La laïcité est-elle compatible avec la philosophie du « en même temps » ?

Cette semaine a permis à deux reprises d’en savoir davantage sur la conception de la laïcité défendue par le Président de la République et son gouvernement.

Lors d’une visite officielle au Vatican, Emmanuel Macron a prononcé un discours sur les liens entre la France et la religion catholique, puis est revenu lors d’une conférence de presse sur ce sujet. Au même moment, l’Assemblée votait, dans le cadre du projet de loi « pour un État au service d’une société de confiance » le retrait des associations cultuelles et religieuses de la liste des lobbies, causant une entorse dommageable au principe laïque.

Dans les deux cas, c’est une conception pour le moins contradictoire de la laïcité qui est mise en avant : peut-on défendre l’idée laïque et «en même temps » valoriser à outrance l’héritage religieux de la France, et plus encore les liens intangibles entre la République et la religion catholique ?

La religion partout dans la société

Lors de son discours, Emmanuel Macron, tout en reconnaissant fermement la séparation de l’Église et de l’État comme principe intangible de la République, a surtout insisté sur l’importance de la religion catholique dans l’histoire et les traditions dans notre pays. Cette survalorisation s’accompagne d’une pensée philosophique où le président affirme que toutes et tous nous « avons anthropologiquement, ontologiquement, métaphysiquement besoin » de religion. Le discours s’inscrit dans le principe revendiqué du « en même temps » macronie : s’il faut être laïque, il faut être en même temps porté sur la religion !

Un accommodement en contradiction avec le principe laïque

Une telle philosophie n’est pas simplement une façon de voir le monde. Elle entraîne des positionnements politiques qui rendent plus fragiles la laïcité. Ainsi, l’Assemblée nationale a retiré les associations religieuses et cultuelles de la liste des lobbies cette semaine. Une société de confiance (c’est l’intitulé de cette loi) passe-t-elle par des mesures législatives bien accommodantes avec les religions ? Nous pouvons en douter. Cette disposition législative affaiblit le principe laïque, et offre des libertés aux religions sans réelle contrepartie.

Défendre de pied ferme la laïcité

Pour l’UNSA Éducation, la laïcité est une valeur de la République qui assure le droit à la liberté de conscience et doit garantir la liberté d’expression. Elle constitue une garantie d’égalité et d’émancipation de l’individu. Elle permet surtout le rejet de tout dogmatisme, de quelque nature qu’il soit, comme fondement des lois et des décisions publiques.

A contrario, pour le président de la République, il est nécessaire de maintenir le dialogue avec la religion catholique, même si celui-ci est déséquilibré et instable : il précise même que « ses deux jambes ne sont jamais tout à fait les mêmes : peut-être que parfois, ça claudique, d’autre fois ça court. » Une telle appréciation peut légitimement inquiéter.

Pour nous, la laïcité ne doit pas être face à ce dialogue instable et déséquilibré, où le « même temps » semble signifier « d’abord la religion, ensuite le reste… ». L’UNSA Éducation défend et défendra de pied ferme la laïcité, parce que c’est une des conditions essentielles pour parvenir à une société émancipatrice, plus juste et plus solidaire.

Sélectionnés pour vous
+ d’actualités nationales

Cette semaine a permis à deux reprises d’en savoir davantage sur la conception de la laïcité défendue par le Président de la République et son gouvernement.

Lors d’une visite officielle au Vatican, Emmanuel Macron a prononcé un discours sur les liens entre la France et la religion catholique, puis est revenu lors d’une conférence de presse sur ce sujet. Au même moment, l’Assemblée votait, dans le cadre du projet de loi « pour un État au service d’une société de confiance » le retrait des associations cultuelles et religieuses de la liste des lobbies, causant une entorse dommageable au principe laïque.

Dans les deux cas, c’est une conception pour le moins contradictoire de la laïcité qui est mise en avant : peut-on défendre l’idée laïque et «en même temps » valoriser à outrance l’héritage religieux de la France, et plus encore les liens intangibles entre la République et la religion catholique ?

La religion partout dans la société

Lors de son discours, Emmanuel Macron, tout en reconnaissant fermement la séparation de l’Église et de l’État comme principe intangible de la République, a surtout insisté sur l’importance de la religion catholique dans l’histoire et les traditions dans notre pays. Cette survalorisation s’accompagne d’une pensée philosophique où le président affirme que toutes et tous nous « avons anthropologiquement, ontologiquement, métaphysiquement besoin » de religion. Le discours s’inscrit dans le principe revendiqué du « en même temps » macronie : s’il faut être laïque, il faut être en même temps porté sur la religion !

Un accommodement en contradiction avec le principe laïque

Une telle philosophie n’est pas simplement une façon de voir le monde. Elle entraîne des positionnements politiques qui rendent plus fragiles la laïcité. Ainsi, l’Assemblée nationale a retiré les associations religieuses et cultuelles de la liste des lobbies cette semaine. Une société de confiance (c’est l’intitulé de cette loi) passe-t-elle par des mesures législatives bien accommodantes avec les religions ? Nous pouvons en douter. Cette disposition législative affaiblit le principe laïque, et offre des libertés aux religions sans réelle contrepartie.

Défendre de pied ferme la laïcité

Pour l’UNSA Éducation, la laïcité est une valeur de la République qui assure le droit à la liberté de conscience et doit garantir la liberté d’expression. Elle constitue une garantie d’égalité et d’émancipation de l’individu. Elle permet surtout le rejet de tout dogmatisme, de quelque nature qu’il soit, comme fondement des lois et des décisions publiques.

A contrario, pour le président de la République, il est nécessaire de maintenir le dialogue avec la religion catholique, même si celui-ci est déséquilibré et instable : il précise même que « ses deux jambes ne sont jamais tout à fait les mêmes : peut-être que parfois, ça claudique, d’autre fois ça court. » Une telle appréciation peut légitimement inquiéter.

Pour nous, la laïcité ne doit pas être face à ce dialogue instable et déséquilibré, où le « même temps » semble signifier « d’abord la religion, ensuite le reste… ». L’UNSA Éducation défend et défendra de pied ferme la laïcité, parce que c’est une des conditions essentielles pour parvenir à une société émancipatrice, plus juste et plus solidaire.