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Nouveau ministre, même président, qu’en attendre ?

Suite au dernier remaniement ministériel, de nouveaux ministres ont été désignés pour l’éducation nationale et pour la jeunesse et le SNU tandis que Carole Grandjean, pour l’enseignement professionnel, et Sylvie Retailleau, pour l’enseignement supérieur et la recherche, restaient en poste. Si les têtes changent, les politiques menées ne devraient malheureusement pas beaucoup varier avec un président qui considère l’Éducation comme un domaine réservé.  Pour autant, l’UNSA Éducation a des attentes fortes sur l’attractivité de tous les métiers (revalorisation et amélioration de la qualité de vie au travail), sur l’inclusion et sur la mixité sociale. Dans l’attente d’annonces sur l’Enseignement supérieur et la Recherche, quels principaux sujets sont ressortis de la conférence de presse de Gabriel Attal, lundi matin ?

Savoirs fondamentaux : une vision étriquée de l’École

La conférence de presse de Gabriel Attal, nouveau ministre de l’éducation nationale, lui a permis de faire le point sur ses priorités, après avoir reçu les organisations syndicales, dont l’UNSA Éducation, une semaine auparavant. Elles se déclinent en premier lieu autour d’un leitmotiv, « relever le niveau », où le nouveau ministre met l’accent sur des « savoirs fondamentaux » largement concentrés sur les mathématiques et le français, scandés par des évaluations nationales, qui s’appuient sur des plans de formation en maternelle et en primaire et sur une « nouvelle sixième » où les horaires de ces deux disciplines sont renforcés.

Cette logique éducative, recentrée sur le « lire-écrire-compter », plaît peut-être à une partie de l’opinion publique, et permet sans doute de gagner quelques places dans des évaluations internationales, mais en quoi prépare-t-elle les élèves aux défis sociaux, économiques et écologiques des prochaines décennies ? Les pays qui ont choisi une approche de ce type, et notamment les Etats-Unis, reviennent de ce modèle qui appauvrit les enseignements quand tout le temps scolaire se résume à une logique comptable de réussite à un QCM annuel.

Une réaffirmation de l’autorité qui peine à sortir de l’incantation

En deuxième lieu, « l’école des droits et des devoirs », un autre slogan, s’organise autour d’une réaffirmation de « l’autorité » des savoirs et des enseignants, d’annonces sur la laïcité (port de l’abaya notamment) et sur l’enseignement moral et civique. Un cadre réglementaire plus précis était attendu à l’échelle des établissements sur la laïcité (voir notre article sur le sujet), et l’UNSA Éducation revendiquait un meilleur accompagnement et une formation dédiée sur cette problématique. En revanche, les mesures pour renforcer l’autorité semblent un peu vagues, voire incantatoires, alors que le harcèlement scolaire et la relation enseignant/élève sont des sujets essentiels qui ne peuvent avancer qu’à travers une vision globale du climat scolaire.

Certaines annonces avaient déjà été faites au préalable, de manière curieuse, par le président de la République, qui revendiquait un domaine réservé non-prévu par la constitution, sur les sujets éducatifs. Cette cacophonie des annonces éducatives, que nous avons déjà dénoncées au début de l’été (voir notre article), est dommageable pour la confiance des personnels envers l’institution ministérielle, qui baisse d’année en année.

La troisième priorité annoncée, « l’école qui émancipe », se définit d’après Gabriel Attal par un bien-être tant pour les élèves que pour les personnels, car « on ne peut pas bien enseigner, et on ne peut pas bien apprendre, si on n’est pas heureux ». Cet enjeu est essentiel pour l’UNSA Éducation qui a constamment placé la Qualité de Vie au Travail au centre de ses revendications pour la revalorisation de TOUS les métiers de l’éducation et pas autour d’un PACTE rejeté massivement, pour les seuls enseignantes et enseignants.

Pour l’UNSA Éducation, l’inclusion, qui a fait l’objet d’annonces ambitieuses qui doivent se réaliser, la mixité sociale, avec de nouvelles mesures prévues pour la rentrée, et enfin la transition écologique, ne peuvent être seulement effleurées à la fin d’un discours ministériel. Ces questions doivent prendre une place centrale dans les politiques éducatives de cette décennie, car elles conditionnent la cohésion de notre société. L’absence de propositions fortes sur la mixité sociale est un réel problème. C’est bien l’un des enjeux majeurs, les études montrent son importance et combien la responsabilité de l’enseignement privé est forte sur ce fléau du séparatisme scolaire. Le SNU et la réforme de la voie professionnelle ont également été abordés comme des réformes très positives, sans prendre en compte la réalité de leur mise en œuvre et l’avis des acteurs et actrices de terrain.

Le ministre déclare vouloir un dialogue social de qualité c’est une bonne chose, mais il sera essentiel de pouvoir y aborder les problématiques réelles des écoles, des établissements, des services et des personnels et de tenir compte des propositions de leurs représentants.

Pour conclure, et nous ne cesserons de le dire, il faut arrêter de mettre sans cesse le système en tension par des successions d’annonces médiatiques et un jeu de communication permanente, à destination de l’opinion publique. Tout le monde ne s’en sentirait que mieux.

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