La (très) grande histoire de la Comédie française

« Il existe donc un théâtre qui ne disparaît pas quand changent les ministères, une institution d’art qui traverse les temps inlassablement attachée aux trois principes qui l’ont sauvée dans les moments les plus difficiles de sa vie, et qu’il faut, contre toutes les tentations défendre : la Troupe, l’Alternance, le Répertoire », c’est ainsi qu’Antoine Vitez définissait la Comédie française.

Dans cette somme d’Hélène Tierchant et de Gérard Watelet, aux photos extraordianaires d’acteurs, de metteurs en scène, de scènes et de coulisses, plongez dans l’histoire, la très grande et belle histoire de ce sublime théâtre.

Bien évidemment, la Comédie française est la maison de Molière, il y joua avec sa troupe L’illustre théâtre ses pièces les plus célèbres : Tartuffe, Le Bourgeois gentilhomme et Le Malade imaginaire. Depuis 1821, il est de tradition d’y fêter la naissance de Molière. Ainsi, chaque 15 janvier, après la représentation du soir, le buste du dramaturge est porté sur la scène et tous les comédiens viennent lui rendre hommage.

Longtemps ce métier de comédien sera déconsidéré, les prêtres leur refusent l’extrême-onction si les comédiens ne jurent pas d’abandonner leur métier. Si voltaire a pris leur défense, Rousseau n’hésitait pas à comparer le métier de comédien à la prostitution…

Un siècle après la mort de Molière, le théâtre français traverse une période difficile face au succès de la Comédie italienne. Puis, en 1789, le Théâtre français prouve son conservatisme en refusant les pièces d’Olympe de Gouges car il ne faut pas montrer de personnes noires sur scène…Napoléon, amateur de théâtre, soutient le théâtre français mais exerce aussi une censure impitoyable. Si l’Empire est une période financièrement faste pour le Théâtre français, le bilan artistique est affligeant. Pendant la Restauration, le politiquement correct, le bien-pensant et le « bon goût » provoquent des ravages catatasrophiques! Il faut attendre les Romantiques pour que la salle Richelieu soit, enfin à l’avant-garde de l’art dramatique.

La troupe du Français se distingue surtout par le talent exceptionnel de ses vedettes féminines, aux XIXe et XXe siècles : on pense à Mademoiselle Rachel et à la voix d’or de Sarah Bernhardt, qui fait ses débuts en 1862.

Mais la programmation reste en profond décalage avec la réalité. Les mises en scène prudentes et conformistes se multiplient. Enfin, il faudra attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que les grands noms tels que Guitry et Cocteau, se succèdent, et avec eux, l’audace et le succès.

Dès son entrée en fonction, en 1936, Jean Zay annonce la couleur : « Les beaux-arts sont la récompense et la couronne de l’Éducation nationale, et le théâtre en est le plus brillant fleuron. » La France va rattraper son retard artistique, les metteurs en scène illustrent se succèdent, tels que Dullin, Copeau, Jouvet, Baty : ce sont tous des militants d’un théâtre de qualité. Puis, la censure et les loi antiraciales sont mises en place, la Salle Richelieu accueille en 1941, le Schiller Theater de Berlin. Mais en dépit de la censure et des difficultés matérielles, l’Occupation fut une période d’intense activité pendant laquelle Jean-Louis Barrault fait ses débuts, en tant qu’acteur et metteur en scène. C’est au plus noir de l’Occupation que la Comédie française vivra une de ses pages les plus glorieuses de son histoire avec la crétaion du Soulier de Satin de Paul Claudel.

Puis les grands noms sont sur scène ou en coulisses : Jean Marais, Annie Girardot, Maria Casarès, Jean Piat, Michel Duchaussoy, Jeant-Laurent Cochet, Robert Hirsch; Isabelle Adjani y fait ses débuts… Vitez entre comme metteur en scène et Brecht entre au répertoire. C’est l’époque de la créativité et de la création.

Aujourd’hui les noms de Torreton, Podalydès, Hiegel, Galienne sont indissociables de la Comédie française. Le théâtre se tourne vers l’Europe et la modernité, c’est un théâtre qui est toujours engagé et dont le succès ne se dément pas, à l’exemple du succès populaire d’Un fil à la patte, depuis 2010, un bijou, « où tout est là, et parfait » selon les mots de Philippe Tesson.

La Comédie française aura su conserver son âme d’un théâtre populaire exigeant, intelligent et créatif.

Hélène Tierchant, Gérard Watelet, La grande histoire de la comédie française, Ed. Télémaque, 76 €, 2012, livret + DVD, 500 photos.

