« L’apprentissage est un métissage »

« Je tiens à l’idée du métissage, qui est très profondément inscrite en nous. Nous sommes tous des métis ». En revenant sur l’élaboration de sa philosophie, Michel Serres, décrit les personnages qui composent sa réflexion. Parmi ceux-ci, le Tiers-instruit est « le troubadour de la connaissance » (comme l’ont bien compris les Anglais en le traduisant par The Troubadour of Knowledge). En permanence en déséquilibre, traversant entre les deux rives du fleuve, à la fois Pierrot et Arlequin, il symbolise la conception de l’éducation du philosophe.


Quelques idées fortes font sens lorsqu’on relit et relie les différentes approches que Michel Serres a développées sur l’Education et qui l’ont conduit en plus d’un demi-siècle d’enseignement, de recherches, de publications jusqu’à « Petite Poucette ».

Le mélange d’abord, ce métissage auquel il tient tant qui fait que chaque apprentissage nouveau fait de nous un être différent, augmenté, métissé, qui devient –un peu- ce qu’il apprend. Losanges multicolores du costume d’Arlequin qui font un tout malgré leurs différences et qui en fusionnant donneraient –paradoxe du mélange de toutes les couleurs de la lumière- le blanc de l’habit de Pierrot.

Le déséquilibre ensuite. Celui du marcheur qui l’accepte pour pouvoir avancer. Du gardien ou du joueur de tennis, prêt à intervenir dans tous les angles, toutes les directions, ne sachant pas à priori d’où doit venir la balle ou le ballon. C’est la position de l’inventeur, instable… « métastable » affirme volontiers le philosophe, parce que l’apprenant, le découvreur anticipe et se met en posture de faire advenir le savoir nouveau, la découverte nouvelle.

Le passeur enfin. Infatigable nageur qui ne cesse de relier les deux rives du fleuve, de faire des liens, de mettre en synergie ce qu’il a vu ici, ce qu’il apprend là, ce qu’il anticipe ailleurs. L’alpiniste qui franchit un col (ce qui n’est pas sans rappeler l’image de la naissance), relie deux vallées, deux univers dont il se nourrit et qu’à son tour, il transmet. Celui qui fait réseau.


De ces expériences de l’apprentissage, chacun, tout à tour ou concomitamment, transmetteur et receveur, nous sortons grandi, enrichi, métissé, conduit au-delà de nous-même : en un mot éduquer

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« Je tiens à l’idée du métissage, qui est très profondément inscrite en nous. Nous sommes tous des métis ». En revenant sur l’élaboration de sa philosophie, Michel Serres, décrit les personnages qui composent sa réflexion. Parmi ceux-ci, le Tiers-instruit est « le troubadour de la connaissance » (comme l’ont bien compris les Anglais en le traduisant par The Troubadour of Knowledge). En permanence en déséquilibre, traversant entre les deux rives du fleuve, à la fois Pierrot et Arlequin, il symbolise la conception de l’éducation du philosophe.


Quelques idées fortes font sens lorsqu’on relit et relie les différentes approches que Michel Serres a développées sur l’Education et qui l’ont conduit en plus d’un demi-siècle d’enseignement, de recherches, de publications jusqu’à « Petite Poucette ».

Le mélange d’abord, ce métissage auquel il tient tant qui fait que chaque apprentissage nouveau fait de nous un être différent, augmenté, métissé, qui devient –un peu- ce qu’il apprend. Losanges multicolores du costume d’Arlequin qui font un tout malgré leurs différences et qui en fusionnant donneraient –paradoxe du mélange de toutes les couleurs de la lumière- le blanc de l’habit de Pierrot.

Le déséquilibre ensuite. Celui du marcheur qui l’accepte pour pouvoir avancer. Du gardien ou du joueur de tennis, prêt à intervenir dans tous les angles, toutes les directions, ne sachant pas à priori d’où doit venir la balle ou le ballon. C’est la position de l’inventeur, instable… « métastable » affirme volontiers le philosophe, parce que l’apprenant, le découvreur anticipe et se met en posture de faire advenir le savoir nouveau, la découverte nouvelle.

Le passeur enfin. Infatigable nageur qui ne cesse de relier les deux rives du fleuve, de faire des liens, de mettre en synergie ce qu’il a vu ici, ce qu’il apprend là, ce qu’il anticipe ailleurs. L’alpiniste qui franchit un col (ce qui n’est pas sans rappeler l’image de la naissance), relie deux vallées, deux univers dont il se nourrit et qu’à son tour, il transmet. Celui qui fait réseau.


De ces expériences de l’apprentissage, chacun, tout à tour ou concomitamment, transmetteur et receveur, nous sortons grandi, enrichi, métissé, conduit au-delà de nous-même : en un mot éduquer