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Parité en politique : Peut mieux faire

Depuis la loi du 6 juin 2000, la parité en politique a objectivement progressé. Aujourd’hui on compte 37,3% d’élues, une présidente de l’Assemblée nationale, une Première ministre. On pourrait s’en réjouir pourtant, en y regardant de plus près, la parité semble s’essouffler. C’est ce que montre le rapport sur la parité en politique rendu par le Haut Conseil à l’Egalité (HCE) datant de décembre 2022. L’UNSA Education fait un bilan de ce travail fouillé qui s’est basé sur l’audition d’une vingtaine de personnalité (politiques, chercheur.euses, juristes, essayistes etc.)

Un plafond de verre

Les autrices du rapport pointent un paradoxe :  s’il y a plus de candidates, il y a moins d’élues, notamment parce que les partis politiques présentent plus facilement des femmes dans les endroits jugés « peu gagnables ».

De même derrière la parité purement « quantitative » qui est respectée, on constate que les responsabilités sont mal partagées. Ainsi les ministères les plus prestigieux, de plein exercice sont 11 sur 16 à être tenus par des hommes, alors que 9 sur 10 secrétaires d’Etat sont des femmes.

De plus, les mandats des femmes politiques sont encore trop liés aux stéréotypes de genre qui, décidément, ont la vie dure. Les femmes sont surreprésentées dans ce qui touche à la petite enfance et la famille (8/10 dans les commissions) et quasiment absentes ailleurs (1/10 dans la sécurité) d’ailleurs 7 femmes sur 9 siègent dans les ministères sociaux alors qu’on compte 4 hommes sur 5 dans les ministères régaliens.

Enfin, à mandat égal, le travail est différent : « aux hommes la parole, aux femmes les dossiers » résume le rapport. Les hommes se réservant les « tâches à forte valeur sociale ajoutée » : prise de parole, micros tendus, les femmes préférant profiter de ces moments pour travailler les dossiers dans leurs bureaux.

Ce nouveau plafond de verre est l’héritier d’un poids de l’Histoire encore écrasant.

 

Un monde construit par et pour les hommes

Historiquement, on le sait, les femmes ont été exclues très longtemps de la politique. On trouvait normal que, ne disposant pas d’autonomie de jugement, elles soient exclues de la sphère publique. Il faut attendre 1944 pour qu’elles deviennent des citoyennes actives avec le droit de vote. Ce sont sur ces bases historiques que l’incarnation politique s’est construite sans les femmes : un modèle viril, un homme providentiel, qui disqualifie encore les femmes pour la pratique du pouvoir.

Cela s’illustre dans la pratique politique : les hommes cumulent bien plus les mandats, ils sont 80% pour l’ensemble des parlementaires. Ils sont aussi 10 fois plus nombreux à effectuer au moins 4 mandats consécutifs.

Enfin, la culture sexiste imprègne encore fortement les sphères politiques à tous les niveaux : injures, provocations, intimidation, etc. Cette banalisation des violences sexistes et sexuelles ne semble toujours pas être une priorité pour les différents partis politiques. Le rapport exhorte donc à une évolution nécessaire « des codes du pouvoir » afin de dissocier « pouvoir et domination ».

Face à cette situation, le HCE rappelle « qu’on ne peut pas compter sur l’évolution naturelle de notre société qui reste encore marquée par un sexisme ambiant et une culture masculine dans tous les lieux de pouvoir ». 

 

Des recommandations fortes

Afin de diffuser une « culture de la parité », les autrices terminent leur rapport par de nombreuses recommandations.

On peut citer :

–      La mise en place de mesures contraignantes pour assurer la parité dans les lieux de pouvoirs. Ainsi elles préconisent de multiplier par 5 les sanctions financières contre les partis politiques qui ne respecteraient pas leurs obligations.

–      Le fait que la Constitution devrait conférer aux pouvoirs publics le devoir « d’assurer » l’égalité femmes – hommes en politique, et pas seulement de la « favoriser », comme elle le stipule depuis 1999.

–      De mieux lutter contre les violences sexistes en politique, qui « dissuadent les femmes de s’engager », en créant une instance indépendante qui pourrait être saisie « sans risque de représailles », ou d’élargir les pouvoirs de la haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) à la question du respect de l’éthique.

–      De mettre en place un vrai statut de l’élu.e afin de ne plus freiner l’engagement et le maintien des femmes en politique : meilleur accès aux droits et prestations, accompagner l’entrée et la sortie d’un mandat, etc. Il permettrait de mieux conjuguer vie professionnelle, vie personnelle et l’exercice d’un mandat électif.

 

L’UNSA éducation soutient les recommandations du HCE qui rappelle que la « parité en politique est d’abord une nécessité démocratique » en effet, les femmes représentent 51% de la population, on doit donc trouver cette proportion d’élues à toutes les échelles. Ce qui vaut pour le monde politique, vaut bien souvent pour le monde syndical et dans ce domaine, nous devons également créer les conditions d’une réelle égalité femmes-hommes dans notre militantisme.

La loi de 2000, si elle a permis des avancées, semble en fin de course en ce qui concerne le monde politique. Des aménagements et une réelle aspiration au changement apparaissent comme absolument nécessaires.

Cliquer ici : rapport complet du HCE 

 

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