Najat Vallaud Belkacem, ministre des Droits des femmes, répond à nos questions

Dans le dernier numéro de Questions de Société consacré à l’Égalité femme-homme, la ministre des Droits des Femmes a répondu à nos questions.

UNSA Éducation : 2013, vous l’avez souhaitée et nous l’avons saluée, doit constituer une année de mobilisation pour « l’égalité à l’École », associant l’ensemble des acteurs éducatifs et associatifs.Quelles mesures concrètes impliquant les différentes parties prenantes de la communauté éducative comptez-vous mettre en place ?


Najat Vallaud Belkacem : À l’occasion du Comité interministériel aux Droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes du 30 novembre dernier, avec le Premier ministre et l’ensemble des ministres, nous nous sommes entendus sur un constat. Depuis près de 40 ans, beaucoup de textes prescrivant l’égalité ont été rédigés, mais trop peu ont été effectifs car on ne s’est pas attaqué aux racines des inégalités, c’est-à-dire à ces stéréotypes sexistes qui sont véhiculés par la société, et souvent reproduits par l’École elle-même faute d’une formation suffisante à l’égalité des enseignants et des autres personnels d’inspection, de direction et d’orientation.
Avec Vincent Peillon, mais aussi avec Valérie Fourneyron ou encore Aurélie Filipetti, nous avons décidé de mener, cette année, une action ciblée sur les stéréotypes et contre le sexisme ordinaire qui limite le champ des possibles pour les jeunes filles au moment de l’orientation, qui pèse sur les carrières des femmes et qui entretiennent, dans la société, une tolérance pour les discriminations de genre qui n’est plus acceptable.
L’École, dans ce cadre, tient un rôle essentiel à jouer et Vincent Peillon l’a bien compris en souhaitant que nous préparions cette année de mobilisation, avec les associations, avec les recteurs, pour que l’égalité filles-garçons que le projet de loi dit de « Refondation de l’École » érige en principe de l’Éducation, devienne une réalité concrète.
Elle sera constituée de mesures tangibles : Programme « ABCD de l’égalité » que nous mettrons en place, à la rentrée, dans 5 à 10 académies et qui concernera les enseignants et élèves de la maternelle au CM2 ; formation à l’égalité que nous inscrirons dans le référentiel des enseignants et qui doit se retrouver dans les formations dispensées par les futures Écoles supérieures du professorat et de l’Éducation.
Cette année de mobilisation sera également l’occasion de relancer des chantiers importants, telsla mixité dans l’orientation, l’éducation à la sexualité, la lutte contre les violences sexistes à l’école pour lesquels les établissements scolaires mais aussi plusieurs de ces partenaires sont impliqués.


UNSA Éducation : La sphère éducative est un préalable indispensable à l’évolution des mentalités et à la lutte contre les stéréotypes, mais pas la seule. Sur quels autres axes entendez-vous agir ?
Najat Vallaud Belkacem : Vous avez raison, agir sur l’École sans agir sur le reste de la société, ce serait à bien des égards inefficace. Mon objectif est d’agir partout, car ces stéréotypes sont partout.
Nous avons par exemple décidé, lors du Comité interministériel, de mener une action forte dans le champ de la culture et des médias qui contribue largement à façonner nos représentations.
Nous modifierons donc les pouvoirs du Conseil supérieur de l’audiovisuel pour qu’il veille à la promotion de l’image de la femme et à la lutte contre la diffusion d’images stéréotypées. Nous inscrirons, dans un avenant au contrat d’objectifs et de moyens de France télévision et de Radio France, des mesures pour renforcer la prise en compte de l’égalité dans les médias, dans Les programmes pour enfants ou pour promouvoir la place des expertes dans les émissions d’actualité.
Il y a des actions sectorielles comme celles-ci mais il y a aussi des actions transversales qui  toucheront tous les champs de la société. Je voudrais en citer deux :
• Le développement de la logique de parité pour les désignations des personnes participant aux instances, créé par l’État, pour « gouverner et administrer la cité ». Les femmes doivent y être progressivement représentées à parité, cela créera un effet en cascade sur l’ensemble de la société civile.
• La formation des cadres de ressources humaines à l’égalité professionnelle.
La Fonction publique y prendra toute sa part.


UNSA Éducation : Quel rôle les syndicats peuvent-ils jouer, selon vous, dans la lutte pour l’égalité filles-garçons et femmes-hommes ?
Najat Vallaud Belkacem : Comme toute instance représentative, les syndicats ont un rôle considérable pour faire évoluer les mentalités, pour inscrire ce sujet dans l’agenda, pour faire connaître et dénoncer comme nous les inégalités entre les femmes et les hommes. Je crois beaucoup au travail que les syndicats peuvent jouer pour faire reculer, par exemple, les violences au travail comme le harcèlement sexuel contre lequel le Gouvernement s’est fortement investi en faisant voter une loi plus protectrice pour les femmes.
Les syndicats ont un rôle tout à fait complémentaire des pouvoirs publics et c’est pour cela que, dès la Grande conférence sociale de juillet 2012, le Gouvernement a souhaité inscrire l’égalité professionnelle à l’agenda social. Depuis, deux négociations sont conduites : l’une dans la Fonction publique qui s’achève, l’autre dans le secteur privé qui doit se finaliser pour le 8 mars prochain. Nous menons aussi ensemble des actions dans neuf territoires d’excellence pour l’égalité professionnelle parce que cette bataille de l’égalité ne se gagnera pas uniquement par des textes, même s’ils sont importants, mais aussi par des actions concrètes d’accompagnement au plus près des acteurs, en partenariat avec les Conseils régionaux et les rectorats.
Enfin, chaque syndicat peut aussi, en interne, promouvoir la parité et l’égalité dans son fonctionnement, ses représentations externes. Je sais que c’est un sujet de discussion et que les syndicats joueront tout leur rôle dans cette évolution vers la parité.


Lire Question de société n°5 : Vers l’Égalité femme – homme

 

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Najat Vallaud Belkacem : À l’occasion du Comité interministériel aux Droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes du 30 novembre dernier, avec le Premier ministre et l’ensemble des ministres, nous nous sommes entendus sur un constat. Depuis près de 40 ans, beaucoup de textes prescrivant l’égalité ont été rédigés, mais trop peu ont été effectifs car on ne s’est pas attaqué aux racines des inégalités, c’est-à-dire à ces stéréotypes sexistes qui sont véhiculés par la société, et souvent reproduits par l’École elle-même faute d’une formation suffisante à l’égalité des enseignants et des autres personnels d’inspection, de direction et d’orientation.
Avec Vincent Peillon, mais aussi avec Valérie Fourneyron ou encore Aurélie Filipetti, nous avons décidé de mener, cette année, une action ciblée sur les stéréotypes et contre le sexisme ordinaire qui limite le champ des possibles pour les jeunes filles au moment de l’orientation, qui pèse sur les carrières des femmes et qui entretiennent, dans la société, une tolérance pour les discriminations de genre qui n’est plus acceptable.
L’École, dans ce cadre, tient un rôle essentiel à jouer et Vincent Peillon l’a bien compris en souhaitant que nous préparions cette année de mobilisation, avec les associations, avec les recteurs, pour que l’égalité filles-garçons que le projet de loi dit de « Refondation de l’École » érige en principe de l’Éducation, devienne une réalité concrète.
Elle sera constituée de mesures tangibles : Programme « ABCD de l’égalité » que nous mettrons en place, à la rentrée, dans 5 à 10 académies et qui concernera les enseignants et élèves de la maternelle au CM2 ; formation à l’égalité que nous inscrirons dans le référentiel des enseignants et qui doit se retrouver dans les formations dispensées par les futures Écoles supérieures du professorat et de l’Éducation.
Cette année de mobilisation sera également l’occasion de relancer des chantiers importants, telsla mixité dans l’orientation, l’éducation à la sexualité, la lutte contre les violences sexistes à l’école pour lesquels les établissements scolaires mais aussi plusieurs de ces partenaires sont impliqués.


UNSA Éducation : La sphère éducative est un préalable indispensable à l’évolution des mentalités et à la lutte contre les stéréotypes, mais pas la seule. Sur quels autres axes entendez-vous agir ?
Najat Vallaud Belkacem : Vous avez raison, agir sur l’École sans agir sur le reste de la société, ce serait à bien des égards inefficace. Mon objectif est d’agir partout, car ces stéréotypes sont partout.
Nous avons par exemple décidé, lors du Comité interministériel, de mener une action forte dans le champ de la culture et des médias qui contribue largement à façonner nos représentations.
Nous modifierons donc les pouvoirs du Conseil supérieur de l’audiovisuel pour qu’il veille à la promotion de l’image de la femme et à la lutte contre la diffusion d’images stéréotypées. Nous inscrirons, dans un avenant au contrat d’objectifs et de moyens de France télévision et de Radio France, des mesures pour renforcer la prise en compte de l’égalité dans les médias, dans Les programmes pour enfants ou pour promouvoir la place des expertes dans les émissions d’actualité.
Il y a des actions sectorielles comme celles-ci mais il y a aussi des actions transversales qui  toucheront tous les champs de la société. Je voudrais en citer deux :
• Le développement de la logique de parité pour les désignations des personnes participant aux instances, créé par l’État, pour « gouverner et administrer la cité ». Les femmes doivent y être progressivement représentées à parité, cela créera un effet en cascade sur l’ensemble de la société civile.
• La formation des cadres de ressources humaines à l’égalité professionnelle.
La Fonction publique y prendra toute sa part.


UNSA Éducation : Quel rôle les syndicats peuvent-ils jouer, selon vous, dans la lutte pour l’égalité filles-garçons et femmes-hommes ?
Najat Vallaud Belkacem : Comme toute instance représentative, les syndicats ont un rôle considérable pour faire évoluer les mentalités, pour inscrire ce sujet dans l’agenda, pour faire connaître et dénoncer comme nous les inégalités entre les femmes et les hommes. Je crois beaucoup au travail que les syndicats peuvent jouer pour faire reculer, par exemple, les violences au travail comme le harcèlement sexuel contre lequel le Gouvernement s’est fortement investi en faisant voter une loi plus protectrice pour les femmes.
Les syndicats ont un rôle tout à fait complémentaire des pouvoirs publics et c’est pour cela que, dès la Grande conférence sociale de juillet 2012, le Gouvernement a souhaité inscrire l’égalité professionnelle à l’agenda social. Depuis, deux négociations sont conduites : l’une dans la Fonction publique qui s’achève, l’autre dans le secteur privé qui doit se finaliser pour le 8 mars prochain. Nous menons aussi ensemble des actions dans neuf territoires d’excellence pour l’égalité professionnelle parce que cette bataille de l’égalité ne se gagnera pas uniquement par des textes, même s’ils sont importants, mais aussi par des actions concrètes d’accompagnement au plus près des acteurs, en partenariat avec les Conseils régionaux et les rectorats.
Enfin, chaque syndicat peut aussi, en interne, promouvoir la parité et l’égalité dans son fonctionnement, ses représentations externes. Je sais que c’est un sujet de discussion et que les syndicats joueront tout leur rôle dans cette évolution vers la parité.


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