MOOCs, vous avez dit MOOCS ?

La formation des adultes est en permanence à la recherche d’évolution technique lui permettant de mieux s’adresser à un public souvent éloigné, peu disponible et risquant de facilement décrocher. Après le papier et le téléphone, le numérique donne un nouvel élan aux formations à distance. Nouvelles stars de ce e-learning, les MOOCs.


L’acronyme est souvent difficile à prononcer, à comprendre, à traduire, mais la chose est à la mode (MOOC signifie massive open online course et peut se traduire en français par cours en ligne ouvert et massif (CLOM) ou, comme le préconisa la commission générale de terminologie, par Cours en ligne ouvert à tous). Tant et si bien qu’un article des Echos le 15 mai dernier titrait « les universités américaines pionnières de l’enseignement en ligne » et faisait référence aux MOOCs créés effectivement aux Etats-Unis. Comme si l’enseignement à distance, même numérique, n’était né qu’en 2011 !


Or, à y regarder de près, les MOOCs ne sont des outils d’innovation ni technologique ni pédagogique. Il y a dans ces « plateformes » -si ce n’est le meilleur et le pire- tout au moins du positif et du négatif. Un cours en ligne n’est pas une nouveauté, il en existe depuis 1976. Il n’est pas obligatoirement un modèle de dynamisme, de mobilisation de l’intérêt des apprenants, de facilitation de la compréhension. N’en déplaise à Macluhan, le média ne fait pas tout le message ! Et la pédagogie s’apprend et s’applique sur la toile comme ailleurs.


La véritable innovation pourrait tenir ici du « story telling » qui accompagne les MOOCs comme le suggère Christine Vaufrey sur son blog. Il s’agit, écrit-elle, « d’une histoire d’excellence, de générosité et d’amélioration de l’humanité ». L’argument n’est certes pas nouveau (Le numérique aujourd’hui, comme l’imprimerie, la roue ou l’écriture hier devant sauver le monde). Mais il est peut-être davantage entendable actuellement. Il correspond aussi à cette recherche partagée pour renouveler les modes de transmissions, prendre en compte les nouveaux rapports aux savoirs, mettre les apprenants dans des démarches participatives et coopératives.


Une autre novation des MOOCs relève justement de cette dimension. Contrairement aux autres supports de formation à distance l’accompagnement des apprenants ne se fait pas ici par l’enseignant ou le formateur, mais essentiellement par les pairs. Or si cette modalité peut être intéressante, elle n’est pas sans poser problème. L’autonomie est en effet une compétence qui nécessite également d’être pensée. A défaut, le risque est de ne proposer une formation qu’à ceux qui sont le plus à l’aise, ceux qui auraient de toute manière trouvé ailleurs les contenus recherchés et l’aide nécessaire pour se les approprier (Lire à ce sujet l’intéressant l’article Des nouvelles de la planète MOOC : journal d’une e-apprenante en gestion de projet à l’adresse suivante : http://www.letudiant.fr/educpros/opinions/des-nouvelles-de-la-planete-mooc-journal-d-une-e-apprenante-en-gestion-de-projet.html). Il n’y aurait donc là que formation pour les « bons élèves » ou ceux qui sont capables de s’entraider pour réussir et rôle minime pour l’enseignant.


Peut-être pas ! On peut aussi imaginer que les MOOCs « redonnent la main à l’enseignant dans la conception et l’animation de cours » (comme le propose Christine Vaufrey), dans la scénarisation des contenus comme des processus de présentation, dans la mise en scène des savoirs mais aussi des cheminements d’appropriation. L’outil le rend possible, mieux il y invite. Et c’est généralement cet aspect qui séduit les enseignants, même les plus rétifs au e-learning.


Redonner une nouvelle place, un nouveau rôle aux enseignants, aux formateurs, aux éducateurs, n’est-ce pas ce que Michel SERRES préconise dans « Petite Poucette » ? N’est-ce pas ce à quoi nous invite la réflexion de Bernard STIEGLER lorsqu’il propose des recherches-actions sur les disciplines à l’heure (et l’aune) du numérique ?


Refaire du pédagogue un passeur, tel est peut-être le challenge auxquels nous invitent les MOOCs et les démarches numérique de formation à distance qui suivront. Cela ne sauvera certainement pas le monde. Mais cette démarche peut renouveler profondément la formation.

