Le mythe de l’agora

Il y a dans l’idéal républicain, l’idée de donner au peuple des citoyens le pouvoir d’agir et de décider de la « chose publique ». L’exemple embelli de l’agora athénienne sert alors de modèle mythique pour revendiquer la participation de tous à la délibération collective et directe. D’internet au référendum, un nouveau modèle se cherche. Loin d’être exempt de tous défauts, il a au moins le mérite de réinterroger les formes démocratiques actuelles.

D’un côté, il y a la démultiplication des conseils (de jeunes, de quartiers, d’habitants, …) visant à mieux représenter, au plus près de leurs réalités quotidiennes des catégories ou des portions de la population.

De l’autre, une injonction à faire participer le plus grand nombre, à refaire peuple et à développer une citoyenneté active, s’exerçant au-delà des seules périodes d’élections.

Dans les deux cas, il s’agit –a minima- de réinterroger les dysfonctionnements d’une démocratie représentative flirtant souvent à la limite de l’oligarchie, voire de chercher à lui substituer un nouveau modèle renouant avec les vertus démocratiques.

Lors de la première élection du président Obama, certains ont pu penser (et même dire et écrire) que les réseaux sociaux étaient dorénavant la nouvelle agora moderne et qu’ils seraient dorénavant le lieu de fabrication et d’exercice du pouvoir politique. Les printemps dits arabes ont démontré depuis que, si les réseaux sociaux sont un formidable vecteur de diffusion et de mobilisation, c’est encore dans un rapport de force de la rue et des urnes que se joue l’essentiel de l’avènement et du développement de la démocratie ou non.

La consultation du peuple grec alimente également le débat. Nos voisins suisses qui usent –et, parfois, abusent-  des référendum, sont témoins régulièrement des aberrations que peut porter une majorité populaire. Certes on comprend bien la volonté de redonner le pouvoir au peuple, telle que Rousseau pouvait l’exprimer dans le Contrat social :

« LA SOUVERAINETE ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le Peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. »  (Rousseau, Du contrat social, livre III, chapitre 15)

Mais ne nous y trompons pas. Il peut, aussi facilement, y avoir de la manipulation, tant dans les modes représentatifs que dans les démarches participatives. N’est-ce pas suite à un référendum devenu plébiscite que Louis-Napoléon Bonaparte s’est autorisé le coup d’Etat qui devait faire de lui un empereur contesté et contestable ? Mais n’est-ce pas l’élection qui conduisit Adolphe Hitler à la tête de l’Autriche ? Combien de fois dans l’Histoire le peuple se sera-t-il trompé ou laissé tromper ? Que d’horreurs et de grandeurs auront été menées en son nom, avec ou sans sa participation ?

Il n’y a certainement pas de système politique idéal. Et, avec Wilson Churchill, il nous faut certainement reconnaître que « la démocratie est le moins pire » que nous ayons inventé jusqu’alors.

Reste à s’interroger sur la manière de sans cesse l’améliorer.

Par de nouvelles pratiques, certainement.

Mais avant tout, par une éducation politique du peuple.

Une éducation populaire, qui retrouverait –alors- sa véritable raison d’être.

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Il y a dans l’idéal républicain, l’idée de donner au peuple des citoyens le pouvoir d’agir et de décider de la « chose publique ». L’exemple embelli de l’agora athénienne sert alors de modèle mythique pour revendiquer la participation de tous à la délibération collective et directe. D’internet au référendum, un nouveau modèle se cherche. Loin d’être exempt de tous défauts, il a au moins le mérite de réinterroger les formes démocratiques actuelles.

D’un côté, il y a la démultiplication des conseils (de jeunes, de quartiers, d’habitants, …) visant à mieux représenter, au plus près de leurs réalités quotidiennes des catégories ou des portions de la population.

De l’autre, une injonction à faire participer le plus grand nombre, à refaire peuple et à développer une citoyenneté active, s’exerçant au-delà des seules périodes d’élections.

Dans les deux cas, il s’agit –a minima- de réinterroger les dysfonctionnements d’une démocratie représentative flirtant souvent à la limite de l’oligarchie, voire de chercher à lui substituer un nouveau modèle renouant avec les vertus démocratiques.

Lors de la première élection du président Obama, certains ont pu penser (et même dire et écrire) que les réseaux sociaux étaient dorénavant la nouvelle agora moderne et qu’ils seraient dorénavant le lieu de fabrication et d’exercice du pouvoir politique. Les printemps dits arabes ont démontré depuis que, si les réseaux sociaux sont un formidable vecteur de diffusion et de mobilisation, c’est encore dans un rapport de force de la rue et des urnes que se joue l’essentiel de l’avènement et du développement de la démocratie ou non.

La consultation du peuple grec alimente également le débat. Nos voisins suisses qui usent –et, parfois, abusent-  des référendum, sont témoins régulièrement des aberrations que peut porter une majorité populaire. Certes on comprend bien la volonté de redonner le pouvoir au peuple, telle que Rousseau pouvait l’exprimer dans le Contrat social :

« LA SOUVERAINETE ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le Peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. »  (Rousseau, Du contrat social, livre III, chapitre 15)

Mais ne nous y trompons pas. Il peut, aussi facilement, y avoir de la manipulation, tant dans les modes représentatifs que dans les démarches participatives. N’est-ce pas suite à un référendum devenu plébiscite que Louis-Napoléon Bonaparte s’est autorisé le coup d’Etat qui devait faire de lui un empereur contesté et contestable ? Mais n’est-ce pas l’élection qui conduisit Adolphe Hitler à la tête de l’Autriche ? Combien de fois dans l’Histoire le peuple se sera-t-il trompé ou laissé tromper ? Que d’horreurs et de grandeurs auront été menées en son nom, avec ou sans sa participation ?

Il n’y a certainement pas de système politique idéal. Et, avec Wilson Churchill, il nous faut certainement reconnaître que « la démocratie est le moins pire » que nous ayons inventé jusqu’alors.

Reste à s’interroger sur la manière de sans cesse l’améliorer.

Par de nouvelles pratiques, certainement.

Mais avant tout, par une éducation politique du peuple.

Une éducation populaire, qui retrouverait –alors- sa véritable raison d’être.