L’école inclusive, invitée « surprise » des présidentielles
L’idée d’inclure dans la société les personnes en situation de handicap n’est pas récente. Dès 1968, un rapport sur la problématique de l’adaptation de la société aux personnes handicapées est rendu au Premier Ministre Pompidou. La réflexion débouche sur la loi de 1975 dite « de Solidarité », qui définit les droits fondamentaux des personnes handicapées dans 3 domaines : le travail, la garantie minimum des ressources, et l’intégration scolaire et sociale. Il est important de rappeler que c’est un projet de société qui initie les mouvements politiques : à l’échelle nationale et internationale, le progrès social passe par l’intégration des personnes handicapées.
Définition légale du handicap
Dans les années 80 et 90, divers textes législatifs visent à favoriser l’intégration des personnes handicapées dans la société, dans le monde du travail. Après 30 ans, les bilans et travaux de réflexion consécutifs à la loi de 1975 aboutissent à la loi de 2005 « loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ». Cette loi donne une définition légale du handicap, favorise la non-discrimination des personnes handicapées et leur garantit le libre choix de leur projet de vie. Elle affirme pour les jeunes la priorité d’une scolarisation de droit commun, la reconnaissance du choix des parents et surtout, renforce la responsabilité de l’État à travers la mise en place du Projet Individuel de Scolarisation et les réponses complémentaires pédagogiques et psycho-sociales.
Mécontentement
Aujourd’hui, après 15 ans d’existence, le bilan est largement mitigé. La scolarisation en milieu ordinaire cristallise l’essentiel du mécontentement, à la fois de la part des associations de parents d’enfants handicapés, mais également du côté des professionnels de l’éducation. En cause, un nombre de demandes en explosion ces dernières années, pour que des enfants soient reconnus dans le champ du handicap et accompagnés d’une aide humaine (AESH). Et, par conséquent, un nombre d’AESH très insuffisant, des personnels précaires et mal rémunérés, peu ou mal formés à l’accompagnement, parfois très spécifique. Des classes nombreuses, dans lesquelles la reconnaissance de telle ou telle situation spécifique interroge et met en difficulté des enseignants également peu formés à ces problématiques, malgré l’obligation qui leur incombe d’adapter leurs contenus pédagogiques.
Aujourd’hui, force est de constater que si l’intention est bonne, la mise en œuvre « à moyens constants » des aides, quand la demande explose de façon exponentielle, ne peut que conduire à un constat de difficulté aggravée pour tous les acteurs de l’école. Et par une souffrance accrue des élèves en situation de handicap.
Malgré tout – et l’UNSA Éducation tient à souligner ici combien l’école inclusive fait partie de ses principaux engagements – à trente ans d’intervalle, les intitulés de ces deux lois nous rappellent quelles valeurs se sont faites corps à travers ces textes : solidarité, égalité. Incontestablement, ces deux termes doivent plus que jamais être rappelés dans la réflexion qu’il nous faut tous poursuivre.