La mixité des territoires

Le Premier ministre a parlé d’ « apartheid social, éthique et territorial ». Les mots sont forts –trop peut-être- et peuvent faire débat. Il n’en demeure pas moins que la réalité est là. Bien connue de ceux qui la vivent au quotidien et des professionnels qui agissent (ou tentent d’agir) dans certains territoires. L’Ecole, l’Education ne peut pas tout. L’enjeu nécessite la mobilisation de toute la société. Pourtant, on ne peut dédouaner la responsabilité éducative et donc les réponses qui doivent être apportées aussi dans le domaine de l’Education.

La nécessité d’une approche globale


Après le « tous ensemble » silencieux et respectueux des rassemblements et des marches du 11 janvier. On aurait aimé un « tous ensemble » des paroles et des actes ministériels. Certes le Président de la République et le premier ministre ont parfaitement joué leurs rôles et tenu leurs places. Mais c’est chacun de son côté que les Ministres après avoir réunis, consultés, sollicités –séparément- ont fait leurs annonces.

Il ne s’agit pas ici d’agiter une nouvelle fois la promesse non tenue de François Hollande d’un « grand pôle éducatif » comme un grigri remède à tous les maux. Mais s’il y a bien une occasion ou la cohérence gouvernementale s’imposait comme reflet de la cohésion nationale, c’était bien ces derniers jours.

Il y aurait eu du sens à ce que conjointement les ministres en charge de l’éducation nationale, de l’ESR, de la jeunesse, de l’éducation populaire, de la ville, de la culture (pour ne citer que ceux-là) travaillent et annoncent ensemble comment ils comptent mobiliser leurs actions, leurs budgets, leurs personnels, leurs orientations pour conjointement agir sur ces territoires de l’exclusion, de l’enfermement, de la ghettoïsation. Il y aurait eu du sens à ce que les associations d’élus des collectivités territoriales de toute taille, de toute couleur politique, de tout échelon administratif dépassent les querelles de découpage, de prérogative, de nombre d’élus… pour mutualiser leurs forces au service d’une réelle démarche de mixité des territoires.

A défaut de cette approche collective nationale, c’est sur le terrain lui-même que cette réponse devra se construire avec tous les acteurs.

 

Réinterroger, renforcer et mobiliser l’existant

Le premier impératif –avant d’inventer d’autres dispositifs- est de mobiliser l’existant, éventuellement en le renforçant et en le réinterrogeant partout où cela est nécessaire.

Par son association avec le fond d’amorçage pour les rythmes scolaires, le Projet éducatif de territoire (PEDT) est quasiment devenu obligatoire, formidable occasion pour en faire un véritable outil de co-construction et de mise en œuvre de politiques éducatives ambitieuses sur tous les territoires. La réflexion puis la mise en place –même progressive- de ces projets peuvent être des leviers pour penser l’éducatif plus largement, plus globalement, pour y restructurer la place des intercommunalités, des départements, pour y proposer des réponses associatives coordonnées et mises en réseaux… En un mot, pour dépasser le chacun pour soi, chacun chez soi.

Le volet éducatif de la politique de la ville aussi doit être réinterrogé. Comment faire plus de cohérence avec d’autres approches, d’autres acteurs, les territoires voisins, les projets éducatifs des territoires … ? Comment permettre une articulation entre apports spécifiques et droits communs ? Comment agit local tout en enfermant pas dans des zones spécifiques et isolées.

La carte scolaire peut aussi être mobilisée –la ministre de l’éducation nationale a annoncée qu’elle le serait- mais cela signifie de cesser de mettre en concurrence les établissements, de valoriser les réussites davantage que les échecs, de stabiliser, formes, accompagner, aider les équipes, agir avec et auprès des parents.

Ce qui est en jeu, relève d’un projet de société. L’action éducative ne peut en être qu’une des dimensions. La mobilisation doit donc être politique et non politicienne. La priorité donnée aux territoires mérite de dépasser les clivages et construire la mixité, les mixités (sociales, culturelles…) de demain.

