Les animateurs et animatrices : des acteurs éducatifs à reconnaître, à valoriser et à sortir de la précarité
Les accueils péri et extra-scolaire sont complémentaires de l’école et de la famille :
– Durant ces temps, les enfants et les jeunes peuvent accéder à un espace qui n’a pas les mêmes contraintes que celles de l’école. Ils peuvent expérimenter le collectif autrement avec ce qu’il implique de respect, de coopération et d’apprentissage de l’autonomie. Lors de la première session d’audition de la convention citoyenne, Stéphanie CONSTANS a très bien expliqué combien il est important pour les enfants de disposer de temps où la contrainte exercée par les adultes est limitée.
– La relation entre l’animateur et l’enfant (surtout celui/celle vulnérable au niveau social et scolaire) est fondamentalement un contrepoids à l’échec scolaire, la déscolarisation et la rupture éducative. Un enfant peut se sentir en échec à l’école et regagner confiance en lui en accueil de loisirs.
– Au vu du temps passé dans les accueils péri et extra-scolaire, on ne peut développer une vision complète de l’enfant sans celles et ceux qui assurent la relation éducative sur ces temps. Si le sujet est pensé en matière d’équipe éducative et de co-éducation, on doit s’assurer que les animateurs et animatrices aient une place autour de la table.
– Au-delà de la réussite scolaire, les animateurs et animatrices contribuent à la réussite éducative. Ils et elles conçoivent et mettent en œuvre des projets pédagogiques (activités culturelles, sportives, citoyennes…) qui favorisent la curiosité, la créativité et l’autonomie de l’enfant (facteur de réussite et de mobilité scolaire et sociale). Leur invisibilité reviendrait à nier la richesse de ces apports pour en faire une simple » gestion du temps libre », sans intention éducative.
Les animateurs et les animatrices sont indispensables et pourtant il y a une forte pénurie d’animateurs : on estime à 30 000 le nombre de postes vacants pour l’année 2023 soit environ 10 % des effectifs nécessaires. Quelles sont les conditions d’emploi des animateurs ? Prenons l’exemple du périscolaire c’est à dire l’accueil les semaines d’école, avant la classe, pendant la pause méridienne, après la classe et le mercredi après-midi.
– Les horaires des animateurs sont fractionnés : les contrats sont très souvent à temps partiel (en moyenne 18 h/semaine selon le rapport de branche Éclat, par exemple), sur une amplitude horaire très large (7h-19h), avec deux coupures pour seulement 4 à 6 heures de travail rémunéré. Autrement dit, pendant que les enfants sont en classe, les animateurs ne sont pas payés.
– Ce temps serait pourtant bien utile pour préparer les séquences d’animation : comment demander un accueil de qualité si on ne paye les personnes que sur le temps où les enfants sont là ?
– On utilise des diplômes qui ne sont pas compatibles avec une activité professionnelle. La réglementation autorise le BAFA comme diplôme pour exercer les fonctions d’animateurs. Le BAFA c’est 8 jours de formation et 20 jours de stage. Ce n’est pas un diplôme professionnel et c’est parfait pour permettre dès 16 ans de faire de l’animation pendant les vacances, mais est-ce adapté pour un travail qui doit être fait 5 jours/semaine pendant toute l’année scolaire ? L’animation a des diplômes professionnels qui méritent d’être mieux reconnus.
Les conditions d’emploi sont défavorables, pourtant les attentes sont élevées. Il est demandé aux animateurs :
– de concevoir des projets éducatifs – Peut-être que vous vous rappelez que pour plus de cohérence, Grégoire BOST lors de la première audition soumettait l’idée de projet éducatif commun au sein des établissements scolaires,
– d’assurer un lien avec les différents acteurs éducatifs et de comprendre l’univers éducatif dans son ensemble avec de nombreux dispositifs parfois complexes : PEDT, cités éducatives, vacances apprenantes etc,
– d’avoir une compréhension fine du développement de l’enfant et de ses besoins pour lui permettre de réaliser ses propres projets.
Pour améliorer la vie quotidienne des enfants avec des temps favorables à leurs apprentissages, à leur développement et à leur santé, il faut regarder les temps péri et extra-scolaires mais aussi celles et ceux qui en assurent la qualité éducative : les animateurs et les animatrices. S’interroger sur les temps de l’enfant, c’est aussi s’interroger sur l’ambition éducative que nous voulons porter sur ce temps-là. La convention citoyenne sur les temps de l’enfant doit les entendre et leur donner la parole.
Site de la Convention Citoyenne
Site du SEP UNSA, le syndicat des professionnels de l’animation et de l’éducation populaire