Où sont nos « sauvageons » ?
Le président de la région Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, féru des déclarations qui visent à faire le buzz sur les réseaux et dans les médias, s’était exprimé avant les vacances sur sa volonté de faire signer une charte des droits et des devoirs aux lycéens de sa région. Motif de cette charte ? Une recrudescence des actes malveillants dans les établissements scolaires, sans aucune donnée statistiquement fondée. Quelle sanction pour ceux qui ne respecteraient pas cette charte (et qui seraient donc, lisons-nous entre les lignes, les nouveaux petits « sauvageons » de la République) ? La suppression du Pass’ Région qui octroie jusqu’à 600 € d’aides aux lycéens pour l’achat des manuels scolaires, les sorties culturelles, les activités sportives, le permis de conduire…
Au-delà de la volonté d’indigner une fois encore l’opinion populiste par ses propos électoralement calibrés, Laurent Wauquiez, réitérait ainsi, dans le cadre des compétences régionales – le lycée – la question de régler par l’argent et l’aide publique les possibles débordements comportementaux de certains élèves, résonance faite à l’annonce de la suppression des allocations familiales des parents d’enfants violents en ce début d’année.
« Vieille lubie prétendument destinée à responsabiliser les familles, cette mesure n’a jamais apporté la preuve de son efficacité. Dans une famille, comme ailleurs, on règle rarement des difficultés en ajoutant des difficultés », s’était alors insurgé le vice-président de l’Assemblée Nationale Hugues Renson. En accord avec cette réaction et sans renchérir sur l’annonce de Laurent Wauquiez, pas encore mise en œuvre, il nous semble nécessaire d’émettre quelques rappels.
Chaque établissement d’enseignement a aujourd’hui à sa disposition une batterie de sanctions mobilisables pour faire comprendre à ses élèves, si besoin est, qu’il est un citoyen responsable et qu’il doit, en cas de faute, réparer les dommages qu’il a occasionnés. Outre la sanction (blâmes, retenues, travail d’intérêt général…), celle-ci est toujours signifiée à l’élève au cours d’un entretien avec plusieurs adultes, direction, enseignants, parents d’élèves, échange qui vise à faire prendre conscience à l’élève contrevenant au respect du matériel du degré de gravité de sa faute. Sous réserve que l’établissement bénéficie de moyens suffisants pour répondre à sa mission citoyenne et éducative. Car c’est bien là que le levier financier a un effet réel.
Faut-il aussi rappeler que la mission éducative relève institutionnellement de l’échelon politique national et que l’élu local peut tout à fait y participer en agissant au niveau le plus haut, pour favoriser cet effort financier public permettant aux établissements scolaires de remplir leur mission avec succès.
Ivry, le 2 octobre 2019,
Gilles Leluc