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Le Premier ministre a parlé d’ « apartheid social, éthique et territorial ». Les mots sont forts –trop peut-être- et peuvent faire débat. Il n’en demeure pas moins que la réalité est là. Bien connue de ceux qui la vivent au quotidien et des professionnels qui agissent (ou tentent d’agir) dans certains territoires. L’Ecole, l’Education ne peut pas tout. L’enjeu nécessite la mobilisation de toute la société. Pourtant, on ne peut dédouaner la responsabilité éducative et donc les réponses qui doivent être apportées aussi dans le domaine de l’Education.

La nécessité d’une approche globale


Après le « tous ensemble » silencieux et respectueux des rassemblements et des marches du 11 janvier. On aurait aimé un « tous ensemble » des paroles et des actes ministériels. Certes le Président de la République et le premier ministre ont parfaitement joué leurs rôles et tenu leurs places. Mais c’est chacun de son côté que les Ministres après avoir réunis, consultés, sollicités –séparément- ont fait leurs annonces.

Il ne s’agit pas ici d’agiter une nouvelle fois la promesse non tenue de François Hollande d’un « grand pôle éducatif » comme un grigri remède à tous les maux. Mais s’il y a bien une occasion ou la cohérence gouvernementale s’imposait comme reflet de la cohésion nationale, c’était bien ces derniers jours.

Il y aurait eu du sens à ce que conjointement les ministres en charge de l’éducation nationale, de l’ESR, de la jeunesse, de l’éducation populaire, de la ville, de la culture (pour ne citer que ceux-là) travaillent et annoncent ensemble comment ils comptent mobiliser leurs actions, leurs budgets, leurs personnels, leurs orientations pour conjointement agir sur ces territoires de l’exclusion, de l’enfermement, de la ghettoïsation. Il y aurait eu du sens à ce que les associations d’élus des collectivités territoriales de toute taille, de toute couleur politique, de tout échelon administratif dépassent les querelles de découpage, de prérogative, de nombre d’élus… pour mutualiser leurs forces au service d’une réelle démarche de mixité des territoires.

A défaut de cette approche collective nationale, c’est sur le terrain lui-même que cette réponse devra se construire avec tous les acteurs.

 

Réinterroger, renforcer et mobiliser l’existant

Le premier impératif –avant d’inventer d’autres dispositifs- est de mobiliser l’existant, éventuellement en le renforçant et en le réinterrogeant partout où cela est nécessaire.

Par son association avec le fond d’amorçage pour les rythmes scolaires, le Projet éducatif de territoire (PEDT) est quasiment devenu obligatoire, formidable occasion pour en faire un véritable outil de co-construction et de mise en œuvre de politiques éducatives ambitieuses sur tous les territoires. La réflexion puis la mise en place –même progressive- de ces projets peuvent être des leviers pour penser l’éducatif plus largement, plus globalement, pour y restructurer la place des intercommunalités, des départements, pour y proposer des réponses associatives coordonnées et mises en réseaux… En un mot, pour dépasser le chacun pour soi, chacun chez soi.

Le volet éducatif de la politique de la ville aussi doit être réinterrogé. Comment faire plus de cohérence avec d’autres approches, d’autres acteurs, les territoires voisins, les projets éducatifs des territoires … ? Comment permettre une articulation entre apports spécifiques et droits communs ? Comment agit local tout en enfermant pas dans des zones spécifiques et isolées.

La carte scolaire peut aussi être mobilisée –la ministre de l’éducation nationale a annoncée qu’elle le serait- mais cela signifie de cesser de mettre en concurrence les établissements, de valoriser les réussites davantage que les échecs, de stabiliser, formes, accompagner, aider les équipes, agir avec et auprès des parents.

Ce qui est en jeu, relève d’un projet de société. L’action éducative ne peut en être qu’une des dimensions. La mobilisation doit donc être politique et non politicienne. La priorité donnée aux territoires mérite de dépasser les clivages et construire la mixité, les mixités (sociales, culturelles…) de demain.