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Les vacances : c’est bon pour ma santé mentale

Depuis l'obtention des congés payés, une avancée sociale obtenue par le front populaire, les français restent particulièrement attachés à ces jours de repos. En outre, ils constituent une nécessité en terme de santé mentale des agents. À l’heure où le stress, la surcharge mentale et l’hyperconnexion deviennent des normes professionnelles, le repos et les vacances doivent être reconnus comme des piliers de santé publique. Prendre soin de sa santé mentale ne passe pas uniquement par des thérapies ou des solutions médicales. Le droit à la pause, à la lenteur, au plaisir et à la déconnexion sont inhérents à la santé mentale au travail. L’Unsa Éducation revient dans un article sur les bienfaits du repos et des vacances sur la santé mentale des agents.

La santé mentale désigne un état de bien-être global dans lequel une personne se sent bien avec elle-même, entretient des relations équilibrées, affronte les aléas du quotidien et agit de manière constructive dans sa vie personnelle et professionnelle. Elle ne se limite pas à l’absence de troubles psychiques. Elle repose sur l’équilibre entre nos émotions, nos pensées, nos comportements et notre environnement. Comme tout équilibre, elle est sensible aux pressions et au rythme de vie, notamment imposé par le travail. C’est pourquoi le repos et les vacances jouent un rôle central dans sa préservation, un lien que nous explorerons plus en détail dans la suite de cet article.

 

1. Le repos : un mécanisme fondamental 

Se reposer ne signifie pas simplement cesser de travailler : c’est un processus actif de récupération, par lequel le corps et l’esprit reconstituent les ressources altérées par le stress et la charge mentale.  On parle de processus de « récupération »,  pour définir la phase durant laquelle les niveaux de tension, générés par les exigences professionnelles, retournent à leur niveau de base.

Lorsque nous restons exposés en continu à des sollicitations cognitives et émotionnelles, notre système nerveux s’épuise. La fatigue mentale s’installe, altérant l’attention, la mémoire, les fonctions exécutives et l’humeur. Sans phases de repos suffisantes, cette fatigue peut évoluer en burn-out, troubles anxieux ou dépression. À l’inverse, lorsque nous nous accordons de véritables temps de récupération, nous permettons au cerveau de ralentir, de traiter les émotions accumulées, et de restaurer sa capacité à se concentrer et à prendre des décisions.

Des travaux de chercheurs comme Jessica de Bloom montrent que les bénéfices du repos sont réels mais dépendent de la qualité de l’expérience vécue pendant les vacances : détente, plaisir, détachement psychologique, absence d’événements négatifs.

De son côté, Sabine Sonnentag a synthétisé dans une revue scientifique de 2022 les travaux sur la récupération au travail. Elle démontre que la récupération est plus efficace lorsqu’elle inclut des expériences de déconnexion psychologique, d’activités physiques et de loisirs libres, notamment durant les soirées, les week-ends et les vacances prolongées. Même des pauses courtes, si elles sont bien investies (promenade, respiration, activité physique douce), peuvent réduire le stress et restaurer la motivation. Mais pour des effets durables, les vacances prolongées demeurent le levier le plus puissant. Le repos, bien plus qu’une pause, agit comme un bouclier protecteur contre l’usure psychique

2. Les vacances : une coupure réparatrice !

Contrairement à une simple pause dans la journée, les vacances offrent un temps prolongé de déconnexion, propice à une véritable restauration mentale et émotionnelle. Elles permettent de rompre avec le rythme du travail, de réinitialiser ses priorités et de réorienter son attention vers des activités choisies, plaisantes et nourrissantes.

La santé et le bien-être s’améliorent significativement pendant les vacances, grâce à quatre principaux leviers :

  1. Le détachement psychologique (débrancher pour se réparer)

L’un des facteurs les plus décisifs identifiés par les chercheurs est le détachement mental vis-à-vis du travail. Ne plus penser à ses tâches professionnelles, éviter les mails, les appels ou les réflexions liées au travail agit comme une véritable soupape mentale. Il permet au cerveau de sortir de l’état d’alerte constant. La charge cognitive et les niveaux de cortisol, hormone du stress, diminuent alors.

