études le plus bas. Dans notre système normé, nous ne nous donnons pas le temps de l’Éducation. Nous ne donnons surtout pas aux enfants et aux jeunes la possibilité d’avoir du temps, de faire à leur rythme, de pouvoir se tromper, se réorienter, revenir, prolonger leurs études plus tard…


On le sait, cette conception et construction de l’enseignement, ne profitent qu’à ceux qui sont les plus proches de la culture scolaire et expliquent, en grande partie, les conclusions alarmistes des évaluations internationales : notre École, non seulement ne résout pas les inégalités sociales, mais les renforce.


Alors le bac dans tout cela ?


Il n’est certes pas à jeter avec l’eau du bain. Mais sa conception même doit être interrogée avec l’évolution du système éducatif. Changer le bac sans changer le reste ne servirait à rien, mais refonder l’Éducation sans rien modifier au bac actuel n’aurait aucun sens.


Introduire des éléments de contrôle continu, prendre en compte l’acquisition de compétences et non uniquement de connaissances, valoriser des démarches-projets et ne pas seulement évaluer des restitutions d’enseignement… sont autant de pistes d’évolution qu’il faut explorer.


Des épreuves… après le bac ?


Dans le contexte de plus de 80% de résultats positifs, il y a, pour ceux qui ne l’ont pas, une véritable violence à dire que le bac est donné à tous. Le site du ministère de l’Éducation nationale se veut rassurant en écrivant : « Vous n’avez pas eu le bac 2014 ? Pas de panique. L’Onisep vous propose un dossier complet pour avoir toutes les cartes en main avant de décider de votre futur ». Mais ce dossier s’ouvre sur des formules « Redoublement, poursuite d’études, formation professionnelle ou entrée dans la vie active… À chacun de trouver sa solution en cas d’échec au bac », qui renvoient souvent l’élève à son échec et l’obligation de faire seul ses choix… s’il en a vraiment !


Pour ceux qui ont réussi, des questions, des choix et –parfois- des parcours du combattant existent aussi, car si le bac est un sésame pour continuer ses études, il ne donne pas automatiquement une place, une inscription, une orientation.


Commencent alors, pour beaucoup, les difficultés de l’enseignement supérieur avec un taux d’échec très important, particulièrement dans les premières années de licence.


Prenant en compte ces « épreuves », notre revendication à construire le « bac -3/bac +3 » vise à mieux articuler enseignement scolaire et enseignement supérieur et à mieux accompagner le passage de l’élève à l’étudiant.

Benoit Hamon vient –lui aussi de passer son épreuve du bac, sa première en tant que ministre. Il commentera certainement les résultats dans les jours à venir. Il devra surtout en tirer des conséquences. Entre autres, celle de décider d’ouvrir le chantier du lycée et du post-bac dès la rentrée. En cohérence, il devra le faire dans la logique de la Refondation. S’il ne le faisait pas, ce serait condamner encore des générations de jeunes à s’entendre dire « passe ton bac d’abord », sans savoir à quoi cela pourra leur servir.