La sécurité pour encore mieux Éduquer

La sécurité est l’un des soucis majeurs de cette rentrée, au risque même de masquer d’autres aspects plus éducatifs. Encore que les questions de sécurité ne peuvent être tout à fait déconnectées de la question d’éducation, tant un endroit sûr est une des conditions de la réussite éducative.

La sécurité est l’un des soucis majeurs de cette rentrée, au risque même de masquer d’autres aspects plus éducatifs. Encore que les questions de sécurité ne peuvent être tout à fait déconnectées de la question d’éducation, tant un endroit sûr est une des conditions de la réussite éducative.

Dans le contexte des attentats que nous connaissons, le risque zéro n’existe pas. Il ne peut être exclu qu’après s’en être pris à la liberté d’expression, à la culture, à l’art de vivre et de faire la fête, des assassins fous et fanatisés s’attaquent au droit d’apprendre, d’exercer son esprit critique et de s’émanciper dont les lieux d’éducation sont les représentants et les symboles.

Il faut donc protéger les écoles, les établissements scolaires, les universités et plus globalement toutes les structures éducatives. Il faut y assurer autant de sécurité possible sans en faire des lieux fermés, repliés sur eux-mêmes, coupés du monde.

Les murs qui protègent les cours d’école ne doivent ni les isoler, ni les bunkeriser. Les partenaires éducatifs, les intervenants, les parents doivent continuer à y avoir leur place, dans une Ecole ouverte et coéducative.

Quadrature du cercle que de sécuriser sans renoncer à l’ouverture, de protéger sans s’enfermer.

C’est pourtant à cet enjeu essentiel qu’est appelé l’ensemble de la communauté éducative et pour lequel elle doit être formée et accompagnée.
Renoncer à l’un serait irresponsable. Céder sur l’autre serait un abandon et donc une défaite.

Développer une « culture de la sécurité » ne se résume pas à simuler trois fois par an un exercice visant à agir « comme si… » et s’apparentant à un jeu. La responsabilisation de toutes et tous par le dialogue, l’échange, la mutualisation des bonnes idées, la compréhension de ce que l’on doit faire et pourquoi.

Bien entendu cela nécessite une adaptation à l’âge des enfants, des jeunes, des élèves. Mais n’est-ce pas là le propre de tout acte éducatif ?

Plus attentifs aux risques et donc aux mesures de sécurité qui s’imposent, les lieux d’éducation doivent –plus encore peut-être- assumer leur mission éducative.

« Oui enseigner après les attentats, pour enseigner contre les attentats, c’est possible« , affirme Philippe Meirieu, dans son dernier ouvrage (*), avant de conclure « Il nous faut surmonter pour y parvenir bien des tentations : le découragement, le schématisme, le fatalisme, l’excommunication et la dérision. Il nous fait prendre notre part d’un problème qui nous dépasse« .

L’ambition est celle-ci. Ne rien prendre à la légère, ne pas renoncer et aborder lucidement et collectivement une situation complexe.

Les élèves, les enfants, les jeunes sont eux-mêmes en capacité d’en comprendre les éléments essentiels. Plus les structures d’éducation seront pour eux des lieux qui leur permettent de s’assurer et de se rassurer, d’être reconnus et valorisés, d’avoir une place et un accompagnement bienveillant, plus ils se sentiront mobilisés pour accéder aux savoirs et plus ils veilleront à la protection de ces lieux.

Alors oui, il faut certainement ici des vigiles, là des portiques. Il faut des exercices et des formations. Il faut davantage d’adultes et des procédures d’urgence…

En plus de tout cela, il faut surtout et avant tout mettre davantage d’ambition et de moyens dans l’ensemble des démarches éducatives qui permettent, pour reprendre les mots de Philippe Meirieu, « de préparer un monde où nos enfants pourront ensemble s’efforcer de « faire société » plutôt que s’entre tuer ».

Assurer aujourd’hui la sécurité des structures d’éducation s’inscrit dans la volonté de construire pour demain un monde plus sûr, parce plus juste, plus solidaire, plus fraternel, plus humaniste : un monde de paix.

