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A quand une information sur les mesures sanitaires pour la rentrée ?

Un CHSCTMEN s'est tenu le 5 juillet 2022. L'UNSA Éducation a demandé et obtenu qu'un point sanitaire soit inscrit à l'ordre du jour. L’UNSA Éducation a demandé au ministre de s’adresser à chacun de ses personnels au plus vite pour répondre aux attentes légitimes d’informations sur les mesures sanitaires envisagées pour la rentrée, selon le contexte, et ce à travers la graduation nécessaire.

Mesdames, Messieurs,

L’UNSA Éducation débutera cette dernière réunion plénière du CHSCT de l’année en remerciant le ministère d’avoir accepté d’ajouter à l’ordre du jour un point sur la situation sanitaire, tel qu’elle l’avait demandé. Avant d’entrer dans un échange plus approfondi sur le sujet lors du traitement de ce point, l’UNSA Éducation le rappelle : le total passage sous silence de la gestion de la crise sanitaire, en population générale comme plus particulièrement à l’École depuis le mois de mars, n’a pas contribué à réinstaurer de la confiance là où elle était déjà fort abîmée, bien au contraire. Cette demande de point à l’ordre du jour n’émane pas d’une lubie, mais elle repose sur au moins deux constats :

  • la situation sanitaire, si elle a heureusement connu une accalmie, n’a pas disparu pour autant : le virus, sous plusieurs formes désormais, circule toujours avec 100 000 cas en moyenne par jour, et a continué d’impacter les écoles, établissements et services jusqu’à la fin de l’année ; pourtant les réunions instaurées et devenues régulières entre employeur et représentants des personnels sur le sujet ne se sont pas juste espacées, elles ont disparu et, avec elles, tous bilans chiffrés
  • les deux dernières rentrées scolaires ont été très difficiles, et même mal vécues par la profession, car au-delà de se dérouler dans un climat de crise anxiogène, l’employeur les avait très insuffisamment anticipées, préparées, que ce soit en matière de moyens à la hauteur ou d’organisation des protocoles ; pourtant à ce jour, la profession est toujours sans information sur la préparation de la rentrée 2022 dans l’éventualité où il faudrait réaliser à nouveau une rentrée dans un contexte sanitaire particulier

Afin que la rentrée scolaire à venir se déroule dans un climat des moins défavorables, puisqu’est-il utile de rappeler que le manque criant de personnels prévu sur les mois à venir ne contribuera pas, lui, à faire baisser les tensions, l’UNSA Éducation demande au ministre de s’adresser à chacun de ses personnels au plus vite pour répondre aux attentes légitimes d’informations sur les mesures sanitaires envisagées selon le contexte, et ce à travers la graduation nécessaire. Au-delà de partir en congés plus sereinement car informés par son employeur, chaque personnel sera en mesure de mieux se projeter sur sa rentrée car ayant les éléments, au moins sur ce point-là, en sa possession.

Relativement à l’ordre du jour plus habituel de l’instance qui repose sur le bilan de la santé et la sécurité au travail de 2021 et sur celui des maladies professionnelles et accidents de travail, l’UNSA Éducation s’appliquera à faire émerger les constats et analyses constructifs en y associant des propositions et demandes concrètes.

Spécifiquement aux indicateurs SST, très précieux bien que trop souvent limités à des chiffres et à leur lecture, la priorité sera de leur assurer une meilleure fiabilité. Au-delà des remontées écrites, envisager des indicateurs plus qualitatifs basés sur de réels échanges avec les acteurs locaux devrait également être mieux exploré. Cela nécessitera par conséquent une évolution en matière de méthode mais aussi de moyens humains missionnés sur les recueils.

Cela passera aussi par permettre au nouvel applicatif Duerp de jouer pleinement son rôle et ne pas rester un outil parmi d’autres déconnectés d’une réelle stratégie globale de prévention et non appréhendé à sa juste nécessité car dénué d’un accompagnement des personnels utilisateurs.

Si le futur cadre de la formation spécialisée met clairement l’accent sur la prévention, cette dernière, condition de toute action relative à la santé et la sécurité de la profession, ne pourra se limiter à des orientations stratégiques ou autres lignes directrices, tout aussi indispensables soit ces dernières. L’UNSA Éducation veillera à un investissement sincère de l’employeur dans l’amélioration réelle des conditions d’exercice des métiers de l’Éducation nationale aujourd’hui très, trop dégradées. La double crise d’attractivité que connaissent nos métiers, à l’entrée dans la profession comme en cours de parcours, en est une des conséquences majeures et le ministère doit mesurer l’urgence à agir.  Aucun métier n’est épargné.

Sans entrer dans le détail des bilans, jamais les personnels d’encadrement n’auront été aussi concernés par des volontés de mobilités externes, y compris via démission ou rupture conventionnelle. Les raisons invoquées sont diverses mais toujours fortement liées aux conditions d’exercice. A titre d’exemple, le nombre d’agressions en augmentation revient de façon récurrente chez les personnels de direction.

C’est tout simplement inédit et doit alerter l’employeur.

Et ce ne sont pas les mises en place que nous observons au quotidien qui contribuent à faire baisser notre alerte et notre vigilance.

A titre d’exemple à nouveau, les assistantes et assistants sociaux voient s’installer des cellules d’écoute (harcèlement, violence, …) sans en être informés et encore moins associés. Si l’intérêt de ces cellules d’écoute est partagé, elles ne peuvent se mettre en place tel que déjà constaté : à moyens constants et sans personnels formés. Les besoins en réorientation qui en ressortiront sans nul doute auront des conséquences sur le travail des personnels assistants sociaux et, comme cela a été le cas lors de la mise en place de la RH de proximité, rien n’est prévu pour palier à cette modification des conditions de travail.

L’UNSA Éducation a bien pris note du projet ministériel de travailler sur la qualité de vie et les conditions de travail sur les mois et années à venir en partenariat avec les membres du CHSCT dans un premier temps puis de la future Formation spécialisée par la suite. Les leviers pour agir en faveur de cette dernière sont connus :

  • donner les moyens à l’École de garantir un service public d’éducation de qualité en priorisant la prise en compte de tous les élèves et de tous les parcours, en veillant à un équilibre entre tous les territoires, notamment dans le recrutement et l’accompagnement de personnels, et en améliorant concrètement le bâti scolaire en France
  • mettre en œuvre un plan de prévention en faveur de la santé et la sécurité des personnels, en prenant à leur juste mesure les risques-psycho-sociaux
  • faire confiance aux équipes quant aux choix d’organisation, de projets et d’évaluation tout en leur donnant les temps et moyens suffisants pour travailler ensemble
  • entendre la profession en réinstaurant un dialogue social de confiance : le cumul des temps de concertations de ces dernières années n’est plus crédible, c’est celui de la négociation concrète qui doit s’ouvrir sur les pistes largement connues que sont la rémunération, la mobilité, la santé, la formation et les perspectives d’évolution

Alors ces leviers étant connus, largement partagés et repartagés, il ne faudra pas procéder à de nouvelles enquêtes ou concertations interminables pour prendre des décisions et adopter les mesures appropriées.

Intervention d’Élisabeth Allain-Moreno pour l’UNSA Éducation

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