Analyses et décryptages

La technologie au collège : une mutation permanente

C’est sans aucun doute la discipline du collège ayant le plus évolué depuis 30 ans. Les plus ancien·ne·s d’entre nous se souviendront d’un porte-clés lumineux ou d’un testeur de continuité réalisé pendant ces cours. Sans offenser quiconque, c’est un véritable archaïsme et le révélateur de cette évolution rapide.

Entretien avec Dominique Nibart représentant de l’ASSETEC (Association nationale pour l’enseignement de la technologie)

  • Pourquoi tant de changements ?

En tout premier lieu, du fait des évolutions technologiques et sociétales. Notre discipline est en prise directe avec cela, ce qui en fait sa richesse. L’arrivée du numérique a d’ailleurs profondément modifié le contenu des cours. Mais les changements ont été aussi d’ordre pédagogique avec une discipline de pointe dans ce domaine mais de ce fait, soumise à de très nombreux changements de programmes.

  • Aujourd’hui c’est quoi la technologie au collège ?

C’est une discipline au contact du concret avec des activités qui donnent du sens. Une discipline qui permet aux élèves de manipuler et de piloter des objets techniques. D’agir sur la matière aussi avec des activités de réalisation (ces dernières années avec le développement de l’impression 3D par exemple). C’est là aussi que les élèves vont faire preuve de créativité, travailler systématiquement  en équipe de 4 à 6, confronter leurs points de vue, utiliser des mathématiques appliquées, des sciences, s’exprimer à l’oral et à l’écrit. Ils gagnent ainsi en  autonomie en travaillant en groupe.

  • Les formations des personnels ont-elles suivi le rythme des évolutions de cette discipline ? (initiale et continue)

Hélas non, c’est le gros point faible. Le nombre de places au concours a sérieusement chuté voire quasiment disparu. Les professeurs contractuels sont mis devant les élèves sans réelle formation (au mieux 3 journées, parfois moins et rarement plus). La formation continue est également sacrifiée et devient de plus en plus effectuée en distanciel, ce qui n’est pas du tout adapté à notre discipline.

  • La précédente réforme du collège avait créé des blocs sciences (SVT, Physique-Chimie et Technologie) en 6ème. Comment était-elle appliquée depuis ?

De diverses manières avec beaucoup de combinaisons différentes. Certains collèges ont choisi un partage équitable de l’horaire (4 heures). D’autres non, avec une discipline n’apparaissant pas, celle-ci étant alors plus ou moins assurée par les autres professeurs. D’autres encore ont mis en place l’enseignement intégré de science et technologie (EIST), là aussi de différentes manières.

  • Au niveau pédagogique, que pensez-vous des annonces récentes du ministère concernant la suppression de la technologie en sixième et un futur renforcement dans le cycle 4 ?

A la vue des réactions des communautés éducatives mais aussi scientifiques et technologiques, il s’agit là d’une grave erreur d’appréciation, d’une méconnaissance totale du terrain, d’un mépris des élèves et des enseignants, d’une rupture de la continuité de cet enseignement avec le primaire. En sixième, les élèves découvrent le collège et notamment les équipements spécifiques du laboratoire de technologie, pour réinvestir leurs usages dans le cycle 4.

  • Le ministère évoque la participation de ces enseignants aux heures de soutien en mathématiques ou au dispositif devoirs faits bientôt obligatoire à ce niveau. Ces déclarations font-elles sens de votre point de vue ?

Absolument pas puisque nos élèves font bien évidemment des mathématiques et du français dans nos cours. Ils calculent, ils lisent, ils analysent, ils rédigent, et nous donnons du sens à toutes ces notions.

  • Dans quel état d’esprit sont vos collègues après cette série d’annonces dans la presse ?

Ils ont d’abord été consternés, surtout du fait des déclarations politiques insistant sur la réindustrialisation du pays. Puis en colère et enfin aujourd’hui fortement mobilisés.

 

L’UNSA Éducation soutient les différentes initiatives lancées depuis l’annonce dans la presse de la suppression de la technologie en classe de 6ème et demande au ministère de revenir sur cette annonce.

 

A lire sur le même sujet : 

Le SE-Unsa et l’intersyndicale collège s’opposent à la suppression de la technologie en 6ème

La pétition mise en ligne par les principales associations d’enseignants de technologie

Classe de sixième : annonces dans la presse et mépris des personnels

Supprimer la technologie en sixième est inacceptable

Non à la fin de la technologie en 6ème !

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales