Le Rassemblement national se met au vert ?
À l’approche des élections présidentielles de 2022, le vert a le vent en poupe. Les partis politiques semblent de plus en plus se tourner vers l’écologie afin de compléter leur campagne et d’ être certains de traiter tous les grands sujets d’actualités. Cependant, lorsqu’un parti comme le Rassemblement National (RN) commence à se verdir, un décryptage s’impose: l’ UNSA Éducation donne son éclairage.
Les axes des théories sur l’écologie du RN
Jean-Marie Le Pen, ancien dirigeant du Front national, n’avait jamais caché son climato-scepticisme, comme d’autres membres du parti d’extrême-droite. Pourtant, le thème de la protection des animaux et de l’environnement a toujours joué un rôle dans ce courant. Mais, aujourd’hui, l’écologie semble prendre une nouvelle importance pour les membres du parti: le RN détourne à son avantage cette thématique qui progresse dans l’opinion publique.
Hervé Juvin, essayiste et hommes d’affaires français, est celui qui a donné de l’importance à l’écologie au sein de ce parti. Élu député européen RN depuis 2019, il développe et défend l’idée du «localisme». Celui-ci s’appuie sur un enracinement profond dans son territoire, se rattache à une identité forte, ce qui est souvent associé au «terroir». La formule semble parfaite pour valoriser l’idéologie du RN: la protection de l’environnement est associée aux idées réactionnaires et à la lutte contre l’immigration. Hervé Juvin soutient également «une écologie intégrale». Il s’agit d’un mélange de développement durable, de traditions culturelles et d’actes du quotidien, le tout servant de base à une conception d’ordre naturel : les idées de progrès sont rejetées, tout comme l’homosexualité, l’avortement, la PMA ou bien encore le métissage, autant d’éléments qui fragilisent selon lui les êtres humains.
Au-delà des thèses d’Hervé Juvin, l’écologie semble aussi apporter au RN de bons arguments pour lutter contre le libre-échange. En limitant les échanges internationaux, on fait du bien à l’environnement mais aussi on protège nos frontières et on favorise le national. Le protectionnisme a donc ici un allié de choix.
Mais à quel point ces thèses sont-elles soutenables?
Demander d’agir localement ou encore circonscrire le problème aux limites de l’hexagone ne paraît pas d’une grande efficacité. Chacun le sait, le problème de la pollution ou des émissions de gaz à effet de serre ne se limite pas aux frontières françaises et va même bien au-delà de l’Europe. Si agir à l’échelle locale est primordial, il est également urgent et nécessaire d’agir à l’échelle internationale de manière coordonnée. L’enjeu est planétaire. Être «écolo», ce n’est pas se mettre des œillères et rester tourné vers l’ entre-soi : cela demande solidarité et ouverture d’esprit au-delà des frontières, des qualités bien éloignées de l’idéologie de l’extrême droite (Voir notre article «Européennes 2019: l’extrême droite n’a pas la main verte »).
L’attachement de l’extrême droite à l’écologie est donc de façade. Le RN semble plus s’approprier la question de l’écologie afin d’étayer ses grands thèmes, qu’il porte depuis des années . Plus qu’une conviction, le RN cherche à mettre en avant un rafraichissement dans ses idées. Ajoutons qu’ Hervé Juvin a mis récemment l’accent, avec Marine Le Pen, sur une volonté nettement affichée de privilégier le nucléaire, en développant aussi les réacteurs de quatrième génération, et de suspendre les implantations d’éoliennes. Clairement, il s’agit pour le parti de «verdir» son projet politique avant tout, en instrumentalisant un enjeu de plus en plus partagé dans la société.
À l’UNSA Éducation, il nous paraît donc important de décrypter ces thèses inspirées de l’écologie au sein de l’extrême droite qui cherche depuis des années à imposer sa vision réactionnaire, xénophobe et intolérante au sein de notre pays. L’écologie et la transition juste et équitable sont des enjeux trop importants pour les laisser aux mains de l’extrême droite.