Les élèves, « pharmakon » des personnels éducatifs

Dans le baromètre UNSA des métiers de l’Éducation, le mot « élève » fait partie de ceux qui reviennent le plus fréquemment dans les questions ouvertes. Mais chose intéressante, il est proportionnellement aussi souvent cité dans les points positifs que dans les points négatifs.

Dans le baromètre UNSA des métiers de l’Éducation, le mot « élève » fait partie de ceux qui reviennent le plus fréquemment dans les questions ouvertes. Mais chose intéressante, il est proportionnellement aussi souvent cité dans les points positifs que dans les points négatifs.

« Pharmakon », dirait le chercheur Bernard Stiegler, identifiant par là même le mal et son remède.

Evidemment une école sans élèves, c’est un peu comme un appartement sans voisins, une route sans circulation, un lieu sans habitants. C’est calme, tranquille, beau, ça peut avoir son charme… mais finalement cela n’a pas beaucoup de sens.

Pour les enseignants (majoritairement), comme pour l’ensemble des personnels d’Éducation, les élèves, les apprenants, les étudiants sont la raison même d’être et d’exercer nos métiers.

Et même, quand ce sont ces mêmes élèves qui posent problème.

Car, il y a souvent, malgré parfois une certaine rudesse ou impatience, une sorte de bienveillance à désigner les soucis causés par les élèves. C’est une souffrance partagée. Une envie de permettre la réussite et de voir qu’on y arrive pas, en tout cas pas assez. Il n’y a pas, en effet, d’éducateur heureux des échecs de ses élèves.
Dans les cas de difficultés, on aimerait que les élèves fassent davantage d’efforts, soient plus attentifs, plus concentrés, plus sérieux. On aimerait aussi savoir mieux faire, plus les intéresser, les motiver, les éveiller. Il y a ce sentiment étrange qu’on fait tout pour eux et –en même temps- qu’on n’en fait pas assez, faute de moyens, de temps, de disponibilité, d’outils, de formation…

Et puis, il y a les bonnes surprises… L’élève qui se révèle à l’occasion d’une sortie, d’un projet, d’une activité, au sein d’un groupe, l’aboutissement d’un travail réussi, une action éducative qui profite à tous.

Même si c’est pour eux que nous que nous exerçons des métiers éducatifs, il nous faut tout de même nous rappeler sans cesse qu’avant d’être nos élèves, nos étudiants, nos apprenants, ils sont des enfants, des jeunes, des personnes. Il nous revient de les aider et de les accompagner pour devenir élève. Cette démarche est plus facile pour certains que pour d’autres. De nombreux éléments, psychologiques, économiques, culturels…, peuvent y faire obstacle. C’est certainement face à eux que notre mission d’Éducation prend tout son sens – et qu’elle ne peut être réduite à la seule action d’enseignement : leur permettre de s’élever. En niveau de connaissance, bien entendu. En compétences, cette capacité à mobiliser des connaissances pour agir dans une situation donnée, c’est encore mieux.

Mais surtout en êtres humains libres, solidaires et émancipés, en citoyens actifs, participatifs et responsables. En un mot : en Humanité.

Alors, aux soucis qu’ils peuvent causer, leur réussite devient notre fierté.

 

Denis Adam, le 28 septembre 2016

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Dans le baromètre UNSA des métiers de l’Éducation, le mot « élève » fait partie de ceux qui reviennent le plus fréquemment dans les questions ouvertes. Mais chose intéressante, il est proportionnellement aussi souvent cité dans les points positifs que dans les points négatifs.

« Pharmakon », dirait le chercheur Bernard Stiegler, identifiant par là même le mal et son remède.

Evidemment une école sans élèves, c’est un peu comme un appartement sans voisins, une route sans circulation, un lieu sans habitants. C’est calme, tranquille, beau, ça peut avoir son charme… mais finalement cela n’a pas beaucoup de sens.

Pour les enseignants (majoritairement), comme pour l’ensemble des personnels d’Éducation, les élèves, les apprenants, les étudiants sont la raison même d’être et d’exercer nos métiers.

Et même, quand ce sont ces mêmes élèves qui posent problème.

Car, il y a souvent, malgré parfois une certaine rudesse ou impatience, une sorte de bienveillance à désigner les soucis causés par les élèves. C’est une souffrance partagée. Une envie de permettre la réussite et de voir qu’on y arrive pas, en tout cas pas assez. Il n’y a pas, en effet, d’éducateur heureux des échecs de ses élèves.
Dans les cas de difficultés, on aimerait que les élèves fassent davantage d’efforts, soient plus attentifs, plus concentrés, plus sérieux. On aimerait aussi savoir mieux faire, plus les intéresser, les motiver, les éveiller. Il y a ce sentiment étrange qu’on fait tout pour eux et –en même temps- qu’on n’en fait pas assez, faute de moyens, de temps, de disponibilité, d’outils, de formation…

Et puis, il y a les bonnes surprises… L’élève qui se révèle à l’occasion d’une sortie, d’un projet, d’une activité, au sein d’un groupe, l’aboutissement d’un travail réussi, une action éducative qui profite à tous.

Même si c’est pour eux que nous que nous exerçons des métiers éducatifs, il nous faut tout de même nous rappeler sans cesse qu’avant d’être nos élèves, nos étudiants, nos apprenants, ils sont des enfants, des jeunes, des personnes. Il nous revient de les aider et de les accompagner pour devenir élève. Cette démarche est plus facile pour certains que pour d’autres. De nombreux éléments, psychologiques, économiques, culturels…, peuvent y faire obstacle. C’est certainement face à eux que notre mission d’Éducation prend tout son sens – et qu’elle ne peut être réduite à la seule action d’enseignement : leur permettre de s’élever. En niveau de connaissance, bien entendu. En compétences, cette capacité à mobiliser des connaissances pour agir dans une situation donnée, c’est encore mieux.

Mais surtout en êtres humains libres, solidaires et émancipés, en citoyens actifs, participatifs et responsables. En un mot : en Humanité.

Alors, aux soucis qu’ils peuvent causer, leur réussite devient notre fierté.

 

Denis Adam, le 28 septembre 2016