Analyses et décryptages

Le nucléaire : une solution d’avenir ?

À l’heure de la transition écologique, s’il est un thème que l’on voit souvent revenir dans les débats, c’est bien celui du nucléaire. Au cœur des interrogations à propos de l’énergie depuis les années 1950, le nucléaire est aujourd’hui considéré comme une alternative possible aux énergies fossiles. Cependant, la « propreté » du nucléaire ne semble pas être validée par tout le monde. À l’heure où un nouveau retard pour la mise en route de l’EPR de Flamanville a été annoncé, l’UNSA Éducation fait le point sur les enjeux concernant l’énergie nucléaire.

Une démarche politique pour aller vers une « énergie propre » …

Lors de son allocution télévisée du 9 novembre, Emmanuel Macron a annoncé vouloir construire 4 nouveaux réacteurs en France. De même, lors du débat du 8 novembre sur LCI, les candidats républicains ont eux aussi tous annoncé leur volonté de construire des nouveaux réacteurs. Il semblerait donc que le thème du nucléaire soit au cœur des échanges lors de la course aux élections présidentielles. Les candidats et candidates veulent se positionner sur cette question. Deux récents sondages pourraient fournir une explication à ce  sujet, celui du groupe nucléaire français Orano et celui des Echos. Ces derniers suggèrent que de plus en plus de français·es seraient favorables à l’énergie nucléaire. Par ailleurs, le 25 octobre dernier, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité haute tension (RTE) a développé 6 scénarios énergétiques pour 2050 parmi lesquels celui mettant en place des nouveaux réacteurs à partir de 2035 serait le plus simple et le moins coûteux.

Le sujet est également beaucoup discuté au niveau européen depuis la rentrée 2021. Le nucléaire en ressort comme une alternative essentielle pour 13 des 27 États membres.  Ils peuvent d’ailleurs choisir de l’intégrer ou pas dans leur politique de transition énergétique. En parallèle, l’Union européenne cherche à améliorer les normes de sûreté applicables aux centrales et à trouver une manière de traiter les déchets en toute sécurité. Cependant, il faut garder en tête que c’est la Commission européenne qui décide si une énergie est propre ou pas, raison pour laquelle les pays qui soutiennent le nucléaire essaient d’obtenir un label vert avec des propositions de financements. Leur principal argument ? L’Union européenne doit réduire ses émissions de CO2 de 55% d’ici 2030. Les secteurs du nucléaire dépendent donc de Bruxelles pour financer leurs futurs investissements. La décision doit être prise le 18 janvier.

… mais qui soulève plusieurs problèmes

Néanmoins, si le nucléaire est sous le feu des projecteurs, il interroge encore à différents niveaux. Même s’il est souvent présenté comme la solution la moins couteuse, certaines constructions actuelles de réacteurs montrent que les frais estimés à l’origine sont bien en deçà de la réalité du coût final de construction. C’est le cas pour le fameux EPR qui a plus de 10 ans de retard et des surcoûts très importants. De même, de nombreux retards dans la construction de nouvelles centrales démontrent que bâtir des réacteurs fiables et sécurisés n’est pas sans difficultés. Le nucléaire est une énergie qui ne tolère aucune faille car une erreur pourrait être catastrophique. Pourtant, le principe de « défense en profondeur » (mis en place depuis les années 1970 dans la construction des centrales afin d’éviter tout accident) semble avoir baissé ses exigences depuis cet automne, ce qui peut interroger quant à la sécurité.

S’il s’agit d’une énergie qui émet peu de gaz à effet de serre, le nucléaire ne peut rentrer facilement dans la taxonomie verte (un outil de classification environnementale permettant d’orienter les investissements vers des énergies considérées comme durables) à cause du problème des déchets et des risques qui pèsent sur l’environnement. Pour l’instant, il ne répond pas aux objectifs demandés car les déchets radioactifs peuvent avoir un impact direct sur les cours d’eau mais aussi indirectement par le risque d’accident.

Enfin, deux autres défis restent. Tout d’abord, des expert·es s’interrogent sur la capacité des infrastructures nucléaires à résister au réchauffement des températures, à l’élévation du niveau des mers et aux évènements climatiques extrêmes. Ce sont de rudes épreuves qui risquent bientôt d’être inévitables. Puis, se pose également la question des ressources en eau. Le nucléaire a besoin de beaucoup d’eau pour fonctionner, est-ce qu’il y en aura assez à l’avenir ? De même, plusieurs centrales se situent en bord de mer ou de cours d’eau : que se passera-t-il s’il se produit une élévation du niveau des eaux ?

Alors, le nucléaire est-il réellement la solution miracle pour lutter contre le changement climatique ? La réponse demeure à ce jour encore incertaine et en débat. Le 18 janvier, la Commission européenne nous apportera peut-être une première réponse. En attendant, à l’UNSA Éducation, nous continuerons d’expliquer les principaux enjeux de ce sujet et de nous former pour pouvoir construire ensemble une transition écologique plus juste et durable.

 

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