Mieux connaître le cerveau des enfants que le fonctionnement de sa voiture

En novembre 2012, Stanislas Dehaene ouvrait le premier colloque « Sciences cognitives et éducation » au Collège de France par une provocation. Constatant que les enseignants devaient « avoir un bon modèle mental du cerveau de l’enfant », il se disait stupéfait que ceux-ci « connaissent souvent mieux le fonctionnement de leur voiture que celui du cerveau. »

Deux ans plus tard, alors que les constats alarmants sur les dysfonctionnements de notre système scolaire se multiplient et qu’il y a urgence à le refonder, une seconde édition du colloque « sciences cognitives et éducation » continue d’interroger la formation des enseignants et des professionnels de l’Education.

Le Ministère de l’Education national, qui vise à travers ce deuxième séminaire national « Sciences cognitives et éducation » les universitaires, directeurs et formateurs d’ESPE ainsi que les prescripteurs de formation en académie (inspecteurs du premier et second degré, responsables de formation, formateurs, conseillers pédagogiques), médecins conseillers techniques des recteurs, s’inscrit « dans la continuité du séminaire inaugural des 20 et 21 novembre 2012 qui avait permis de dresser un état des lieux des études sur les sciences cognitives. Cette nouvelle session a pour objectif de préparer concrètement leurs déclinaisons dans la formation des personnels enseignants et d’éducation, notamment par l’analyse de dispositifs de recherche-action. Il s’agira de :
• identifier les thèmes de formations utiles ;
• dégager des contenus de formation à réinvestir en académies ;
• former un réseau de personnes ressources, en lien fort avec les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation ;
• définir les conditions nécessaires au développement d’espaces d’échanges et de mutualisation de ressources mobilisables par les enseignants. »

Y a-t-il eu deux années (supplémentaires) de perdues ? Certes non si l’on considère qu’à la fois, une prise de conscience était indispensable et qu’elle nécessitait du temps et que d’autre part, il fallait déjà reconstruire une formation et des structures pour la faire vivre, ce qui est dorénavant fait avec les ESPé.

Pour autant, les choses avancent encore bien (trop) lentement.

A l’image même du contenu de ce deuxième séminaire dont le programme oscille sans cesse entre apports et informations aux trois cents participants par les scientifiques et réelle mise au travail sur des contenus et des processus de formation. C’est à cette évolution qu’a appelé Michel Fayol, professeur à l’université de Clermont-Ferrand, en proposant de s’inspirer de la formation des médecins pour faire évoluer celle des enseignants. « Mettre des savoirs à la disposition des enseignants ne suffit pas. Le problème c’est de savoir que faire de ces connaissances« , constate-t-il en proposant de faire travailler les futurs enseignant, « dès la première année sur des cas et des problèmes plutôt que les abreuver de cours magistraux ».

Une piste de réflexion qui devrait être prise au sérieux par les ESPé, mais qui au-delà devrait faire l’objet d’un cadrage national de la part de la DGESCO afin d’éviter que chaque ESPé ne s’approprie à sa manière (ou pas vraiment) cette approche. Cela nécessite, en effet, que les enseignants et l’ensemble des professionnels de l’éducation soient formés comme des praticiens, capables d’échanger avec les scientifiques dans « un dialogue organisé et mené dans le respect des professionnalités » comme y invite Stanislas Dehaene.

Nous en sommes encore loin, mais l’objectif doit bien être celui de faire de tous les pédagogues et éducateurs des spécialistes des publics avec qui ils travaillent. Ce doit être l’ambition prioritaire de la formation initiale et continue, afin qu’au plus vite tous connaissent mieux le fonctionnement complexe des jeunes cerveaux qui leur sont confiés que celui, mécanique, de leur voiture.

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En novembre 2012, Stanislas Dehaene ouvrait le premier colloque « Sciences cognitives et éducation » au Collège de France par une provocation. Constatant que les enseignants devaient « avoir un bon modèle mental du cerveau de l’enfant », il se disait stupéfait que ceux-ci « connaissent souvent mieux le fonctionnement de leur voiture que celui du cerveau. »

Deux ans plus tard, alors que les constats alarmants sur les dysfonctionnements de notre système scolaire se multiplient et qu’il y a urgence à le refonder, une seconde édition du colloque « sciences cognitives et éducation » continue d’interroger la formation des enseignants et des professionnels de l’Education.

Le Ministère de l’Education national, qui vise à travers ce deuxième séminaire national « Sciences cognitives et éducation » les universitaires, directeurs et formateurs d’ESPE ainsi que les prescripteurs de formation en académie (inspecteurs du premier et second degré, responsables de formation, formateurs, conseillers pédagogiques), médecins conseillers techniques des recteurs, s’inscrit « dans la continuité du séminaire inaugural des 20 et 21 novembre 2012 qui avait permis de dresser un état des lieux des études sur les sciences cognitives. Cette nouvelle session a pour objectif de préparer concrètement leurs déclinaisons dans la formation des personnels enseignants et d’éducation, notamment par l’analyse de dispositifs de recherche-action. Il s’agira de :
• identifier les thèmes de formations utiles ;
• dégager des contenus de formation à réinvestir en académies ;
• former un réseau de personnes ressources, en lien fort avec les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation ;
• définir les conditions nécessaires au développement d’espaces d’échanges et de mutualisation de ressources mobilisables par les enseignants. »

Y a-t-il eu deux années (supplémentaires) de perdues ? Certes non si l’on considère qu’à la fois, une prise de conscience était indispensable et qu’elle nécessitait du temps et que d’autre part, il fallait déjà reconstruire une formation et des structures pour la faire vivre, ce qui est dorénavant fait avec les ESPé.

Pour autant, les choses avancent encore bien (trop) lentement.

A l’image même du contenu de ce deuxième séminaire dont le programme oscille sans cesse entre apports et informations aux trois cents participants par les scientifiques et réelle mise au travail sur des contenus et des processus de formation. C’est à cette évolution qu’a appelé Michel Fayol, professeur à l’université de Clermont-Ferrand, en proposant de s’inspirer de la formation des médecins pour faire évoluer celle des enseignants. « Mettre des savoirs à la disposition des enseignants ne suffit pas. Le problème c’est de savoir que faire de ces connaissances« , constate-t-il en proposant de faire travailler les futurs enseignant, « dès la première année sur des cas et des problèmes plutôt que les abreuver de cours magistraux ».

Une piste de réflexion qui devrait être prise au sérieux par les ESPé, mais qui au-delà devrait faire l’objet d’un cadrage national de la part de la DGESCO afin d’éviter que chaque ESPé ne s’approprie à sa manière (ou pas vraiment) cette approche. Cela nécessite, en effet, que les enseignants et l’ensemble des professionnels de l’éducation soient formés comme des praticiens, capables d’échanger avec les scientifiques dans « un dialogue organisé et mené dans le respect des professionnalités » comme y invite Stanislas Dehaene.

Nous en sommes encore loin, mais l’objectif doit bien être celui de faire de tous les pédagogues et éducateurs des spécialistes des publics avec qui ils travaillent. Ce doit être l’ambition prioritaire de la formation initiale et continue, afin qu’au plus vite tous connaissent mieux le fonctionnement complexe des jeunes cerveaux qui leur sont confiés que celui, mécanique, de leur voiture.