Analyses et décryptages

Le service civique écologique, entre coup de com’ et coupes budgétaires

Le service civique écologique, lancé au printemps dernier, semble être une bonne initiative. Sauf que le gouvernement n’a pas mis l’environnement au centre de ses priorités malgré les promesses présidentielles. On peut donc s’interroger sur la pertinence de cette mesure alors que menacent les coups de rabot budgétaire.

Le service civique écologique vise les jeunes de 16 à 25 ans qui souhaitent s’engager pour la transition écologique (solidarites.gouv.fr). « Il ne s’agit pas d’une nouveauté mais d’un domaine d’action du service civique qui existe depuis le début », fait remarquer Aurélie Canazzi, co-secrétaire générale du SEP-UNSA. D’où le sentiment « d’un coup de com’ » qui ne doit pas masquer l’écart qui subsiste entre la véritable préoccupation des jeunes au sujet de l’environnement et son traitement politique.

Selon un sondage de l’Ifop pour la Fondation de France, 90% des jeunes de 18-25 ans se disent se sentir préoccupés par le changement climatique, et ils sont 47% à déplorer que la population ne soit pas prête à renoncer à son confort de vie au profit de la planète ; ils déplorent aussi le fait que certains états manquent de volonté en la matière. Enfin, les plus fatalistes, c’est-à-dire 29 % de l’échantillon interrogé, ont le sentiment « que c’est trop tard, qu’on ne peut rien faire ».

Le service civique écologique doit permettre de répondre à plusieurs objectifs. Le premier concerne « l’opportunité pour les jeunes, notamment ceux qui sont en difficulté avec les études, de prendre confiance en eux », explique encore Aurélie Canazzi, qui évoque également la possibilité pour eux de découvrir des métiers attractifs. Et ceux-ci sont de plus en plus nombreux. Les offres d’emploi qui concernent l’économie verte, toutes branches confondues, ont représenté en 2022 plus de 500.000 projets de recrutement, dont les deux tiers ont été difficiles à pouvoir d’après l’Observatoire national des emplois et métiers « verts ».

Le deuxième objectif est de permettre à ces jeunes de « contribuer à la vie citoyenne des territoires en étant associés à des actions de dialogue entre groupes de conflits tels que défenseurs de l’environnement et personnes climato-sceptiques ». Reste que « ces jeunes ont besoin d’être accompagnés et formés dans une organisation qui saura leur dédier du temps »alors que « de nombreux acteurs des territoires n’ont pas toujours de personnel dédié à ce tutorat ».

Aussi, l’UNSA Éducation et ses syndicats, notamment le SEP-UNSA, veilleront à ce que les objectifs de ce service civique écologique soient respectés. Rappelons que dans sa résolution générale du congrès de Nantes, notre fédération considère que « les conséquences du changement climatique sont bien évidemment environnementales mais également sociales et économiques » et « que l’on doit agir dès à présent et au plus proche de l’environnement des citoyens ».

Un effort est donc particulièrement attendu en matière de formation des jeunes aux enjeux climatiques dans les cursus scolaires et/ou universitaires alors que l’ambition gouvernementale est forte : on parle ici de 50 000 jeunes en service civique écologique par an. Sans être dupe de la perspective des coupes budgétaires annoncées qui, comme trop souvent, menacent d’abord les politiques liées aux enjeux environnementaux.

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