Monsieur le président, on ne discute pas du temps scolaire sur un coin de table !
Le temps scolaire est un sujet crucial et le président de la République a raison de souligner qu’il fait partie des leviers sur lesquels s’appuyer pour favoriser la réussite des élèves. D’ailleurs il faut bien travailler plus globalement sur la question du temps de l’enfant ou de l’adolescent. Il est vrai que le temps des élèves est long à l’échelle de la journée et court à l’échelle de la semaine, ce qui place la France dans le peloton de queue des pays européens pour le nombre de jours de scolarité. A qui la faute d’ailleurs, alors que le président élu en 2022 qui se préoccupe subitement du sujet est le même que le président qui, élu en 2017, était revenu sur la réforme des rythmes scolaires visant à allonger la semaine de cours ?
Le temps scolaire est une problématique qui engage l’ensemble de la société, qui interroge l’éducation populaire et ses centres de loisirs, les collectivités territoriales qui organisent le temps péri-scolaire, qui questionne l’accès à des modes de garde sur tout le territoire, voire même la capacité des infrastructures touristiques et routières à encaisser des « flux humains », marronnier médiatique qui revient tous les ans lors des weekends de départ en vacances (surtout pour la zone parisienne). Il ne peut être réglé de manière péremptoire, au détour d’une interview, alors que 12 millions d’élèves et leurs parents, et un million de personnels en dépendent.
Alors, monsieur le président, engageons ce débat sur la période estivale, mais pas par le petit bout de la lorgnette : c’est le calendrier scolaire dans son ensemble qu’il faut considérer. C’est le calendrier de l’orientation, tout d’abord, où la reconquête du troisième trimestre nécessite de repenser les examens de fin du collège et du lycée général et technologique. C’est la dynamique des projets éducatifs territoriaux qu’il faut poursuivre pour permettre une prise en charge éducative de qualité pour les enfants, quel que soit la taille des communes. C’est l’organisation des vacances à l’échelle nationale qu’il faut repenser, alors qu’elle n’est pas adaptée aux conditions climatiques.
Mais plus largement, c’est la méthode des petites annonces sur des politiques éducatives, qui méritent mieux, qu’il faut repenser. On n’aborde pas, au débotté, un débat sur les vacances scolaires à la fin juin, quand on respecte un tant soit peu des personnels surchargés par la préparation de la prochaine rentrée, déstabilisés par des annonces incohérentes et intempestives qui se multiplient depuis quelques semaines, si on prend au sérieux ce sujet crucial pour l’amélioration du service public d’éducation.
Ivry sur Seine, le 27 juin 2023,
Frédéric MARCHAND, secrétaire général de l’UNSA Éducation