Opérateurs en danger ? Cned, Réseau Canopé, Onisep, Céreq, France Éducation international

En février 2024 déjà, les annonces de coupes budgétaires à hauteur de 20 millions d’euros étaient un coup de rabot, aussi subit que brutal, obligeant les opérateurs éducatifs à ponctionner sur leur fonds de roulement. Près de 5 millions d’euros de subventions pour le Cned et 4,6 millions pour Réseau Canopé ont ainsi disparu d’un trait de règle décidé, en cours d’exercice, par Bercy. Or certains sont déjà en deçà des 60 jours de fonctionnement ou sur le point de l’être comme à l’Onisep ou à Réseau Canopé.
La manœuvre a donc sa limite et nous y sommes puisque, pour certains, il n’y a plus grand chose à ponctionner. Cette année encore, dans un contexte d’absence de majorité stable à l’Assemblée nationale, un amendement visant à supprimer 5 millions d’euros (initialement supportés par l’Onisep, mais finalement répartis sur les 5 opérateurs sans connaître, à ce jour, la somme imputée à chacun) pourrait dégrader les conditions de travail de nos collègues (titulaires et contractuels) notamment en ne remplaçant pas les départs en retraite. L’UNSA Éducation s’est d’ailleurs mobilisée contre cet amendement auprès des parlementaires, de la Dgesco et du Conseil supérieur de l’éducation.
Rappelons que chacun des opérateurs éducatifs est l’objet de multiples transformations, entamées depuis plusieurs années et parfois, comme pour Réseau Canopé, d’une véritable mutation. Ce dernier s’est recentré sur les missions de formation continue des enseignants tout au long de leur vie professionnelle, multipliant formations synchrones et asynchrones, l’accompagnement documentaire et, se faisant, gagnant toujours plus de reconnaissance dans l’ingénierie de formation. Le Cned développe son offre de formation en direction de la communauté éducative, se limite de moins en moins au public “empêché” et propose, par exemple, des cours aux lycéens et aux lycéennes n’ayant pas accès à certaines spécialités dans leur lycée d’affectation. L’Onisep a déployé partiellement la plateforme d’aide à l’orientation tout au long de la vie, « Avenir(s) ». Le Céreq est en train de repenser son enquête phare, “Générations”.
Parallèlement, les opérateurs sont incités à trouver des ressources propres, ce qui n’est pas chose aisée, compte tenu du contexte de plus en plus concurrentiel sur le champ éducatif et de l’orientation d’une part, et de la difficulté à trouver sa place dans les réformes ou les évolutions en cours (EAFC concernant le Réseau Canopé, Parcoursup pour l’Onisep…). Or leur situation financière est déjà délicate, voire difficile. Les rapports de la Cour des comptes les concernant sont sans équivoque, même si la situation est variable d’un opérateur à l’autre.
Le gouvernement annonce désormais vouloir supprimer ou fusionner un tiers des agences et des opérateurs de l’État d’ici la fin 2025. Après avoir mis en difficulté financière les opérateurs éducatifs, quel sort serait réservé aux agents (titulaires et contractuels) qui se sont investis et continuent de s’investir dans leur mission de service public ? Elles et ils ont largement participé aux changements en cours, et ont su faire évoluer leurs pratiques professionnelles pour mieux répondre aux attentes et aux besoins des usagers. Ne pas les prendre en considération serait les mépriser et donner raison à tous ceux qui malmènent le statut de la fonction publique.
Les représentants de l’UNSA Éducation des opérateurs publics d’éducation exhortent le gouvernement à éviter une déstabilisation structurelle de ces établissements par des ponctions répétées sur les fonds de roulement, ou par des fusions ou des suppressions précipitées et irréfléchies. Ils demandent que les rapports d’audits réalisés par l’Inspection générale concernant la soutenabilité des opérateurs soient communiqués, a minima, aux représentants du personnel élus et aux organisations représentatives. Il en va de même pour les conclusions d’un audit qui aurait été réalisé par un cabinet privé sur ces sujets. Ils invitent également le gouvernement à mettre en cohérence les missions et objectifs qui sont confiées aux opérateurs publics éducatifs, avec des budgets et des moyens humains réalistes. Cela passe nécessairement par une préservation de leurs compétences, de leurs ressources humaines qui en sont la première richesse. Un service public de qualité ne peut, invariablement, être considéré comme une variable d’ajustement évaluée uniquement par son coût. Il doit être le reflet d’une stratégie de politique éducative à long terme et doit être évalué à l’aune des plus-values sociales et de son utilité publique.