 

Denis Adam, le 7 septembre 2016

 

(*)Philippe Meirieu, Eduquer après les attentats, ESF Sciences humaines, 255 pages, ISBN 978-2-7101-3175-5

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La sécurité est l’un des soucis majeurs de cette rentrée, au risque même de masquer d’autres aspects plus éducatifs. Encore que les questions de sécurité ne peuvent être tout à fait déconnectées de la question d’éducation, tant un endroit sûr est une des conditions de la réussite éducative.

Dans le contexte des attentats que nous connaissons, le risque zéro n’existe pas. Il ne peut être exclu qu’après s’en être pris à la liberté d’expression, à la culture, à l’art de vivre et de faire la fête, des assassins fous et fanatisés s’attaquent au droit d’apprendre, d’exercer son esprit critique et de s’émanciper dont les lieux d’éducation sont les représentants et les symboles.

Il faut donc protéger les écoles, les établissements scolaires, les universités et plus globalement toutes les structures éducatives. Il faut y assurer autant de sécurité possible sans en faire des lieux fermés, repliés sur eux-mêmes, coupés du monde.

Les murs qui protègent les cours d’école ne doivent ni les isoler, ni les bunkeriser. Les partenaires éducatifs, les intervenants, les parents doivent continuer à y avoir leur place, dans une Ecole ouverte et coéducative.

Quadrature du cercle que de sécuriser sans renoncer à l’ouverture, de protéger sans s’enfermer.

C’est pourtant à cet enjeu essentiel qu’est appelé l’ensemble de la communauté éducative et pour lequel elle doit être formée et accompagnée.
Renoncer à l’un serait irresponsable. Céder sur l’autre serait un abandon et donc une défaite.

Développer une « culture de la sécurité » ne se résume pas à simuler trois fois par an un exercice visant à agir « comme si… » et s’apparentant à un jeu. La responsabilisation de toutes et tous par le dialogue, l’échange, la mutualisation des bonnes idées, la compréhension de ce que l’on doit faire et pourquoi.

Bien entendu cela nécessite une adaptation à l’âge des enfants, des jeunes, des élèves. Mais n’est-ce pas là le propre de tout acte éducatif ?

Plus attentifs aux risques et donc aux mesures de sécurité qui s’imposent, les lieux d’éducation doivent –plus encore peut-être- assumer leur mission éducative.

« Oui enseigner après les attentats, pour enseigner contre les attentats, c’est possible« , affirme Philippe Meirieu, dans son dernier ouvrage (*), avant de conclure « Il nous faut surmonter pour y parvenir bien des tentations : le découragement, le schématisme, le fatalisme, l’excommunication et la dérision. Il nous fait prendre notre part d’un problème qui nous dépasse« .

L’ambition est celle-ci. Ne rien prendre à la légère, ne pas renoncer et aborder lucidement et collectivement une situation complexe.

Les élèves, les enfants, les jeunes sont eux-mêmes en capacité d’en comprendre les éléments essentiels. Plus les structures d’éducation seront pour eux des lieux qui leur permettent de s’assurer et de se rassurer, d’être reconnus et valorisés, d’avoir une place et un accompagnement bienveillant, plus ils se sentiront mobilisés pour accéder aux savoirs et plus ils veilleront à la protection de ces lieux.

Alors oui, il faut certainement ici des vigiles, là des portiques. Il faut des exercices et des formations. Il faut davantage d’adultes et des procédures d’urgence…

En plus de tout cela, il faut surtout et avant tout mettre davantage d’ambition et de moyens dans l’ensemble des démarches éducatives qui permettent, pour reprendre les mots de Philippe Meirieu, « de préparer un monde où nos enfants pourront ensemble s’efforcer de « faire société » plutôt que s’entre tuer ».

Assurer aujourd’hui la sécurité des structures d’éducation s’inscrit dans la volonté de construire pour demain un monde plus sûr, parce plus juste, plus solidaire, plus fraternel, plus humaniste : un monde de paix.

 

Denis Adam, le 7 septembre 2016

 

(*)Philippe Meirieu, Eduquer après les attentats, ESF Sciences humaines, 255 pages, ISBN 978-2-7101-3175-5