Non la laïcité n’a pas besoin d’incendiaires !

Lors de la séance plénière du conseil régional de Bourgogne-Franche Comté vendredi 11 octobre, un élu du Rassemblement national a interpelé la présidente de séance pour demander qu’une mère voilée accompagnant une sortie scolaire dans ce même lieu retire son voile au nom de la laïcité.
Depuis, la machine médiatique et l’opinion publique se sont emballées. Mais la laïcité est un sujet trop important pour laisser la place aux incendiaires qui n’ont qu’une idée en tête : afficher leur idéologie d’exclusion.

Julien Odoul a diffusé sur les réseaux sociaux son intervention, et la vidéo a été déjà vu par plusieurs centaines de milliers de personnes. On a pu voir circuler également après le discours de l’élu RN, la photo de l’enfant de l’accompagnatrice voilée pleurant dans les bras de sa mère. Cette scène a entraîné de nombreuses réactions, souvent au nom de la défense de la laïcité.

Mais il faut ici affirmer l’essentiel avec force :

– Un cadre juridique existe en ce qui concerne les sorties scolaires au primaire, ce que le débat actuel semble oublier.

– En 2013, la plus haute juridiction administrative, le Conseil d’État, a considéré que les parents d’élèves avaient la qualité d’usagers du service public et qu’en tant que tels ils n’étaient pas soumis à l’exigence de neutralité religieuse, à condition qu’il n’y ait pas de prosélytisme ou de troubles à l’ordre public. Deux jugements de tribunaux administratifs en 2015 ont confirmé cet avis et servent d’appui juridique aujourd’hui.

La confusion est trop souvent de mise alors que le cadre législatif de la loi de 1905, mais également des lois de 2004 concernant les élèves et de 2010 concernant les espaces publics offre tout l’arsenal juridique pour éviter toute dérive dans ce domaine.

L’UNSA Éducation s’inquiète que des responsables politiques à l’instar de l’extrême droite s’engouffrent dans ce débat en semblant méconnaître l’histoire et l’appareil juridique dont on dispose.

La laïcité a-t-elle été défendue par l’élu RN au conseil régional de Bourgogne Franche Comté ?

Non, elle n’a servi, encore une fois, que de prétexte pour alimenter la haine de l’autre et la volonté d’exclure des personnes en raison de leur appartenance religieuse.

Le RN ne défend pas la laïcité ni la loi de 1905, mais souhaite attiser les peurs et les haines pour fragmenter encore davantage la société française.

Cela ne profite pas aux vrais partisans de la laïcité, mais conforte les positions de tous les extrémistes et fondamentalistes qui veulent en découdre avec le modèle républicain français. Une interprétation à contresens des principes de la laïcité́. Certains considèrent que la question se réduit à combattre la diversité́ afin de rendre tous les élèves et leurs parents identiques. Mais rassembler autour de valeurs communes, ce n’est pas forcément ressembler !

Ici et comme d’habitude, la laïcité est exclusivement utilisée parle Rassemblement national pour s’opposer à l’Islam.

Comme d’habitude… car il faut rappeler qu’au nom de la laïcité, plusieurs mairies ont décidé de supprimer les repas de substitution dans les cantines scolaires. Le maire de Beaucaire dans le Gard, ne propose, que des menus composés exclusivement avec de la viande de porc un jour par semaine, avec pour argument que les « villes cèdent au communautarisme et à la prise en compte d’interdits religieux au sein des services publics, à Beaucaire, les repas de substitution n’existeront plus ! »

Lors de la campagne présidentielle de 2017, Marine Le Pen déclarait vouloir inscrire dans la Constitution que « la République ne reconnait aucune communauté », afin de « s’opposer à toutes les revendications communautaristes ». Par là, elle voulait étendre le principe de neutralité, à l’ensemble de l’espace public.

Pourtant, dans le même temps, elle affirmait qu’il était inutile de revenir sur le droit local en Alsace-Moselle, « la République est suffisamment forte et intelligente pour accepter des situations particulières » Mais que « toutefois, ce statut ne saurait être étendu à des confessions et à des religions qui n’étaient pas présentes sur ce territoire au cours de ces trois quarts de siècle (…) ».

Pour l’UNSA Éducation, la laïcité est garante de la paix civile. C’est pourquoi nous combattons et nous combattrons toutes celles et tous ceux qui l’instrumentalisent pour en faire un vecteur d’exclusion. Gardons-nous des incendiaires de la laïcité : il faut au contraire éteindre les feux de la discorde par un débat apaisé, documenté et servi par une pédagogie de la laïcité.

Pour compléter :

5 minutes pour comprendre : Interview d’Ismaïl Ferhat

1-Le système éducatif et la laïcité : quels enjeux ?

2- Mères voilées en sorties scolaires, faut-il une loi ?

Vademecum de la laïcité

Enquête du CNAL « Les enseignants et la laïcité »

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Depuis, la machine médiatique et l’opinion publique se sont emballées. Mais la laïcité est un sujet trop important pour laisser la place aux incendiaires qui n’ont qu’une idée en tête : afficher leur idéologie d’exclusion.

Julien Odoul a diffusé sur les réseaux sociaux son intervention, et la vidéo a été déjà vu par plusieurs centaines de milliers de personnes. On a pu voir circuler également après le discours de l’élu RN, la photo de l’enfant de l’accompagnatrice voilée pleurant dans les bras de sa mère. Cette scène a entraîné de nombreuses réactions, souvent au nom de la défense de la laïcité.

Mais il faut ici affirmer l’essentiel avec force :

– Un cadre juridique existe en ce qui concerne les sorties scolaires au primaire, ce que le débat actuel semble oublier.

– En 2013, la plus haute juridiction administrative, le Conseil d’État, a considéré que les parents d’élèves avaient la qualité d’usagers du service public et qu’en tant que tels ils n’étaient pas soumis à l’exigence de neutralité religieuse, à condition qu’il n’y ait pas de prosélytisme ou de troubles à l’ordre public. Deux jugements de tribunaux administratifs en 2015 ont confirmé cet avis et servent d’appui juridique aujourd’hui.

La confusion est trop souvent de mise alors que le cadre législatif de la loi de 1905, mais également des lois de 2004 concernant les élèves et de 2010 concernant les espaces publics offre tout l’arsenal juridique pour éviter toute dérive dans ce domaine.

L’UNSA Éducation s’inquiète que des responsables politiques à l’instar de l’extrême droite s’engouffrent dans ce débat en semblant méconnaître l’histoire et l’appareil juridique dont on dispose.

La laïcité a-t-elle été défendue par l’élu RN au conseil régional de Bourgogne Franche Comté ?

Non, elle n’a servi, encore une fois, que de prétexte pour alimenter la haine de l’autre et la volonté d’exclure des personnes en raison de leur appartenance religieuse.

Le RN ne défend pas la laïcité ni la loi de 1905, mais souhaite attiser les peurs et les haines pour fragmenter encore davantage la société française.

Cela ne profite pas aux vrais partisans de la laïcité, mais conforte les positions de tous les extrémistes et fondamentalistes qui veulent en découdre avec le modèle républicain français. Une interprétation à contresens des principes de la laïcité́. Certains considèrent que la question se réduit à combattre la diversité́ afin de rendre tous les élèves et leurs parents identiques. Mais rassembler autour de valeurs communes, ce n’est pas forcément ressembler !

Ici et comme d’habitude, la laïcité est exclusivement utilisée parle Rassemblement national pour s’opposer à l’Islam.

Comme d’habitude… car il faut rappeler qu’au nom de la laïcité, plusieurs mairies ont décidé de supprimer les repas de substitution dans les cantines scolaires. Le maire de Beaucaire dans le Gard, ne propose, que des menus composés exclusivement avec de la viande de porc un jour par semaine, avec pour argument que les « villes cèdent au communautarisme et à la prise en compte d’interdits religieux au sein des services publics, à Beaucaire, les repas de substitution n’existeront plus ! »

Lors de la campagne présidentielle de 2017, Marine Le Pen déclarait vouloir inscrire dans la Constitution que « la République ne reconnait aucune communauté », afin de « s’opposer à toutes les revendications communautaristes ». Par là, elle voulait étendre le principe de neutralité, à l’ensemble de l’espace public.

Pourtant, dans le même temps, elle affirmait qu’il était inutile de revenir sur le droit local en Alsace-Moselle, « la République est suffisamment forte et intelligente pour accepter des situations particulières » Mais que « toutefois, ce statut ne saurait être étendu à des confessions et à des religions qui n’étaient pas présentes sur ce territoire au cours de ces trois quarts de siècle (…) ».

Pour l’UNSA Éducation, la laïcité est garante de la paix civile. C’est pourquoi nous combattons et nous combattrons toutes celles et tous ceux qui l’instrumentalisent pour en faire un vecteur d’exclusion. Gardons-nous des incendiaires de la laïcité : il faut au contraire éteindre les feux de la discorde par un débat apaisé, documenté et servi par une pédagogie de la laïcité.

Pour compléter :

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