L’observation cartographique de l’élection : au-delà de l’analyse centres urbains / périphéries
Existe-t-il un vote des grands centres urbains à opposer au vote de la périphérie ? Cette analyse répandue mérite que l’on s’y attarde un peu… D’autant que plusieurs chercheurs mettent en garde contre une lecture rapide des cartes électorales.
Car si la coupure entre « deux France » semble en effet nette, l’opposition entre centre et périphérie n’est pas toujours la plus pertinente.
Hervé Le Bras, chercheur émérite à l’INED – l’Institut National d’Etudes Démographiques, a composé plusieurs cartes dont une qui présente un « indice d’inégalité » qui compile à parts égales chômage, pauvreté, jeunes sans diplômes et familles monoparentales. Les zones en plus grandes difficultés sont corrélées avec celles du vote FN. Et non pas les plus rurales.
Mais, pour le géographe, « il serait cependant inexact d’en déduire que ce vote est celui des pauvres et des laissés pour compte. Ces derniers s’abstiennent le plus souvent ».
Cette corrélation souligne plutôt « que c’est le vote des régions pauvres, celles où beaucoup craignent les accidents de la vie car ils voient leurs proches atteints par eux ».
L’analyse des cartes électorales doit pousser les nouveaux élus comme les décideurs locaux à remédier aux inégalités sociales et à leurs dimensions spatiales.