Dans ses travaux Jessica de Bloom a montré que les personnes qui parvenaient à se déconnecter mentalement pendant leurs vacances présentaient une amélioration significative de leur humeur, de leur niveau d’énergie et de leur capacité de concentration au retour. En revanche, celles qui restaient connectées – même passivement – ne bénéficiaient que très peu des effets positifs du repos.

2. La relaxation physique et mentale

Le deuxième levier clé est la capacité à relâcher les tensions physiques et psychiques. Le travail, surtout en contexte stressant, mobilise en permanence le corps : tensions musculaires, fatigue visuelle, posture statique prolongée, troubles du sommeil. Les vacances permettent de réduire ces symptômes, notamment à travers le sommeil réparateur, la réduction des horaires contraints et la pratique d’activités apaisantes.

La qualité du sommeil s’améliore considérablement pendant les vacances, particulièrement lorsque les individus cessent de se lever à heure fixe et retrouvent un rythme circadien naturel. En parallèle, les états d’anxiété et de nervosité diminuent, favorisant un retour à l’homéostasie physiologique et émotionnelle.

3. Faire des expériences positives

Les vacances, synonyme de cessation d’activité professionnelle est aussi bénéfique en raison des expériences plaisantes vécues. Ces expériences, qu’elles soient sociales, sensorielles, culturelles, ou physiques stimulent les circuits de la récompense dans le cerveau, renforcent l’estime de soi et favorisent la sécrétion de dopamine et de sérotonine – deux neurotransmetteurs associés au bien-être.

La psychologie positive souligne que le plaisir vécu pendant les vacances peut nourrir un « capital émotionnel » qui continue de produire des effets après le retour. Les souvenirs heureux renforcent la résilience et peuvent servir de points d’ancrage en période de stress futur.

4. L’absence d’incidents négatifs

Enfin, la présence d’éléments perturbateurs pendant les vacances (conflits, imprévus majeurs, problèmes de santé ou logistique) limite fortement les bénéfices psychologiques. À l’inverse, un séjour fluide, sans accroc notable, favorise une baisse durable du niveau de stress.

Jessica de Bloom indique que les personnes ayant vécu des vacances « sans souci » rapportaient un niveau de satisfaction et de bien-être plus élevé jusqu’à un mois après leur retour. Ce point met en lumière l’importance de préparer ses vacances de façon réaliste, d’anticiper les contraintes logistiques et d’accepter que tout ne soit pas parfait, mais sans se mettre en surcharge émotionnelle.

Selon une méta-analyse de Ryan S. Grant publiée dans le Journal of Applied Psychology, les vacances peuvent prolonger le bien-être jusqu’à six semaines après le retour, à condition que les personnes aient réellement décroché, vécu des expériences plaisantes et pratiqué des activités physiques modérées.

D’autres études, comme celle de Brooks B. Gump, ont démontré un lien entre la prise régulière de vacances et une réduction du risque de mortalité de 20 %, ainsi qu’un risque diminué de maladies cardiaques et de troubles métaboliques.

Même de courtes vacances peuvent produire des effets durables. Quatre jours de congé peuvent entraîner une baisse significative du stress et une amélioration du bien-être, effets qui persistent jusqu’à 45 jours après leur retour.

Enfin, sur le plan psychologique, les vacances permettent de prendre du recul sur sa vie professionnelle, d’explorer d’autres sphères de soi, de renforcer les liens sociaux, et d’alimenter sa résilience mentale.  Pour le Dr Marielle Dumortier, médecin du travail, les vacances permettent une mise à distance du travail, un ralentissement salutaire. En changeant de cadre, on retrouve du souffle, on reprend possession de sa capacité d’agir.

 

En somme, vous voilà, si besoin en était déculpabilisé, alors profitez de vos vacances et revenez nous en forme pour de nouvelles batailles syndicales avec l’Unsa Éducation, le syndicat qui améliore votre quotidien.

  1. Sources :
  • Grant, R. S., Buchanan, B. E., & Shockley, K. M. (2025). “I need a vacation” : Meta-analysis of vacations and employee well-being. Journal of Applied Psychology. https://doi.org/10.1037/apl0001262

Contact: fp@unsa-education.org

 

 

 

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