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La formation des adultes est en permanence à la recherche d’évolution technique lui permettant de mieux s’adresser à un public souvent éloigné, peu disponible et risquant de facilement décrocher. Après le papier et le téléphone, le numérique donne un nouvel élan aux formations à distance. Nouvelles stars de ce e-learning, les MOOCs.


L’acronyme est souvent difficile à prononcer, à comprendre, à traduire, mais la chose est à la mode (MOOC signifie massive open online course et peut se traduire en français par cours en ligne ouvert et massif (CLOM) ou, comme le préconisa la commission générale de terminologie, par Cours en ligne ouvert à tous). Tant et si bien qu’un article des Echos le 15 mai dernier titrait « les universités américaines pionnières de l’enseignement en ligne » et faisait référence aux MOOCs créés effectivement aux Etats-Unis. Comme si l’enseignement à distance, même numérique, n’était né qu’en 2011 !


Or, à y regarder de près, les MOOCs ne sont des outils d’innovation ni technologique ni pédagogique. Il y a dans ces « plateformes » -si ce n’est le meilleur et le pire- tout au moins du positif et du négatif. Un cours en ligne n’est pas une nouveauté, il en existe depuis 1976. Il n’est pas obligatoirement un modèle de dynamisme, de mobilisation de l’intérêt des apprenants, de facilitation de la compréhension. N’en déplaise à Macluhan, le média ne fait pas tout le message ! Et la pédagogie s’apprend et s’applique sur la toile comme ailleurs.


La véritable innovation pourrait tenir ici du « story telling » qui accompagne les MOOCs comme le suggère Christine Vaufrey sur son blog. Il s’agit, écrit-elle, « d’une histoire d’excellence, de générosité et d’amélioration de l’humanité ». L’argument n’est certes pas nouveau (Le numérique aujourd’hui, comme l’imprimerie, la roue ou l’écriture hier devant sauver le monde). Mais il est peut-être davantage entendable actuellement. Il correspond aussi à cette recherche partagée pour renouveler les modes de transmissions, prendre en compte les nouveaux rapports aux savoirs, mettre les apprenants dans des démarches participatives et coopératives.


Une autre novation des MOOCs relève justement de cette dimension. Contrairement aux autres supports de formation à distance l’accompagnement des apprenants ne se fait pas ici par l’enseignant ou le formateur, mais essentiellement par les pairs. Or si cette modalité peut être intéressante, elle n’est pas sans poser problème. L’autonomie est en effet une compétence qui nécessite également d’être pensée. A défaut, le risque est de ne proposer une formation qu’à ceux qui sont le plus à l’aise, ceux qui auraient de toute manière trouvé ailleurs les contenus recherchés et l’aide nécessaire pour se les approprier (Lire à ce sujet l’intéressant l’article Des nouvelles de la planète MOOC : journal d’une e-apprenante en gestion de projet à l’adresse suivante : http://www.letudiant.fr/educpros/opinions/des-nouvelles-de-la-planete-mooc-journal-d-une-e-apprenante-en-gestion-de-projet.html). Il n’y aurait donc là que formation pour les « bons élèves » ou ceux qui sont capables de s’entraider pour réussir et rôle minime pour l’enseignant.


Peut-être pas ! On peut aussi imaginer que les MOOCs « redonnent la main à l’enseignant dans la conception et l’animation de cours » (comme le propose Christine Vaufrey), dans la scénarisation des contenus comme des processus de présentation, dans la mise en scène des savoirs mais aussi des cheminements d’appropriation. L’outil le rend possible, mieux il y invite. Et c’est généralement cet aspect qui séduit les enseignants, même les plus rétifs au e-learning.


Redonner une nouvelle place, un nouveau rôle aux enseignants, aux formateurs, aux éducateurs, n’est-ce pas ce que Michel SERRES préconise dans « Petite Poucette » ? N’est-ce pas ce à quoi nous invite la réflexion de Bernard STIEGLER lorsqu’il propose des recherches-actions sur les disciplines à l’heure (et l’aune) du numérique ?


Refaire du pédagogue un passeur, tel est peut-être le challenge auxquels nous invitent les MOOCs et les démarches numérique de formation à distance qui suivront. Cela ne sauvera certainement pas le monde. Mais cette démarche peut renouveler profondément la formation.