L’évaluation aussi doit faire sa refondation

Excessif Albert Jacquart ? Peut-être sur certains sujets ! Mais, mêmes ainsi, les prises de position -de celui qui vient de nous quitter- construisent et nourrissent notre réflexion. Il s’était ainsi engagé radicalement pour la suppression des notes et des concours afin de rétablir l’art de la rencontre. À la compétition qu’il dénonçait, il voulait substituer l’émulation. Aux barèmes chiffrés, il privilégiait les mots.

Dans L’Humanité du 22 mars 1999 : http://www.humanite.fr/node/308773, sous le titre Moi, Albert Jacquard, ministre de l’Éducation, je décrète, il proposait ainsi :
• « Article premier : Il faut supprimer tout esprit de compétition à l’école. Le moteur de notre société occidentale est la compétition, et c’est un moteur suicidaire. Il ne faut plus apprendre pour et à être le premier.
• Article deuxième : L’évaluation notée est abandonnée. Apprécier une copie, ou pire encore, une intelligence avec un nombre, c’est unidimentionnaliser les capacités des élèves. Elle sera remplacée par l’émulation. Ce principe, plus sain, permettra la comparaison pour progresser, et non pour dépasser les camarades de classe. Mettre des mots à la place des notes sera plus approprié.
»

À l’heure où l’École et plus largement l’Éducation entreprend de se refonder, il n’est pas inutile de s’interroger sur notre –nos- système d’évaluation. Certes, il n’est pas encore venu le temps d’une abolition de toute notation (brutalement, cela déstabiliserait, à juste titre, la plupart des enseignants, profondément les parents et certainement les élèves). Mais se poser la question de leur suppression et donc de leur remplacement par d’autres modes d’évaluation permet déjà de se demander ce qu’évaluer veut dire, à quoi cela sert-il et ce que l’on évalue vraiment.

La demande de suppression de la note de vie scolaire par le SE-Unsa et le SNPDEN-UNSA, et reprise par l’ensemble des organisations membres du Conseil supérieur de l’Éducation, va dans ce sens. Au-delà d’une logique application de la loi de Refondation sans attendre les préconisations du Conseil des programmes non encore installé, il s’agit d’affirmer que tout ne peut être noté, que d’autres approches permettent de mesurer l’acquisition de compétences – et particulièrement des compétences sociales, qu’évaluer est aussi un acte de formation.

Interroger l’évaluation c’est déjà la faire évoluer. Une démarche indispensable à toute refondation !

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Excessif Albert Jacquart ? Peut-être sur certains sujets ! Mais, mêmes ainsi, les prises de position -de celui qui vient de nous quitter- construisent et nourrissent notre réflexion. Il s’était ainsi engagé radicalement pour la suppression des notes et des concours afin de rétablir l’art de la rencontre. À la compétition qu’il dénonçait, il voulait substituer l’émulation. Aux barèmes chiffrés, il privilégiait les mots.

Dans L’Humanité du 22 mars 1999 : http://www.humanite.fr/node/308773, sous le titre Moi, Albert Jacquard, ministre de l’Éducation, je décrète, il proposait ainsi :
• « Article premier : Il faut supprimer tout esprit de compétition à l’école. Le moteur de notre société occidentale est la compétition, et c’est un moteur suicidaire. Il ne faut plus apprendre pour et à être le premier.
• Article deuxième : L’évaluation notée est abandonnée. Apprécier une copie, ou pire encore, une intelligence avec un nombre, c’est unidimentionnaliser les capacités des élèves. Elle sera remplacée par l’émulation. Ce principe, plus sain, permettra la comparaison pour progresser, et non pour dépasser les camarades de classe. Mettre des mots à la place des notes sera plus approprié.
»

À l’heure où l’École et plus largement l’Éducation entreprend de se refonder, il n’est pas inutile de s’interroger sur notre –nos- système d’évaluation. Certes, il n’est pas encore venu le temps d’une abolition de toute notation (brutalement, cela déstabiliserait, à juste titre, la plupart des enseignants, profondément les parents et certainement les élèves). Mais se poser la question de leur suppression et donc de leur remplacement par d’autres modes d’évaluation permet déjà de se demander ce qu’évaluer veut dire, à quoi cela sert-il et ce que l’on évalue vraiment.

La demande de suppression de la note de vie scolaire par le SE-Unsa et le SNPDEN-UNSA, et reprise par l’ensemble des organisations membres du Conseil supérieur de l’Éducation, va dans ce sens. Au-delà d’une logique application de la loi de Refondation sans attendre les préconisations du Conseil des programmes non encore installé, il s’agit d’affirmer que tout ne peut être noté, que d’autres approches permettent de mesurer l’acquisition de compétences – et particulièrement des compétences sociales, qu’évaluer est aussi un acte de formation.

Interroger l’évaluation c’est déjà la faire évoluer. Une démarche indispensable à toute refondation !