Parlons vrai, parlons chiffres
Ce conseil d’administration (notre déclaration liminaire) était l’occasion de soumettre à l’approbation des administrateurs le budget initial pour 2021 ainsi qu’une décision modificatrice numéro 2 pour 2020.
Nous avons voté contre ces délibérations budgétaires. Faute d’une stratégie pérenne pour l’agence et malgré le travail rigoureux des services et aussi et surtout dans la mesure où les questions budgétaires de fond (notamment la question des pensions civile) ou les questions de stratégie à moyen et long terme ne sont jamais soumises à débat.
Les chiffres présentés témoignent d’un paradoxe : Malgré la fin du plan de réduction des effectifs qui a amputé sur l’année 2020 nos forces humaines de 71 ETP, la masse salariale est à peine stabilisée.
La cause ? Le poids grandissant des pensions civiles, le GVT (Glissement vieillesse technicité), et le fait que le coût des détachés est largement pris en charge par les établissements.
En transférant à l’agence la charge des pensions civiles de ses personnels expatriés et résidents en 2009, l’État avait alors octroyé une compensation de 100 millions d’euros sur le budget de l’AEFE, compensation déjà insuffisante à l’époque et jamais réévaluée à ce jour. Le poids des pensions est désormais d’environ 170 millions. Le déficit se creuse mécaniquement du fait du GVT, mais également du fait que le taux employeur de contribution pour pensions civiles qui était de 64,4% en 2009 n’a cessé d’augmenter au fil des années pour atteindre 74,28% en 2020.
Les recettes propres diminuent quant à elles de 24,5 millions d’euros, un moindre mal correspondant à une baisse des effectifs d’élèves d’un pourcent environ mais qui cache des fortes disparités dans cette période de crise sanitaire et économique. Les effectifs d’élèves français diminuent sensiblement et sont compensés par une politique d’homologation active qui génère de nouveaux établissements partenaires.
Ce réseau se finance donc avec peine à travers un développement misant sur la privatisation de la gestion des activités scolaires. Une sorte de fuite en avant.
Une stratégie plus pérenne serait d’abord de mettre l’État face à ses responsabilités en terme de pension tout en consolidant le cœur du réseau représenté par les EGD et les établissements conventionnés.
Conscient néanmoins des enjeux budgétaires à l’agence, nous avons tenu à rendre un hommage appuyé aux « hussards noirs de la comptabilité » qui, tant en centrale que dans les établissements, assurent les fonctions budgétaires et comptables dans une période où le recouvrement des droits de scolarité a été rendu périlleux par les difficultés économiques des familles et au moment où le dédoublement des fonctions entre agents comptables et secrétaires généraux obligent à des réorganisations plus lourdes que prévues dans les services.
Les 150 millions d’euros du plan de soutien auront été, dans ce contexte, une aide et un soulagement pour la trésorerie de nombreux établissements. Cependant nous nous sommes à nouveau élevés contre la phase 2 du plan d’urgence qui abandonne toute aide aux parents d’élèves étrangers sous forme de remises gracieuses pour l’année 2021. Or, dans de nombreux pays les effets de la crise sanitaires sur les budgets des ménages ont été différés et c’est en cette année 2021 plus que jamais que de nombreuses familles auraient besoin d’une aide afin de maintenir la scolarisation de leurs enfants dans le réseau.
Après l’hommage rendu à Samuel Paty par le Président de ce conseil d’administration, nous nous sommes associés à la douleur ressentie suite à cet assassinat et avons réaffirmé notre attachement à la liberté d’expression et à la laïcité dans un moment où ces thèmes ont été pris en otage par certains pays. La richesse et la spécificité de notre système d’enseignement reposant sur cette expression vivante de nos valeurs républicaines et laïques dans une pédagogie ouverte et engagée.