L’École apprenante

L’École apprend aux élèves. Normal c’est son rôle. Mais elle peut également apprendre ou permettre d’apprendre aux professionnels qu’elle accueille. Cette fonction « formatrice » de l’établissement scolaire nécessite plusieurs conditions de management, bien entendu, mais également de travail coopératif en équipe.

En 2011, le recteur Alain Bouvier –dans la suite de son ouvrage de référence L’établissement scolaire apprenant (Hachette, nov. 2001), proposait neuf scenario pour l’École de 2030. Parmi celles-ci, une seule reprenait l’idée d’une « École des professionnels », signifiant que « le milieu pédagogique s’organise, en tant que groupe de professionnels d’un secteur, pour se préoccuper de ses résultats en termes d’acquis des élèves, de leur qualité, d’efficacité, d’efficience, pour pratiquer des expérimentations et en tirer des leçons, pour comparer des pratiques mises en regard de leurs résultats, sur la base d’un code éthique. Dans cette « école des professionnels », les acteurs font aussi le nécessaire pour réguler leur action avec toutes les parties prenantes. Ils cherchent à évaluer, à capitaliser leurs acquis, en s’inscrivant dans une perspective d’école apprenante. »


Il concluait ainsi son analyse : « Les neuf scénarios que nous avons cités sont déjà en place et certains connaissent un rapide développement. À l’horizon 2030, je ne crois pas que l’un d’eux aura totalement supplanté tous les autres. Il est probable qu’un système hybride soit en cours de construction sous nos yeux. Pour les élèves, j’espère qu’il sera professionnel et humaniste, vigilant sur les valeurs et l’éthique, donc assez éloigné de l’École du statu quo et de la bureaucratie

Syndrome du « cordonnier le plus mal chaussé », le débat qui a préparé et accompagné la loi de Refondation de l’École de la République aura finalement peu évoqué l’évolution même de l’École en terme de structure, d’organisation, de lieu d’apprentissage pour ses personnels. Un peu comme, si en reconstruisant une formation initiale, confiée aux ESPé, la mission de formation devait se résumer à l’action –certes d’importance- de ces seuls opérateurs. Or la formation professionnelle des enseignants comme de l’ensemble des personnels de l’Éducation nécessite, au-delà des apports initiaux, un environnement formateur qui assure les échanges entre pairs, qui permette la prise en compte des évolutions, les innovations et les expérimentations, qui favorise des évaluations constructives.


Si tous les acteurs sont concernés et peuvent agir pour cette évolution, il va de soi –mais peut-être pas suffisamment pour tout le monde- que les chefs d’établissements, les inspecteurs et –dans le respect de leur mission spécifique- les directeurs d’écoles, ont un rôle important pour créer et dynamiser le caractère formateur*, apprenant, des écoles et établissements au bénéfice de l’ensemble des personnels.


(* le numéro de juin 2014 des Cahiers pédagogiques dans son dossier le métier d’enseignant consacre un article à « l’établissement formateur »)

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L’École apprend aux élèves. Normal c’est son rôle. Mais elle peut également apprendre ou permettre d’apprendre aux professionnels qu’elle accueille. Cette fonction « formatrice » de l’établissement scolaire nécessite plusieurs conditions de management, bien entendu, mais également de travail coopératif en équipe.

En 2011, le recteur Alain Bouvier –dans la suite de son ouvrage de référence L’établissement scolaire apprenant (Hachette, nov. 2001), proposait neuf scenario pour l’École de 2030. Parmi celles-ci, une seule reprenait l’idée d’une « École des professionnels », signifiant que « le milieu pédagogique s’organise, en tant que groupe de professionnels d’un secteur, pour se préoccuper de ses résultats en termes d’acquis des élèves, de leur qualité, d’efficacité, d’efficience, pour pratiquer des expérimentations et en tirer des leçons, pour comparer des pratiques mises en regard de leurs résultats, sur la base d’un code éthique. Dans cette « école des professionnels », les acteurs font aussi le nécessaire pour réguler leur action avec toutes les parties prenantes. Ils cherchent à évaluer, à capitaliser leurs acquis, en s’inscrivant dans une perspective d’école apprenante. »


Il concluait ainsi son analyse : « Les neuf scénarios que nous avons cités sont déjà en place et certains connaissent un rapide développement. À l’horizon 2030, je ne crois pas que l’un d’eux aura totalement supplanté tous les autres. Il est probable qu’un système hybride soit en cours de construction sous nos yeux. Pour les élèves, j’espère qu’il sera professionnel et humaniste, vigilant sur les valeurs et l’éthique, donc assez éloigné de l’École du statu quo et de la bureaucratie

Syndrome du « cordonnier le plus mal chaussé », le débat qui a préparé et accompagné la loi de Refondation de l’École de la République aura finalement peu évoqué l’évolution même de l’École en terme de structure, d’organisation, de lieu d’apprentissage pour ses personnels. Un peu comme, si en reconstruisant une formation initiale, confiée aux ESPé, la mission de formation devait se résumer à l’action –certes d’importance- de ces seuls opérateurs. Or la formation professionnelle des enseignants comme de l’ensemble des personnels de l’Éducation nécessite, au-delà des apports initiaux, un environnement formateur qui assure les échanges entre pairs, qui permette la prise en compte des évolutions, les innovations et les expérimentations, qui favorise des évaluations constructives.


Si tous les acteurs sont concernés et peuvent agir pour cette évolution, il va de soi –mais peut-être pas suffisamment pour tout le monde- que les chefs d’établissements, les inspecteurs et –dans le respect de leur mission spécifique- les directeurs d’écoles, ont un rôle important pour créer et dynamiser le caractère formateur*, apprenant, des écoles et établissements au bénéfice de l’ensemble des personnels.


(* le numéro de juin 2014 des Cahiers pédagogiques dans son dossier le métier d’enseignant consacre un article à « l’établissement formateur »)