 

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« Il existe donc un théâtre qui ne disparaît pas quand changent les ministères, une institution d’art qui traverse les temps inlassablement attachée aux trois principes qui l’ont sauvée dans les moments les plus difficiles de sa vie, et qu’il faut, contre toutes les tentations défendre : la Troupe, l’Alternance, le Répertoire », c’est ainsi qu’Antoine Vitez définissait la Comédie française.

Dans cette somme d’Hélène Tierchant et de Gérard Watelet, aux photos extraordianaires d’acteurs, de metteurs en scène, de scènes et de coulisses, plongez dans l’histoire, la très grande et belle histoire de ce sublime théâtre.

Bien évidemment, la Comédie française est la maison de Molière, il y joua avec sa troupe L’illustre théâtre ses pièces les plus célèbres : Tartuffe, Le Bourgeois gentilhomme et Le Malade imaginaire. Depuis 1821, il est de tradition d’y fêter la naissance de Molière. Ainsi, chaque 15 janvier, après la représentation du soir, le buste du dramaturge est porté sur la scène et tous les comédiens viennent lui rendre hommage.

Longtemps ce métier de comédien sera déconsidéré, les prêtres leur refusent l’extrême-onction si les comédiens ne jurent pas d’abandonner leur métier. Si voltaire a pris leur défense, Rousseau n’hésitait pas à comparer le métier de comédien à la prostitution…

Un siècle après la mort de Molière, le théâtre français traverse une période difficile face au succès de la Comédie italienne. Puis, en 1789, le Théâtre français prouve son conservatisme en refusant les pièces d’Olympe de Gouges car il ne faut pas montrer de personnes noires sur scène…Napoléon, amateur de théâtre, soutient le théâtre français mais exerce aussi une censure impitoyable. Si l’Empire est une période financièrement faste pour le Théâtre français, le bilan artistique est affligeant. Pendant la Restauration, le politiquement correct, le bien-pensant et le « bon goût » provoquent des ravages catatasrophiques! Il faut attendre les Romantiques pour que la salle Richelieu soit, enfin à l’avant-garde de l’art dramatique.

La troupe du Français se distingue surtout par le talent exceptionnel de ses vedettes féminines, aux XIXe et XXe siècles : on pense à Mademoiselle Rachel et à la voix d’or de Sarah Bernhardt, qui fait ses débuts en 1862.

Mais la programmation reste en profond décalage avec la réalité. Les mises en scène prudentes et conformistes se multiplient. Enfin, il faudra attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que les grands noms tels que Guitry et Cocteau, se succèdent, et avec eux, l’audace et le succès.

Dès son entrée en fonction, en 1936, Jean Zay annonce la couleur : « Les beaux-arts sont la récompense et la couronne de l’Éducation nationale, et le théâtre en est le plus brillant fleuron. » La France va rattraper son retard artistique, les metteurs en scène illustrent se succèdent, tels que Dullin, Copeau, Jouvet, Baty : ce sont tous des militants d’un théâtre de qualité. Puis, la censure et les loi antiraciales sont mises en place, la Salle Richelieu accueille en 1941, le Schiller Theater de Berlin. Mais en dépit de la censure et des difficultés matérielles, l’Occupation fut une période d’intense activité pendant laquelle Jean-Louis Barrault fait ses débuts, en tant qu’acteur et metteur en scène. C’est au plus noir de l’Occupation que la Comédie française vivra une de ses pages les plus glorieuses de son histoire avec la crétaion du Soulier de Satin de Paul Claudel.

Puis les grands noms sont sur scène ou en coulisses : Jean Marais, Annie Girardot, Maria Casarès, Jean Piat, Michel Duchaussoy, Jeant-Laurent Cochet, Robert Hirsch; Isabelle Adjani y fait ses débuts… Vitez entre comme metteur en scène et Brecht entre au répertoire. C’est l’époque de la créativité et de la création.

Aujourd’hui les noms de Torreton, Podalydès, Hiegel, Galienne sont indissociables de la Comédie française. Le théâtre se tourne vers l’Europe et la modernité, c’est un théâtre qui est toujours engagé et dont le succès ne se dément pas, à l’exemple du succès populaire d’Un fil à la patte, depuis 2010, un bijou, « où tout est là, et parfait » selon les mots de Philippe Tesson.

La Comédie française aura su conserver son âme d’un théâtre populaire exigeant, intelligent et créatif.

Hélène Tierchant, Gérard Watelet, La grande histoire de la comédie française, Ed. Télémaque, 76 €, 2012, livret + DVD, 500 photos.