L’extrême-droite en marche vers les européennes

Réussir les élections européennes du 9 juin 2024 semble être le mot d’ordre de l’extrême droite dès ce mois de septembre. L’UNSA Éducation vous résume le duel entre Reconquête et le Rassemblement national qui s’est déroulé à distance sur fond d’idées pas très neuves, entre radicalité et recherche de respectabilité.

Un essoufflement de Reconquête ?

Le 10 septembre dernier, Éric Zemmour a fait sa rentrée politique en terrain conquis en Provence, mais avec moins de succès que l’an passé :  environ 3 000 personnes sont venues l’écouter contre 7 000 en 2022. À son pupitre barré du slogan « Défendre notre civilisation », il débite un discours sans surprise : risque de grand remplacement, lutte contre le métissage et l’activisme LGBTQI+, rejet du wokisme, déclin de la France, etc.

C’est à une opération de survie que l’on assiste : le 9 juin, c’est le rendez-vous électoral à ne pas manquer après les échecs de la présidentielle et des législatives. Il persiste et signe dans la radicalité espérant ainsi rallier à lui les déçu.es des Républicains ou de Renaissance et même les électeurs et électrices RN « de droite ». L’Afrique ? « Des ingrats qui envoient leurs chômeurs, leurs délinquants et leurs mineurs isolés », la décolonisation ? « Un marché de dupes ». En lien avec les élections, il précise l’urgence de refermer les frontières européennes, de se rapprocher de « nos frères européens » et de leur « héritage chrétien ». Il a conclu avec un « vive la civilisation occidentale » rappelant que pour lui, le choc de civilisations, concept phare de la droite identitaire, est une réalité. Marion Maréchal conduira la liste Reconquête.

Le RN en ordre de bataille

Le même jour, sa tante, Marine Le Pen avait lancé la campagne à distance, sur ses terres d’Hénin – Beaumont. Petit tour du marché et discours deux heures avant celui d’Éric Zemmour sapant ainsi le plan « comm » du polémiste. Pourtant, c’est le week-end suivant, le 17 septembre que la rentrée politique du Rassemblement National a vraiment débuté. La presse n’était pas conviée à Beaucaire, à cette « mini fête de l’Huma à la sauce RN » comme l’a qualifiée Le Monde. Des tee-shirts et des casquettes blanches floquées « Vivement le 9 juin » sont portés fièrement par les miltant.es. Les élections européennes sont en effet l’objectif affiché du mouvement qui veut en faire non seulement un référendum pour ou contre Macron mais aussi un tremplin vers l’élection présidentielle.

Jordan Bardella, tête de liste, n’oublie pas qu’il doit élargir sa base électorale et lutter contre l’abstention. Les idées sont donc égrainées posément, sans tapages ni radicalité. À lui « La France qui travaille », le redressement qui « n’a de sens que s’il conjugue le verbe être et le verbe avoir » son nouvel élément de langage.

À Marine Le Pen l’international, elle présente sa Déclaration du Droit des peuples et des Nations. Ce texte en 16 articles présenté comme un garant de la liberté des nations du monde, est surtout un moyen de s’affranchir des règles de l’UE fixées par la « technocratie bruxelloise » qui ont bridé, selon elle, l’indépendance de la France dans les domaines de l’énergie, de l’économie et de l’immigration. L’immigration, son thème fétiche n’est jamais loin.

La radicalité de Zemmour semble une tactique hasardeuse. Il espère au moins 5% d’élu.es aux élections pour pouvoir avoir des représentant.es au Parlement européen. En revanche, le choix de la respectabilité du RN semble fonctionner puisque, dans un sondage de Viavoice pour Libération rendu public le 5 septembre, 44% des Français jugent que la cheffe des députés du RN « peut apporter des solutions utiles aux Français » et par exemple la France insoumise est vue comme « plus dangereuse » que le RN par 36% des Français.es. Au-delà des chiffres, ce succès se traduit aussi dans les urnes puisque le RN a progressé aux élections sénatoriales, il a triplé voire quadruplé ses scores et a réussi à voir élire trois sénateurs. C’est son meilleur résultat au Palais du Luxembourg. Ceci explique sans doute la confiance affichée par le parti pour la suite.

L’UNSA Éducation rappelle que les élections européennes, malheureusement souvent boudées par les électrices et les électeurs, ont pourtant une grande importance dans leur vie quotidienne. L’extrême droite, qui n’a de cesse de vilipender l’UE, veut malgré tout s’en servir d’un côté pour redorer son blason, de l’autre pour s’assurer une audience internationale.

L’UE mérite mieux, et c’est pourquoi notre fédération considère que le projet européen est essentiel pour combattre l’extrême droite et défendre la démocratie et les valeurs d’égalité et de liberté.

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales